Perspectives économiques au Togo, AFDB, avril 2023

Perspectives économiques au Togo, AFDB, avril 2023

Auteur : Groupe de la banque africaine de développement   

Type de publication : Rapport 

Date de publication : avril 2023 

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Développements macroéconomiques récents 

La croissance du PIB réel a connu une baisse pour se situer à 5,5 % en 2022 contre 6,0 % en 2021, en raison des effets conjugués de la crise sécuritaire dans l’extrême nord du pays et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le taux d’inflation a augmenté de 4,6 % en 2021 pour atteindre 7,8 % en 2022, sous l’effet de la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie. Le déficit du solde budgétaire s’est creusé, passant de 4,7 % du PIB en 2021 à 8,4 % en 2022, du fait des mesures de soutien au pouvoir d’achat (subvention/exonérations fiscales pour les produits de base) et des dépenses de sécurité additionnelles. Le solde du compte courant du pays reste structurellement déficitaire, passant de 0,9 % en 2021 à 3,7 % du PIB en 2022. Cette évolution du solde du compte courant est imputable à la montée des prix des biens importés (pétrole et biens alimentaires) en lien avec les perturbations des chaînes d’approvisionnements logistiques liées à la pandémie de COVID-19 et aux effets de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le PIB réel devrait croître à 6,3 % en 2023 et 6,6 % en 2024. L’inflation devrait baisser de 3,8 % en 2023 à 2,6 % en 2024

Les crédits accordés au secteur privé pour redynamiser l’activité économique ont connu une progression de 14,3 % représentant 32,8 % du PIB. En ce qui concerne la sinistralité, le taux de dégradation du portefeuille de crédit des banques s’est nettement amélioré, passant de 12 % en 2021 à 8,1 % en 2022. Cette baisse est essentiellement portée par le recouvrement des crédits en souffrance et les conditions monétaires favorables dans l’Union, permettant d’alléger les bilans des banques pour rétablir leur capacité à financer l’économie. Le Togo présente un risque modéré de surendettement. L’encours de la dette publique représente 55,9 % du PIB en 2022 contre 63,1 % en 2021, en raison de la maîtrise de la dette publique rendue possible par les mesures prises en matière de gestion de la dette. 

Perspectives et risques 

Les perspectives économiques du Togo s’annoncent favorables, en raison de l’exécution des projets structurants de la feuille de route gouvernementale 2025 impulsant les infrastructures, des réformes économiques et financières ainsi que des réformes structurelles, y compris celles visant à accroître la production et les rendements agricoles. Sur cette base, le PIB réel devrait croître à 6,3 % en 2023 et 6,6 % en 2024. L’inflation devrait baisser de 3,8 % en 2023 à 2,6 % en 2024, grâce aux mesures de soutien au pouvoir d’achat prises par le gouvernement pour atténuer les tensions inflationnistes. Le solde du compte courant demeurerait déficitaire, en légère hausse, de 6,1 % en 2023 à 6,3 % en 2024 en raison d’une croissance des importations supérieure à celle des exportations. Le déficit budgétaire devrait s’améliorer, baissant de 6,6 % du PIB en 2023 à 5,1 % du PIB en 2024, en raison de la poursuite des réformes en matière de gestion des finances publiques. Les fluctuations défavorables des cours mondiaux du phosphate et du pétrole, la durée de la crise russoukrainienne, et l’ampleur des attaques terroristes à répétition dans les régions septentrionales du pays ainsi que les effets négatifs du changement climatique constituent autant de risques susceptibles de peser sur la croissance. 

Les crédits accordés au secteur privé pour redynamiser l’activité économique ont connu une progression de 14,3 % représentant 32,8 % du PIB

Changement climatique et options de politiques publiques 

À l’instar de plusieurs pays africains, le Togo est confronté à des difficultés de mobilisation du secteur privé en matière de financement pour la lutte contre les changements climatiques et la croissance verte. Les besoins de financement cumulés pour répondre de manière adéquate aux changements climatiques sont estimés à 7 030 millions d’USD sur la période 2020–2030, soit en moyenne 702,6 millions d’USD par an. Les coûts des pertes et dommages d’adaptation sont estimés à 2,73 milliards d’USD, soit 38,8 % de l’ensemble des besoins de financement du Togo, et le déficit de financement serait de 560 millions d’USD en moyenne par an. Ce déficit de financement limiterait considérablement la capacité du pays à renforcer sa résilience climatique et à promouvoir une croissance verte et appelle à une mobilisation du secteur privé pour faire face aux engagements du Togo. En moyenne sur la période 2019–2020, le montant de la Finance climatique s’élevait à 126 millions d’USD, dont seulement 14 % sont assurés par le secteur privé pour un montant de 17,4 millions d’USD selon le Climate Policy Initiative (CPI). Ainsi le secteur privé est-il mis à contribution dans le secteur énergétique pour renforcer l’accès à l’électricité par la mise à disposition de kits solaires individuels et dans la gestion de son littoral dans la lutte contre l’érosion côtière en vue d’assurer la durabilité environnementale et atténuer les effets du changement climatique.

 

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