Terrorisme/La riposte de l’armée togolaise : Attention à l’improvisation et à la précipitation, Mai 2022

Terrorisme/La riposte de l’armée togolaise : Attention à l’improvisation et à la précipitation, Mai 2022

Auteur : Samari Tchadjobo

Type de Publication : Article

Date de publication : 16 mai 2022

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Une violente attaque terroriste surprend dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 mai 2022 les forces de défense togolaises. C´était à Kpikpékandi dans la commune de Kondjoaré dans la préfecture de Kpendjal à la lisière de la frontière avec le Burkina-Faso. 8 de nos soldats sont tués pendant que 13 autres sont blessés. Nous apprenons à travers les réseaux sociaux que depuis mercredi 11 mai l´armée togolaise aurait entamé une vaste opération de sécurisation à la frontière avec le Burkina-Faso.

Quel citoyen de n´importe quel pays ne se réjouirait-il pas en lisant une telle information concernant la prompte réaction de son armée après cette lâche attaque qui endeuilla plusieurs familles? Le rôle de toute armée sur la planète n´est-il pas de s´équiper, de s´entraîner pour le jour “J” et d´être en mesure de défendre l´intégrité territoriale, voire la vie des populations?

En jetant des fleurs à l´armée togolaise pour sa réaction en frappant les positions terroristes dont le bilan n´est pas encore établi, en même temps nous nous permettons de faire montre d´un peu de prudence pour rappeler que la guerre contre le terrorisme n´est pas une guerre comme  les autres; pour combattre le terrorisme qui un ennemi invisible aucun état au monde n´a le droit de confondre vitesse et précipitation.

En dehors des missions de maintien de la paix à travers le monde sous l´égide de l´ONU bien rémunérés, sur fond de corruption de certains officiers haut gradés et de népotisme, les forces de défense togolaises sont plus équipées, formées et entrainées pour la répression intérieure contre les populations civiles que pour mener une quelconque guerre pour la sauvegarde de l´intégrité territoriale

Donc il n’y aurait pas de honte à se poser la question sur la capacité de notre pays le Togo à venir à bout seul et de façon efficace du terrorisme naissant sur notre territoire. Nous espérons que les autorités de fait du Togo sont assez renseignées sur le sujet pour privilégier la coopération avec les autres pays, surtout avec ceux-là qui ont une expérience dans la lutte contre le terrorisme.

L´autre problème est la configuration même de l´armée togolaise qui est très loin d´être une armée comme les autres. En dehors des missions de maintien de la paix à travers le monde sous l´égide de l´ONU bien rémunérés, sur fond de corruption de certains officiers haut gradés et de népotisme, les forces de défense togolaises sont plus équipées, formées et entrainées pour la répression intérieure contre les populations civiles que pour mener une quelconque guerre pour la sauvegarde de l´intégrité territoriale. L´armée togolaise étant donc trop politisée, trop ethniquement partisane dans sa composition, certains observateurs craignent que, si on n´y prend garde, ce sont ces lourdeurs qui risqueraient d´handicaper la lutte contre ce nouvel ennemi qu´est le terrorisme.

Le terrorisme constitue ce mal de notre temps que seul le renseignement, ajouté à une intelligente coopération avec les pays voisins également concernés, pourrait prendre de court à la racine. Quant aux autorités militaires togolaises, pour venir à bout de ce nouveau défi à elles lancées par cette intrusion terroriste à la frontière nord de notre pays avec mort d´hommes, rien ne servirait de courir sans méthodologie bien réfléchie. Il ne s´agira pas ici de menacer d´enfumer des écoliers en grève, d´emprisonner des opposants politiques, de faire arrêter des enseignants grévistes ou de les licencier carrément de la fonction publique. Il s´agira de mener le combat contre un ennemi invisible, et la tâche ne sera pas de tout repos comme avertit le quotidien burkinabè en ligne “Aujourd´hui au Faso”: «Le Togo pourrait vivre des moments très difficiles dans les mois à venir comme le sont déjà le Burkina Faso et le Mali.»

 

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