Auteur : Samuel Chérubini

Site de publication : Perspective Monde

Type de publication : Article

Date de publication : 22 janvier 2021

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La nouvelle première ministre du Togo a été nommée le 28 septembre 2020 par le président de la République, Faure Gnassingbé, une première dans l’histoire de ce pays africain.

L’arrivée de Victoire Tomegah Dogbé

Victoire Tomegah Dogbé succède à Komi Sélom Klassou à la tête du gouvernement togolais à la suite de la démission de celui-ci. Lors de l’élection présidentielle du 22 février 2020, le président sortant, Faure Gnassingbé, avait été réélu avec une très forte majorité, soit plus de 70 % des suffrages. Habituellement, la coutume est qu’à la suite d’une élection présidentielle au Togo, le président nouvellement élu nomme un nouveau gouvernement et un nouveau premier ministre ; mais en raison de la pandémie de coronavirus cela a été retardé. Donc, c’est plus de cinq mois après l’élection présidentielle que la nouvelle première ministre ainsi que son gouvernement ont été nommés.

Après plus de 10 ans au sein du gouvernement togolais, maniant plusieurs postes d’importance, notamment comme ministre, Tomegah Dogbé accède à la plus haute fonction du pays après la présidence.

Son entrée en poste est marquée par un contexte sanitaire, économique, politique et social très difficile. Entre autres, elle doit faire face à une pandémie sans précédent qui entraîne une crise économique et sociale. De plus, Tomegah Dogbé doit jongler avec une situation politique difficile, car les partis d’opposition et la société civile contestent l’élection présidentielle et la légitimité du président actuel, alléguant des fraudes massives aux dernières élections.

Le parcours d’une pionnière

En 2016, la femme qui dirige actuellement le gouvernement togolais confiait sa devise et ses motivations : « Quand on vous confie un travail, quelle que soit sa nature, il faut bien le faire parce qu’en le faisant, vous vous honorez, vous honorez votre Dieu et on peut vous confier des choses plus importantes. C’est ce que j’ai fait durant mon parcours.»

Cela s’est transposé dès le début de son mandat, notamment par la nomination d’un cabinet des ministres s’approchant réellement d’une parité avec 11 femmes sur 33 ministres, du jamais-vu dans ce pays

Âgée de 61 ans, Victoire Tomegah Dogbé est née le 23 décembre 1959 à Badougbe, dans le sud du Togo. Elle obtient plusieurs diplômes académiques, notamment lorsqu’elle étudie à l’université du Bénin-Lomé, où elle obtient une maîtrise en sciences économiques et gestion.

Par la suite, elle occupe plusieurs postes de direction au sein d’entreprises avant d’atterrir à l’Organisation des Nations unies (ONU), plus précisément, au sein du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Avant sa nomination comme première ministre, elle occupait la fonction de ministre du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes, ainsi que le poste de directrice de cabinet du président de la République du Togo.

Situation difficile pour l’égalité des sexes au Togo

Malgré l’ascension d’une première femme à la tête du gouvernement togolais, la situation des femmes au Togo reste très critique.

C’est ce que démontre l’indice Equal Measures, qui mesure les inégalités de genres et de sexes dans le monde, et ce dans plus de 100 pays. Celui-ci se base sur 51 indicateurs d’égalité des sexes. Au Togo, cet indice mesure de très fortes inégalités des sexes. En 2019, sur 129 pays le Togo était 115e avec une faible note de 48,6 sur 100.

Malgré l’ascension d’une première femme à la tête du gouvernement togolais, la situation des femmes au Togo reste très critique

Précisons que ce mauvais classement en ce qui a trait à l’égalité des sexes n’est pas seulement mesurable au Togo, puisque tous ses voisins limitrophes font piètre figure à ce chapitre. Par exemple, le Burkina Faso se situe juste derrière le Togo, au 114e rang de l’indice Equal Measures.

Lors d’un de ses premiers discours en tant que première ministre, Victoire Tomegah Dogbé, a annoncé vouloir gouverner le pays « autrement ». Cela s’est transposé dès le début de son mandat, notamment par la nomination d’un cabinet des ministres s’approchant réellement d’une parité avec 11 femmes sur 33 ministres, du jamais-vu dans ce pays.