Les Togolais justifient l’utilisation de la force physique pour discipliner leurs enfants même s’ils n’en assument pas l’usage, Afrobarometer, Juin 2022

Les Togolais justifient l’utilisation de la force physique pour discipliner leurs enfants même s’ils n’en assument pas l’usage, Afrobarometer, Juin 2022

Auteur : Hervé Akinocho

Organisation affiliée : Afrobarometer

Type de publication : Article

Date de publication : 2 Juin 2022

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

Discipliner un enfant

Le processus d’éducation d’un enfant requiert qu’il soit discipliné lorsque besoin est. Mais cette discipline ne doit pas porter atteinte à l’intégrité morale, physique ou émotionnelle de l’enfant pour lui permettre d’en tirer les leçons adéquates. Accepte-t-on l’usage de la force physique pour discipliner les enfants dans la société togolaise ? Trois Togolais sur quatre pensent qu’il est « parfois » ou « toujours » justifié d’utiliser la force physique pour discipliner son enfant. Cette perception à légèrement augmentée entre 2017 et 2022 en passant de 73% à 76%.

Mais de façon assez surprenante, quand on demande aux Togolais à quelle fréquence les adultes utilisent la force pour discipliner les enfants, ils sont moins d’un sur trois (32%) à répondre que cela arrive « très » ou « assez » fréquemment dans leur communauté. La majorité d’entre eux répondent plutôt que cette pratique n’est « pas très fréquent » (47%) ou « pas du tout fréquent » (21%).

Maltraitance et negligence

La problématique de la maltraitance et de la négligence des enfants constitue également une préoccupation dans le développement de ces derniers. En effet, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (2022), la maltraitance peut avoir des conséquences à long terme sur les victimes en provoquant du stress qui peut perturber le développement précoce du cerveau, affecter le développement du système nerveux et immunitaire, et ainsi avoir d’importantes conséquences sur leurs vies socio-professionnelles plus tard.

Trois Togolais sur 10 (30%) déclarent qu’il est « très fréquent » ou « assez fréquent » que des enfants de leur communauté sont violentés, maltraités ou négligés. A l’opposé, 70% d’entre eux trouvent que le phénomène n’est « pas très fréquent » ou « pas du tout fréquent » dans leur communauté.

Trois Togolais sur 10 (30%) déclarent qu’il est « très fréquent » ou « assez fréquent » que des enfants de leur communauté sont violentés, maltraités ou négligés

En ce qui concerne la déscolarisation des enfants, ils sont 13% à penser que c’est un phénomène « très fréquent » dans leur communauté tandis qu’ils sont 28% à considérer que c’est « assez fréquent ». Les autres 58% affirment que le phénomène n’est « pas très fréquent » ou « pas du tout fréquent ».

Soutien aux enfants vulnérables

Les services de l’Etat ont le mandat de mettre en place des services essentiels pour répondre aux besoins des populations. Parmi les besoins, il y a celui de la protection des populations et plus spécifiquement la protection des enfants. Ces services sont cruciaux pour assurer que les victimes soient prises en charge et trouvent les ressources nécessaires au traitement en cas de traumatisme pour les rendre à nouveau tous leurs potentiels. Dans quelle mesure ces services sont-ils disponibles au niveau communautaire ?

Sur la base des observations des équipes de terrain d’Afrobarometer dans toutes les zones de dénombrement qu’elles ont visitées, la plupart des Togolais vivent à distance de marche d’une école (94%). La moitié (51%) des citoyens se trouvent à distance de marche d’une clinique ou d’un centre de santé. Ils ne sont que 27% à vivre près d’un poste de police ou de gendarmerie, ou à vivre dans une zone où des unités de police ou de gendarme sont visibles. Enfin, seulement un Togolais sur 10 (11%) a un centre social ou un centre d’aide gouvernemental à distance de marche de sa résidence.

Trois Togolais sur quatre pensent qu’il est « parfois » ou « toujours » justifié d’utiliser la force physique pour discipliner son enfant

Cependant, la majorité des Togolais estiment que les enfants vulnérables ont accès aux aides nécessaires dans leurs communautés. Ainsi, ils sont au moins trois Togolais sur quatre à déclarer que les enfants victimes de violence, maltraités ou négligés (79%), les enfants handicapés (78%) et les enfants avec des troubles mentaux ou émotionnels (75%) peuvent obtenir de l’aide dans leur communauté

Performance du gouvernement en matière du bien-être des enfants

Globalement, la majorité des Togolais estiment que la performance du gouvernement en matière de protection et de promotion du bien-être des enfants est « plutôt bien » (46%) ou « très bien » (13%). A contrario, 41% des Togolais trouvent inadéquats les efforts du gouvernement dans ce domaine.

La performance du gouvernement en matière de protection et de promotion des enfants vulnérables est différemment appréciée suivant les caractéristiques socio-démographiques. Ainsi, les hommes (61%), les habitants des milieux ruraux (62%), les gens sans éducation formelle (69%) et les gens les plus nantis (65%) sont ceux qui apprécient le plus les efforts du gouvernement en la matière (Figure 14). En plus, les habitants des régions Centrale (81%) et Savane (74%) sont beaucoup plus satisfaits de la performance gouvernementale que leurs compatriotes dans les autres régions (49%-59%).

 

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