Les changements climatiques empirent la vie au Togo mais sont moins connus par les agriculteurs, Afrobarometer, Février 2019

Les changements climatiques empirent la vie au Togo mais sont moins connus par les agriculteurs, Afrobarometer, Février 2019

Auteurs : Afi Etonam Adetou et Ekoutiamé A. Ahlin

Organisation affiliée : Afrobarometer

Type de publication : Dépêche

Date de publication : Février 2019

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

Perceptions de l’évolution des conditions climatiques

Avant de mentionner le concept des « changements climatiques », Afrobaromètre a interrogé les citoyens togolais sur leurs perceptions de l’évolution des conditions climatiques dans leurs régions. La majorité (63%) des Togolais estiment que pendant ces 10 dernières années, les conditions climatiques en ce qui concerne la production agricole sont devenues « pires » ou « bien pires ».

Cette perception est plus poussée chez les agriculteurs (72%) que chez les autres citoyens (60%). En parallèle, elle est plus forte chez les ruraux (70%) qu’en ville (52%). De plus, cette perception est très grande dans la région des Savanes (82%) contrairement à Lomé Commune (46%), qui n’est pas une région agricole. Les mieux éduqués sont les moins enclins à considérer que les conditions climatiques en ce qui concerne la production agricole se sont empirées (50% chez ceux avec des qualifications post-secondaires).

De façon spécifique, deux Togolais sur trois (68%) pensent que la sécheresse dans leur région est devenue « quelque peu » ou « beaucoup » plus grave. Encore une fois nous notons une très grande proportion (93%) de la population de la région des Savanes – la région la plus chaude et la plus proche du désert du Sahara – qui affirment que la sécheresse est devenue plus grave. De même, il ressort que les agriculteurs (74%) sont plus concernés par la question de la sécheresse que les autres citoyens togolais (65%), ainsi que les ruraux (73%) par rapport aux urbains (59%).

La majorité (63%) des Togolais estiment que pendant ces 10 dernières années, les conditions climatiques en ce qui concerne la production agricole sont devenues « pires » ou « bien pires »

Par ailleurs, la perception des Togolais en ce qui concerne la gravité de la sécheresse ne dépend pas du genre mais du niveau d’éducation. Les Togolais ayant un niveau d’éducation post-secondaire (57%) semblent moins percevoir la gravité de la sécheresse que les moins éduqués, par exemple ceux ayant un niveau primaire (72%).

Connaissance des « changements climatiques »

La connaissance du concept des « changements climatiques » n’est pas aussi ancrée dans la population togolaise que la perception de certains changements dans les conditions climatiques. En effet, plus de la moitié (55%) des Togolais affirment avoir entendu parler des changements climatiques, contre 44% qui les ignorant. Cette connaissance varie fortement suivant les catégories socio-démographiques. Les agriculteurs (41%) ont moins entendu parler des changements climatiques que les autres citoyens (60%), ce qui entraine par ricochet les mêmes tendances entre les ruraux (47%) et les urbains (67%).

Les données montrent également que la connaissance de la notion de changements climatiques dépend du genre et du niveau d’éducation. Les hommes ont beaucoup plus entendu parler des changements climatiques que les femmes (65% contre 45%). Par contre les femmes participent également à la déforestation par l’utilisation du bois de chauffe pour la cuisine ainsi que pour des herbes médicinales. En outre, la question des changements climatiques semble beaucoup plus une question d’intellectuels qu’une question partagée. En effet, les Togolais ayant un niveau post-secondaire ou secondaire sont plus informés (64%) que ceux qui n’ont aucune éducation formelle (28%).

Parmi ceux qui ont une connaissance du concept de changements climatiques, huit Togolais sur 10 (79%) définissent ce dernier comme étant des changements négatifs, tels que plus de sécheresses, d’inondations, ou de chaleur extrême. Cette proportion est très forte dans la région des Savanes (92%). Ceci peut être dû au fait que la région des Savanes subit beaucoup plus les effets des changements climatiques au Togo en termes de sécheresse et d’inondation.

Causes et effets des changements climatiques

Au Togo, parmi ceux qui ont entendu parler des changements climatiques, plus de six répondants sur 10 (64%) les attribuent aux activités humaines, telles que la recherche de combustibles et autres activités qui polluent l’atmosphère. Ce résultat dépend fortement du niveau d’éducation des répondants. Ainsi, cette proportion est de 78% pour les Togolais ayant un niveau post-secondaire, 64% pour le niveau secondaire, 55% au niveau du primaire, et 44% pour ceux qui n’ont aucune éducation formelle. Les hommes (68%) sont plus enclins à penser que les activités humaines constituent les causes des changements climatiques que les femmes (57%). Aussi nous notons que ces résultats sont dans l’ordre de 47% dans les régions Centrale et Kara contre 73% dans la région de Maritime.

Les Togolais (81%) sont également convaincus que les changements climatiques affectent la vie au Togo au point de la rendre « quelque peu pire » ou « beaucoup pire ». Néanmoins, la majorité des Togolais (74%) pensent que les citoyens ordinaires peuvent lutter contre les changements climatiques.

 

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