Présentation de la région Centrale

Présentation de la région Centrale

Situation géographique

Comme son nom l’indique, la région Centrale est la portion du territoire togolais située au centre du pays, et séparant les deux régions du sud et celles du septentrion. Elle est limitée au nord par la région de la Kara, au sud par la région des Plateaux, à l’ouest par le Ghana et à l’est par le Bénin. La région Centrale est située entre les parallèles 8°0 et 9°15 de latitude nord d’une part, et les méridiens 0°15 et 1°35 de longitude est d’autre part[1].

Par son étendue, la région Centrale constitue la deuxième des cinq régions économiques du Togo après celle des Plateaux. Elle couvre une superficie 13.470 km2 soit 23,8% de l’espace national. Elle jouit globalement d’un climat tropical chaud et humide, influencé par la circulation atmosphérique en vigueur dans l’espace ouest africain. Les températures varient entre 20 et 30°C avec des minima pendant le harmattan, et des maxima entre février et avril.

La région est marquée par deux saisons distinctes, l’une pluvieuse et l’autre sèche de durée quasiment égale. Les pluies durent d’avril à octobre avec un pic entre juillet et septembre. La saison sèche s’étend de novembre à mars. Les précipitations annuelles varient entre 1100 mm et 1500 mm de pluie pour un nombre de jours se situant entre 100 et 120. Les totaux pluviométriques se situent vont de 1200 à 1500 mm par an[2].

La durée d’insolation oscille autour de 2500 heures par an, déterminant une évaporation moyenne de 1600 mm d’eau. L’évaporation varie sensiblement d’une année à l’autre. Elle atteint parfois 1600 mm par an ce qui est au-dessus des précipitations annuelles de pluies dans la région[3].

L’orographie de la région centrale est marquée par la présence d’une chaîne montagneuse qui prend la zone en écharpe, mais également par l’existence de vastes plaines alluviales. Les études pédologiques révèlent cinq ensembles de sols dans la région. Il s’agit des sols peu évolués ou lithosols, des vertisols, des sols ferrugineux tropicaux, des sols ferralitiques et des sols hydromorphes (zones marécageuses, bordures des rivières).

La végétation est essentiellement liée au type de relief. En effet, les plaines de Mô et du Mono sont dominées par les savanes tandis que les zones montagneuses sont couvertes de forêts sérieusement dégradées par les activités humaines. On rencontre également des forêts de galerie sous forme de peuplements ligneux denses et linéaires sur les abords des rivières.

La région Centrale abrite plus de 20% des réserves et des forêts classées du pays. Ces réserves constituent un vaste territoire naturel berceau de diverses espèces végétales et animales (buffles, éléphants, antilopes, primates et oiseaux). Les plus importantes réserves sont le parc national de Fazao-Malfakassa (1 920 km²), la forêt d’Abdoulaye (300 km²), la forêt d’Aou-Mono (60 km²), la forêt de Malfakassa-Tabalo (40 km²) et la forêt du mont Balam (40 km²)[4].

Démographie 

L’analyse de l’évolution démographique de la région montre que le centre du pays a connu une croissance ralentie de sa population entre 1960 à 1981. En effet, de 384 066 habitants en 1960, la population de la zone a progressivement régressé pour se situer à 273 138 habitants en 1981. Cette diminution de la population s’explique par le fait que la carte administrative ayant servi d’ossature au recensement de la population de 1960 diffère sensiblement de celle de 1970, ainsi que celle de 1981.

En effet, d’une superficie représentant plus du tiers de l’ensemble du pays (35,2%) en 1960[5], la région a perdu 12% de son ressort territorial pour se retrouver avec 23,2 % en 1981, à la suite de plusieurs aménagements de la structure administrative du pays. Toutefois, depuis 1981, la population régionale a amorcé une progression qui a permis d’enregistrer 617 871 habitants en 2010, avec un taux de croissance annuel de 2,81% et une densité de 41%[6].

Bien qu’elle soit la deuxième région du pays en termes de superficie, la région Centrale reste la moins peuplée, avec une population qui ne représente que 10% de l’effectif national[7]. Cette situation s’explique notamment par l’existence de réserves et de forêts classées qui occupent plus de 20 % de son territoire.

Paradoxalement, c’est cette région qui abrite la deuxième ville la plus peuplée du pays, Sokodé, qui domine l’architecture urbaine du centre du pays. En effet, Sokodé compte à elle seule 95 070 habitants, soit 15,38% de la population régionale. La carte des densités démographiques de la région illustre de profonds contrastes de peuplement entre les différentes préfectures.

Alors que la Préfecture de Mô ne compte que 6% de la population régionale, celle de Tchaoudjo, qui abrite la ville macrocéphale de Sokodé, concentre à elle seule 30,76% de la population établie sur 20% de la superficie de la région. La préfecture de Blitta vient en deuxième position avec 22,27%, suivie de la préfecture de Tchamba (21,31 %), et celle de Sotouboua (19,58%).

La structure par sexe de la population de la région est caractérisée par une relative prédominance féminine (50,7% de femmes contre 49, 3% d’hommes). Quant à la composition par âge, elle traduit une prépondérance de personnes de moins de 20 ans (54,29%) et de celles de 20 à 64 ans (45,17%), au détriment des personnes âgées de 65 ans ou plus (4%)[8]. La population de la région est majoritairement rurale avec 75,32 % de ruraux contre 24, 58% d’urbains.

Aspects administratifs

La région Centrale n’a pas échappé aux différentes modifications de la structure administrative qu’a connu le Togo depuis l’indépendance du pays. La région Centrale constitue la principale victime des différents découpages du territoire.

En effet, cette région dont la superficie dépassait le tiers de la surface totale du pays a vu son ressort territorial progressivement réduit, principalement au profit de la région de la Kara. Ainsi, de 35,2% de la superficie nationale, le territoire du Centre du Togo se retrouve à ce jour avec 23,8%, avec une perte de plus du tiers de son espace spatial initial.

La structure administrative actuelle de la région est établie par le Décret 2017-141/PR du 20/12/2017, fixant le ressort territorial et chef-lieu des communes et des régions des plateaux, centrale et de la Kara.

Ainsi, la région centrale se subdivise en 05 Préfectures, 15 communes et 61 cantons :

  • Préfecture de Blitta ; Chef-lieu : Blitta-Gare ; 3 communes ; 21 cantons
  • Préfecture de Mo ; Chef-lieu : Djarkpanga : 2 communes, 5 cantons
  • Préfecture de Sotouboua ; Chef-lieu : Sotouboua ; 3 communes ; 12 cantons
  • Préfecture de Tchamba ; Chef-lieu : Tchamba ; 3 communes ; 10 cantons
  • Préfecture de Tchaoudjo ; Chef-lieu : Sokode ; 4 communes ; 13 cantons

Aspects économiques

A l’instar des autres régions du Togo, l’économie du Centre du pays est dominée par les secteurs de l’agriculture, du commerce, de l’artisanat et de la pêche. C’est une économie marquée par une polyvalence d’activités. Ainsi la majorité des ménages de la région associe l’agriculture à l’élevage et à d’autres activités génératrices de revenus, tout en s’adaptant aux opportunités qu’offrent les deux saisons. Les ménages pratiquant et vivant exclusivement d’une activité relevant d’un secteur sont en nombre insignifiant. L’apport de la diaspora à l’économie de la région notamment, celle de la préfecture de Tchaoudjo, n’est pas négligeable.[9]

L’agriculture occupe une grande proportion de la population régionale. A l’image de l’agriculture nationale, celle de la région centrale demeure au stade rudimentaire. Les techniques et outils d’exploitation sont traditionnels (coupe-coupe, houe, daba, bâton à fouir, etc.), avec un faible taux de mécanisation. Les agriculteurs déploient de grands efforts physiques pour les travaux champêtres.

Cette agriculture est de type familiale et dominée par l’exploitation des produits vivriers (maïs, le sorgho, le mil, l’igname, le manioc, le niébé, le haricot, le riz, le soja, le sésame, l’arachide etc…). En 2010, la production vivrière de la région s’élèvait à 711 241 tonnes[10]. Bien qu’il s’agisse d’une agriculture de subsistance, une partie de la production est destinée à la vente.

Les produits de rente (coton, anacardes, etc.) sont faiblement exploités. Si la région dispose d’atouts considérables pour le développement du secteur agricole (disponibilité de terres cultivables, bonne pluviométrie, existence de bas-fonds humides avec possibilité d’exploitation des cultures irriguées, existence d’une main-d’œuvre jeune et active), elle est parallèlement confrontée à des difficultés principalement liées à l’enclavement des zones à fort potentiel agricole, à l’exode rural, au non accès au crédit, aux aléas climatiques et aux conflits liés à la transhumance [11].

La transformation des produits relève du domaine des femmes dans cette zone du pays. Les produits localement transformés sont :

  • le manioc (gari et tapioca),
  • les grains de néré (moutarde),
  • le karité (beure),
  • le soja (moutarde et fromage),
  • la noix de palme (huile de palme)
  • et le sorgho.

L’élevage est associé à l’agriculture et est aussi de type traditionnel.

Les principales espèces élevées sont :

  • la volaille (pintades, poules, pigeons, canards, etc.),
  • le petit ruminant (moutons, chèvres, porcs)
  • et les bovins.

Les types d’élevage diffèrent d’une préfecture à une autre en fonction des cultures et des croyances. Par exemple, on note une prépondérance de l’élevage des ovins dans la préfecture de Tchaoudjo, habitée en majorité par des musulmans, alors que le porcin est plus prisé dans les autres localités. Les animaux élevés, de petite taille pour la plupart, sont laissés en divagation pendant la saison sèche et attachés autour des concessions pendant la période des cultures. Les produits d’élevage sont destinés à l’autoconsommation, à la vente et surtout à l’occasion de cérémonies.

Les éleveurs des bovins, pour la plupart, sont d’origine peuhl. De nombreux peuhls, sédentarisés autour des villages de la région, élèvent des troupeaux de vaches. Parallèlement, des peuhls nomades venant du Sahel traversent la région avec leurs troupeaux de zébus à la recherche des zones humides en saison sèche. Les pâturages naturels en abondance, l’existence des produits dérivés de l’agriculture pour l’alimentation des animaux, constituent des atouts pour le développement de ce secteur dans la région. Les difficultés tournent autour de la non maitrise des techniques modernes d’élevage.

La pêche est faiblement pratiquée dans cette zone du pays malgré le fait qu’elle soit traversée par un fleuve (Mono) et plusieurs rivières et cours d’eau (Anié, Assoukoko, Ogou, Kové, Aou, Na, Mo, etc.). La pêche se pratique au moyen de matériels précaires tels que : l’hameçon, le filet, le panier et la nasse. Les quelques prises, notamment les silures, les carpes, les anguilles, les tilapia, le varan, les sardines et  les tortues, sont destinées à l’autoconsommation. Les produits halieutiques, sont loin de couvrir les besoins de la population régionale.

Le commerce constitue la première activité génératrice de revenus de la région. La zone constitue la porte d’entrée du commerce vers le septentrion du pays. On note d’une part la commercialisation des produits agricoles (tubercules, céréales), les légumineuses (soja, arachide, sésame) et d’autre part les produits manufacturés comme les pagnes, les vêtements, les produits alimentaires (huile, riz, boites de conserve, produits congelés), les appareils électroniques et électroménagers (téléphones portables, appareils numériques, les groupes électrogènes etc.), les motos, les vélos. En dehors des boutiques et magasins arborant les rues, il existe des marchés qui s’animent dans chaque localité de la région. L’activité commerciale est plus dynamique durant la sèche. En saison pluvieuse, une partie des commerçants se reconvertit dans l’agriculture.

Pour ce qui est de l’artisanat, le tissage est particulièrement développé notamment dans la ville de Sokodé où il représente 35% du secteur. Les pagnes des tisserands servent à fabriquer les vêtements quotidiens des habitants et également à coudre les tuniques et de grands boubous brodés. On trouve également sur les marchés des artisans spécialisés dans la décoration des calebasses.

L’industrialisation est particulièrement faible dans la région. Malgré son fort potentiel agricole et commercial à travers « Sokodé la ville Carrefour », la région Centrale demeure un territoire pauvre avec un taux de pauvreté de 77,7% contre 24% pour la capitale Lomé et avec un revenu annuel inférieur à 156 000 francs CFA[12].

Aspects socioculturels  

La région Centrale constitue un témoignage vivant de la diversité des peuples et des différentes cultures qui traversent le Togo. En effet, on y retrouve pratiquement toutes les ethnies[13] du pays dont les plus représentées sont : Kotokoli (29,16%), Kabiyè (29,33%), Losso (8,14%), Tchamba (6,34%), Ana/Ifè (4,27%), Adélé-Agnanga (3,54%)[14]. D’autres ethnies, bien que présentes dans la zone, sont numériquement faibles par rapport à la population totale de la région, (Ewé, Moba, Gourma, Bassar, Kokomba, Tamberma, N’tribou, Ouatchi, etc.). 

Les religions dominantes sont l’islam, le christianisme et l’animisme. La région abrite, Tchaoudjo, la préfecture qui a la plus forte proportion de la population musulmane du Togo (70%). Sur le plan de l’organisation sociale, la vie est solidement organisée autour de la chefferie traditionnelle, notamment dans la préfecture de Tchaoudjo.

La région est réputée pour ses fêtes traditionnelles. Il s’agit notamment de Gadao-Adossa dans la préfecture de Tcghaoudjo, de Kilikpo  à Tchamba, de Kiyèna à Sotouboua, etc.


Sources :

[1] PNUD-DTCD, 1981

[2] Abdou-Wahabi ABDOU (2010)

[3] Fond Africain de Développement ()

[4] petitfute.com

[5] Direction de la Statistique, Division de la Démographie, composition et distribution géographique de la population togolaise, 1989

[6] Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (2011), RGPH4, Caractéristiques démographiques

[7] Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (2011), RGPH4, Résultats définitifs

[8] Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (2012), RGPH4, Volume spécial

[9] Kamaga (2014)

[10] Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale, 2010

[11] PNUD, carte de potentialités d’emplois des jeunes et des femmes dans les préfectures et sous- préfectures du Togo

[12] Document révisé de la stratégie intérimaire de réduction de la pauvreté au Togo (2008)

[13] Le Togo est peuplé par une quarantaine d’ethnies

[14] Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (2012), RGPH4, Aspects démographique

Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (2012)

Crédit photo : republiquetogolaise.com

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