Perceptions et stratégies d’adaptation des producteurs agricoles aux changements climatiques au nord-ouest de la région des savanes du Togo, Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA), Octobre 2018

Perceptions et stratégies d’adaptation des producteurs agricoles aux changements climatiques au nord-ouest de la région des savanes du Togo, Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA), Octobre 2018

Auteurs : K. Sanou, S. Adamou, K. Adjegan, K.D Tsatsu
Organisation affiliée : Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA)
Type de publication : Etude scientifique
Date de publication : 15 octobre 2018

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

Introduction

L’agriculture pluviale demeure encore au Togo le secteur qui offre le plus de possibilités pour accélérer la croissance économique, assurer la sécurité alimentaire, créer des emplois, accroître les revenus des pauvres et contribuer à la balance commerciale et au développement de l’agro-industrie.

Sur les dix dernières années, en moyenne 38 % du produit intérieur brut provient de l’activité agricole avec une contribution de 26 % par les produits vivriers ; 3,4 % par la production de rente ; 5,1 % par les produits d’élevage ; 1,4 % par les produits de pêche et d’aquaculture et 2,1 % par la production sylvicole. Le secteur agricole fournit plus de 20 % des recettes d’exportation et fait vivre plus de 60 % de la population active (RNA, 2012).

Principale activité de la population togolaise, plusieurs phénomènes entravent le développement de l’agriculture : le faible taux d’encadrement des producteurs, l’insuffisance de crédit, la dégradation des ressources naturelles et la vétusté des équipements et matériels de recherche. À ces difficultés s’ajoutent, les effets adverses des changements climatiques.

De nos jours, les besoins d’adaptations des populations aux changements climatiques et à leurs impacts socio-environnementaux sont indispensables car la survie des populations en dépend (OCDE, 2009). Les mesures d’adaptation les plus efficaces et durables sont souvent celles prises à l’échelle locale impliquant directement les personnes concernées. Les pratiques d’adaptation développées par les producteurs en réponse aux conséquences négatives des changements climatiques dépendent de la perception et des connaissances endogènes qu’ils ont de ces changements.

Perceptions des producteurs sur les changements climatiques

Les paramètres climatiques tels que la pluviométrie, la température et la vitesse du vent ont été cités comme les variables climatiques changeants les plus déterminants.

Les indicateurs des changements pluviométriques tels que la baisse de la pluviosité, l’arrêt précoce des pluies, le raccourcissement de la durée de la saison pluvieuse sont perçus par plus de 68 % des producteurs interviewés. Les taux de perception ont atteint, plus de 50 % des interviewés pour les indicateurs comme, le rallongement de la sécheresse, la fréquence des poches de sécheresse, et le retard des pluies.

Principale activité de la population togolaise, plusieurs phénomènes entravent le développement de l’agriculture : le faible taux d’encadrement des producteurs, l’insuffisance de crédit, la dégradation des ressources naturelles et la vétusté des équipements et matériels de recherche. À ces difficultés s’ajoutent, les effets adverses des changements climatiques

S’agissant du paramètre vitesse du vent, 63 % des interviewés ont perçu l’indicateur vitesse du vent de plus en plus violents et 42 % des brouillards de poussières fréquentes. Les producteurs interviewés ont également perçu des changements au niveau de l’écosystème.

Utilisation des fumures minérales et organiques

Il faut préciser que dans toute la zone, les sols sont si pauvres qu’aucune production n’est obtenue s’il n’y pas d’apport d’engrais ou de fertilisant sous les cultures comme le riz et le maïs. Les producteurs qui disposent de moyens financiers, appliquent des doses supérieures (300 kg de NPK 15-15-15 et 100 kg d’urée) à la dose recommandée (7 % des cas). Pour ces producteurs la recherche doit revoir à la hausse les doses recommandées qui datent de plusieurs années.

Conservation des eaux et des sols

Du fait qu’il est impossible d’empêcher les aléas climatiques de se produire, les producteurs développement des méthodes pouvant leur permettre une bonne conservation des eaux et des sols. Il s’agit pour les producteurs de procéder à de diverses sortes d’aménagements jugés utiles et nécessaires.

Les principaux types d’aménagement mis en œuvre dans la zone d’étude sont les cordons pierreux (46 %), les tas de pierres (29 %), les diguettes en billons (37 %), et les bandes enherbées (18 %). On note aussi les cultures en terrasse faite par une minorité de producteurs (5 %). Ces différents aménagements permettent non seulement de lutter contre l’érosion des sols, mais aussi de créer des retenues d’eau dans les champs et de gérer la fertilité des sols.

Perception des producteurs sur les changements climatiques

Les trois paramètres climatiques (la pluviométrie, la température et le vent) ont été cités comme étant les paramètres climatiques les plus déterminants. Cette perception des producteurs s’explique par le fait que ces trois variables climatiques ont une influence directe sur la production agricole et déterminent la bonne ou mauvaise saison agricole.

Ils paraissent alors plus palpables et visibles par les producteurs que les autres paramètres climatiques tels que l’évapotranspiration, l’insolation, l’humidité relative, etc. qui sont souvent identifiés au moyen des appareils spécifiques ou par des calculs spécifiques.

Les principaux types d’aménagement mis en œuvre dans la zone d’étude sont les cordons pierreux (46 %), les tas de pierres (29 %), les diguettes en billons (37 %), et les bandes enherbées (18 %). On note aussi les cultures en terrasse faite par une minorité de producteurs (5 %). Ces différents aménagements permettent non seulement de lutter contre l’érosion des sols, mais aussi de créer des retenues d’eau dans les champs et de gérer la fertilité des sols

L’étude a permis de déterminer un nombre d’indicateurs des changements des paramètres climatiques plus importants pour la pluviométrie que pour la température et pour la vitesse du vent. Ce qui s’explique par le fait que la pluviométrie est le facteur climatique le plus important puisqu’elle influence fortement la productivité vivrière dans les conditions de climat de type sahélien et sahélo soudanien.

L’analyse des résultats indique que les taux de perceptions sont globalement uniformes pour l’augmentation de la température ambiante et la chaleur torride. Les producteurs se souviennent des phénomènes climatiques tels que la hausse de température et la violence du vent qui entraînent des dégâts matériels (destruction de toitures, érosion des terres cultivables, verse des cultures, déracinement des arbres, etc.).

Certains paysans (16 %) parquent les animaux dans leurs champs pour profiter directement des déjections. Plusieurs travaux ont montré l’importance de l’apport de l’amendement organique dans le maintien de la qualité agronomique des sols. Cependant, la faible utilisation des fumures animales s’explique par le type d’élevage pratiqué dans le milieu

La rupture de la solidarité rurale se traduit par la disparition d’activités communautaires telles que l’entraide culturale. Ces activités traditionnelles d’entraide sont informelles et leur existence est saisonnière et épisodique. Elles remplissent une fonction sociale vitale qui est la cohésion villageoise ou inter villageoise. Ces formes d’organisation traditionnelles, parce qu’elles émanent des populations elles-mêmes, constituent généralement la base essentielle sur laquelle peuvent se construire durablement des actions de développement.

Fertilisants minéraux et organiques

La pauvreté des terres agricoles a rendu l’utilisation des fertilisants, surtout minéraux, indispensable à la production. Sans ces fertilisants il est difficile aux producteurs d’atteindre un rendement convenable. L’élevage est une activité bien ancrée dans le quotidien des producteurs.

Certains paysans (16 %) parquent les animaux dans leurs champs pour profiter directement des déjections. Plusieurs travaux ont montré l’importance de l’apport de l’amendement organique dans le maintien de la qualité agronomique des sols. Cependant, la faible utilisation des fumures animales s’explique par le type d’élevage pratiqué dans le milieu.

Conservation des eaux et des sols

L’utilisation des techniques de conservation des eaux et des sols croît avec la vulnérabilité du milieu et dépend des caractéristiques du paysage. Les digues sont utilisées en traitement de ravines, tandis que le choix de la diguette ou du cordon pierreux dépend de la topo séquence. Plusieurs études ont montré l’efficacité des techniques de conservation des eaux et des sols. Les cordons pierreux peuvent induire respectivement une augmentation des rendements de 60 % et 25 % par rapport à une parcelle sans aménagement.

Conclusion

Les manifestations des changements climatiques et leurs conséquences négatives sur les moyens d’existence sont perçues par les producteurs de la zone. Les modifications pluviométriques sont ressenties à travers les signes tels que la baisse de la pluviosité, l’arrêt précoce des pluies, le raccourcissement de la durée de la saison pluvieuse. Les modifications de température et du vent sont ressenties à travers les indicateurs tels que l’augmentation de la température et l’occurrence de vents de plus en plus violents.

Les conséquences de la variabilité climatique affectent plus les conditions socioéconomiques des producteurs. Les investigations sur les pratiques locales d’adaptation aux effets des changements climatiques ont permis de s’apercevoir de la diversité des techniques disponibles.

 

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