Fiche d’information Togo 2021 : Analyse des données pour l’apprentissage et l’équité utilisant les données MICS, UNICEF, 2021

Fiche d’information Togo 2021 : Analyse des données pour l’apprentissage et l’équité utilisant les données MICS, UNICEF, 2021

Auteur : UNICEF (United Nations International Childrens Fund)

Site de publication : UNICEF (United Nations International Childrens Fund)

Type de publication : Rapport

Date de publication : 2021

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

UNICEF a lancé les enquêtes par grappes à indicateurs multiples (MICS) en 1995 pour suivre la situation des enfants dans le monde.

Enfants non-scolarisés

Les enfants non-scolarisés sont ceux qui ont l’âge officiel pour un niveau d’enseignement donné mais qui ne fréquentent pas l’école. Bien des enfants togolais commencent leur scolarisation en aval de l’âge officiel d’entrée au primaire, 6 ans. Cela étant le cas, le taux de non-scolarisation est de 8 % au primaire, puis augmentent à 12 % au secondaire 1er cycle. En raison de redoublements et de décrochages survenus au cours de la scolarité, le taux de non-scolarisation connaît ensuite une hausse au secondaire 2ème cycle (29 %). Le taux de non-scolarisation des enfants habitant les milieux ruraux est supérieur à la moyenne à chaque niveau d’enseignement. Il en est de même pour les enfants les plus pauvres.

Le taux de non-scolarisation est de 8 % au primaire, puis augmentent à 12 % au secondaire 1er cycle

Les données montrent l’importance de l’inégalité de richesse dans le niveau de scolarisation. Dans ce sens, une des propositions clés pour lutter contre la non-scolarisation est de supprimer les frais de scolarité, ce qui faciliterait l’accès des plus pauvres à l’école. Par ailleurs, l’établissement des cantines scolaires peut aussi favoriser l’accès des enfants les plus démunies. L’inégalité au niveau des régions est aussi flagrante. Pour cela, il est nécessaire d’investir dans les infrastructures des régions les plus pauvres afin de faciliter l’accès des enfants y résidant. L’inégalité régionale peut aussi être battue avec une plus grande déconcentration des services et de la gestion, où certaines responsabilités et certains pouvoirs sont transférés vers les collectivités locales. Étant donné le taux de non- scolarisation bien plus important pour les filles surtout vers la fin du secondaire, il est impératif de développer un programme d’apprentissage en santé reproductive pour les filles et les garçons afin de lutter contre le mariage précoce. Finalement, une réforme des programmes serait importante pour les rendre plus attirants, surtout au secondaire. Des formations liées aux métiers industriel et agricole, par exemple, peuvent trouver du répondant chez les enfants non scolarisés.

Compétences

Seulement 6 % des enfants fréquentant la 3ème année du primaire auraient les compétences fondamentales en lecture, tandis que 5 % aurait les compétences attendues en calcul. Pour ceux qui continuent à fréquenter l’école, les résultats ont tendance à s’améliorer. Chez les enfants en 2ème année du secondaire, la proportion ayant les compétences fondamentales en lecture monte à 71 %. Néanmoins, l’acquisition de compétences au cours de la scolarité est davantage évidente en lecture qu’en calcul, où 28 % des enfants en 2ème année du secondaire font preuve des compétences de base. Les données indiquent que les compétences fondamentales font défaut particulièrement chez les enfants non-scolarisés, c’est-à-dire ceux qui n’ont jamais fréquenté l’école ou qui ne fréquentent pas l’école pendant l’année où le sondage est effectué. Seulement 1 % des enfants non-scolarisés font preuve de compétences fondamentales en calcul ou en lecture. Il existe un fort écart entre les résultats d’apprentissage des enfants qui habitent les milieux ruraux et ceux des enfants habitant les villes. Presque trois fois plus d’enfants de ville ont les compétences de base en lecture par rapport aux enfants habitant les milieux ruraux. Un écart de proportions similaires existe pour les compétences en calcul, même si celles-ci sont systématiquement moins développées. La plus grande inégalité en ce qui concerne les résultats d’apprentissage est une fonction de différences socioéconomiques. 43 % des enfants du quintile le plus riche de la population ont acquis les compétences fondamentales en lecture, tandis que seulement environ 5 % des enfants les plus pauvres ont pu faire de même.

Seulement 6 % des enfants fréquentant la 3ème année du primaire auraient les compétences fondamentales en lecture

Globalement, environ 70 % des jeunes togolais âgés de 15 à 24 ans sont alphabétisés, même si plus d’hommes que de femmes y sont compris (84 % versus 66 %).

Un des aspects fondamentaux pour augmenter le niveau de compétences en lecture et en mathématiques dans le pays serait d’adapter le curriculum pour le rendre plus pratique et plus intéressant. Un programme plus en lien avec les besoins du marché du travail garantirait une plus grande participation des enfants à l’école et par conséquent un plus fort niveau d’apprentissage. Un exemple de nouveaux programmes peut inclure l’entreprenariat. L’investissement auprès des professeurs, surtout à travers des meilleures conditions de contrat et salaire, est une alternative pour augmenter le niveau de qualification et de capacité pédagogique des enseignants, ce qui mènerait aussi à un plus fort taux d’apprentissage. Comme démontrera la sixième section, il est impératif de lutter contre le mariage précoce et le travail des enfants, deux grands enjeux qui diminuent la participation des élèves à l’école, mais aussi qui posent des difficultés d’apprentissage aux enfants inscrits à l’école. Finalement, il est fondamental de soutenir les familles les plus vulnérables, car les données pointent sur une bien plus forte difficulté des enfants venant de ces milieux à réussir à l’école.

Redoublement et décrochage

Les taux de redoublement varient considérablement par classe, ceux de la quatrième année du secondaire 1er cycle (29 %) et de l’avant dernière année du secondaire 2ème cycle (29 %) étant les plus élevés. Pour tous les niveaux, les taux de redoublement sont plus élevés que le taux de décrochage pour toutes les classes. Le décrochage est assez faible au primaire (moins de 3 % pour toutes les classes), mais il augment au 1er cycle du secondaire (entre 4 et 6 %) et encore plus vers la fin du secondaire. Autrement dit, la transition d’un niveau donné vers le niveau suivant du cycle d’enseignement s’avère difficile pour une proportion considérable d’enfants. 60 % des enfants qui arrivent en 4ème année du secondaire 2ème cycle — ce qui en termes d’effectifs, il convient de noter, correspond déjà à un nombre de jeunes largement réduit en raison des décrochages des années précédentes — n’effectuent pas la transition vers l’enseignement supérieur. Plus de 80 % des enfants togolais âgés de 7 à 15 ans sont scolarisés. Cela étant dit, ces enfants assistent souvent à des cours qui ne correspondent pas à leur âge. Alors que 12 ans est désigné comme l’âge d’entrée officiel au secondaire 1er cycle, il y a davantage d’étudiants de 12 ans qui fréquentent le primaire que le secondaire : 56 % versus 36 %. Au même titre, les jeunes âgés de 14 à 17 ans fréquentent plus souvent le secondaire 1er cycle que le secondaire 2ème cycle. C’est juste à l’âge de 18 ans que plus d’adolescents sont au 2ème cycle du secondaire qu’au 1er. L’éducation de la petite enfance est sous- fréquentée, ayant un taux de participation de seulement 24 % pour les enfants âgés de 3 ans et d’à peine 29 % pour les enfants de 4 ans. Une grande partie des enfants en âge d’aller au pré-primaire sont déjà scolarisés au primaire. Par exemple, à l’âge de 5 ans, il y a presque cinq fois plus d’enfants au primaire qu’au pré-primaire.

Au primaire, le taux de promotion des filles est 0.9 points de pourcentage (pp) inférieur à celui des garçons. Pourtant, quelques alternatives sont disponibles pour resserrer cet écart. Par exemple, quand l’enseignant est une femme le taux de promotion des filles est 1.4 pp supérieur à celui des garçons. En outre, l’existence de latrine dans l’école permet de réduire la différence de taux de promotion entre filles et garçons de 0.4 pp. Certaines autres politiques sont aussi cruciales pour diminuer le redoublement et le décrochage. Par exemple, étant donné la plus grande difficulté des enfants plus pauvres, la distribution de suppléments nutritionnels est associée avec un taux de promotion 0.7 pp plus élevé en primaire. Finalement, la taille des classes est un facteur majeur pour assurer la promotion des élèves. Actuellement au Togo, la taille moyenne des classes au primaire est de 44 élèves, alors que les taux de promotion pourraient augmenter de 6,4 points de pourcentage si la taille moyenne des classes était réduite à 34 élèves. Cela impliquerait sans doute une augmentation du recrutement d’enseignants qualifiés mais aussi une meilleure répartition des enseignants entre écoles.

Protection de l’enfance

Le mariage précoce est largement plus répandu chez les femmes que chez les hommes. Au total, moins de 2 % d’hommes âgés de 20 à 24 ans ont été mariés avant leurs 18 ans, proportion qui monte à 25 % chez les femmes. Les jeunes femmes concernées par le mariage précoce ont des taux d’alphabétisation bien moins élevés que celles qui ne le sont pas.

Les jeunes femmes concernées par le mariage précoce ont des taux d’alphabétisation bien moins élevés que celles qui ne le sont pas

Presque la moitié des enfants âgés de 5 à 17 ans sont impliqués dans une forme de travail, les enfants qui travaillent étant surtout ceux qui appartiennent aux quintiles les moins riches et ceux qui habitent les milieux ruraux. Bien que les taux de fréquentation scolaire des enfants qui travaillent ressemblent à ceux des enfants qui ne travaillent pas pour les enfants en âge d’être au primaire et au début du secondaire, la fréquentation scolaire connaît ensuite une baisse générale à l’âge de 16 ans qui est plus élevée pour les enfants qui travaillent. L’inégalité entre ces deux groupes se voit également de par les résultats de l’apprentissage : parmi les enfants de 7 à 14 ans, ceux qui ne travaillent pas possèdent les compétences fondamentales et en lecture et en calcul à des taux plus important que ceux qui travaillent (22 % versus 14 % et 10 % versus 8 %, respectivement).

Presque la moitié des enfants âgés de 5 à 17 ans sont impliqués dans une forme de travail

Le mariage précoce étant surtout présent chez les femmes, une éducation reproductive progressiste est fondamentale. Ce type d’éducation sexuelle au niveau des élèves passe aussi par une plus grande sensibilisation des communautés. Il est impératif d’inclure et les filles et les garçons dans ce type d’initiative montrant leur responsabilité partagée dans la lutte contre le mariage précoce. Pour lutter contre le travail des enfants, il est nécessaire d’augmenter l’attractivité de l’école, rendant les programmes plus attirants et plus en lien avec les besoins du marché du travail. Il est important aussi d’augmenter la conscience des parents sur la nocivité et du mariage précoce et du travail des enfants, afin de créer chez eux des partenaires fondamentaux pour l’éducation et l’apprentissage.

Éducation inclusive

Même si une législation inclusive est déjà en place au Togo, il est très important de travailler sur un renforcement des dispositions institutionnelles pour faire valoir la loi et les bonnes pratiques d’intégration des enfants avec des difficultés fonctionnelles. Il est aussi important de soutenir les parents de ces enfants et confirmer l’essentialité de la présence de leurs enfants à l’école. Pour cela, il faut que l’école soit préparée pour retirer les barrières qui empêchent souvent les enfants avec des difficultés fonctionnelles d’y participer pleinement. Adapter le contexte scolaire, y compris l’infrastructure, est fondamentale pour assurer un fort niveau d’apprentissage de ces enfants. L’État doit être présent pour cette transformation de l’école dans un environnement plus inclusive, promouvant des fournitures scolaires adaptés et garantissant la formation des enseignants dans une pédagogie progressiste et inclusive.

Enseignement à distance

La radio et la télévision sont les outils d’enseignement à distance les plus répandus à travers le pays, étant présente dans les foyers de presque la moitié (45 %) des élèves âgés de 3 à 24 ans ayant une radio à la maison et 42 % ayant une télévision. Les enfants de milieux ruraux ont largement moins d’accès aux outils d’enseignement à distance que les enfants de milieux urbains, surtout en ce qui concerne l’électricité et les technologies qui en dépendent (télévision et Internet). En revanche, l’accès à la radio est supérieur au milieu rural. Les élèves les plus pauvres manifestent de très faibles taux d’accès aux outils d’enseignement à distance, le seul outil auquel une proportion signifiante a accès depuis la maison étant la radio, et ce à un taux de seulement 36 %. En revanche, les élèves des foyers les plus riches ont catégoriquement accès et à l’électricité et à la télévision. L’accès est le plus restreint au niveau primaire, qui est fréquenté par l’échantillon de la population le plus large et comprend donc des enfants de situations socioéconomiques diverses et variées. 31% des élèves n’ont accès depuis la maison ni à la télévision, ni à la radio.

31% des élèves n’ont accès depuis la maison ni à la télévision, ni à la radio

Les enfants ayant accès à des outils d’enseignement à distance, tel que la télévision ou internet, ont systématiquement un taux de compétences fondamentales plus élevé que ceux qui n’en ont pas. En revanche l’accès à la radio, comme il est concentré en milieu rural et pauvre, est plus lié à des plus faibles compétences en lecture et en calcul.

L’accès aux livres pour enfants est extrêmement rare, et ce à travers les différents échantillons démographiques d’élèves. Seuls les enfants de milieux urbains, du quintile le plus riche, ou dont la mère a atteint au moins l’enseignement secondaire 2ème cycle auraient accès à des livres pour enfant à la maison à un taux supérieur à 15 %. Environ 64 % des enfants âgés de 7 à 14 ans auraient quelqu’un à la maison qui les aide aux devoirs. Ce taux est le plus élevé chez les plus riches (82 %) et ceux dont la mère a atteint l’enseignement secondaire (76 %). Les enfants de milieux ruraux ont bien moins d’accès à cette forme d’assistance, au même titre que les enfants les plus pauvres et ce dont la mère n’a pas été scolarisée.

Les enfants ayant accès à des outils d’enseignement à distance, tel que la télévision ou internet, ont systématiquement un taux de compétences fondamentales plus élevé que ceux qui n’en ont pas

Les élèves togolais font face à des très fortes inégalités d’accès à l’éducation via la technologie. Pour remédier à cette inégalité, une alternative consiste à développer les réseaux de connexion à l’école pour augmenter l’accessibilité de ceux vivant dans des foyers où les outils ne sont pas disponibles. Il est également important de soutenir les familles plus vulnérables où on peut constater les plus faibles taux d’accès à internet par exemple. La création de centres d’informatique peut bénéficier non seulement les enfants et les adolescents, mais aussi leurs parents qui pourront accéder à internet quand cela n’est pas disponible dans leur foyer. Plus généralement, l’État doit investir dans l’électricité, ainsi que dans l’extension des réseaux de télécommunication qui sont nécessaires avant d’augmenter l’offre disponible au niveau des foyers et des écoles. Finalement, il est important de collecter des meilleures données ciblant la politique éducative afin de mesurer à quel point les technologies disponibles à la maison sont effectivement utilisées par les enfants et les adolescents pour des fins d’apprentissage.

 

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