Examen de la Politique d’investissement du Togo, CNUCED, Janvier 2023

Examen de la Politique d’investissement du Togo, CNUCED, Janvier 2023

Auteur : CNUCED 

Type de publication : Rapport 

Date de publication : avril 2023  

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Le Togo a enregistré une performance économique solide durant la dernière décennie. En partie grâce aux efforts déployés par le Gouvernement pour moderniser les infrastructures et améliorer le climat des affaires, la croissance annuelle s’est chiffrée à 5,2 % en moyenne entre 2012 et 2021. Figurant parmi les plus élevées des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de l’Afrique subsaharienne, les autorités anticipent une croissance de 7,5 % d’ici 2025.  

Lomé est un important centre financier de l’UEMOA. Le Togo abrite les sièges de la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et de la Banque ouest-africaine de développement, ainsi que de grands groupes privés qui opèrent en Afrique subsaharienne. La capitale togolaise occupe, de ce fait, une position de leader dans les activités financières.  

La volonté politique est forte pour améliorer l’environnement des affaires et de nombreuses réformes ont été adoptées. Menées sous l’égide de la Cellule du climat des affaires (CCA), créée en 2017 et directement rattachée à la Présidence de la République, ces réformes concernent l’amendement des législations relatives au foncier, aux investissements et au travail, ainsi que la simplification et la digitalisation de procédures essentielles au secteur privé. Elles incluent, par exemple, la création d’entreprises, la déclaration et le paiement des impôts en ligne, ainsi que la mutation des titres de propriété et la numérisation de la procédure au tribunal de commerce (TC) de Lomé. Des réalisations notables concernent aussi d’autres domaines, dont l’obtention de crédit et des permis de construire ou les coûts de raccordement électrique, qui ont été revus à la baisse.

Lomé est un important centre financier de l’UEMOA

L’accès aux marchés est un facteur d’attractivité. Le Togo est membre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’UEMOA, a ratifié l’accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), et bénéficie de l’Accord-cadre sur le commerce et l’investissement entre les États-Unis et l’UEMOA, de la Loi sur le développement et les opportunités africaines et de l’Accord de partenariat Union européenne (UE)-Afrique Caraïbes Pacifique. Les entretiens de la CNUCED pendant les missions exploratoires ont relevé que l’accès, en particulier, aux marchés régionaux a été un des éléments déterminants dans l’installation d’entreprises étrangères dans le pays.  

Des investissements importants ont été engagés pour l’amélioration des infrastructures. Des centaines de kilomètres de routes ont été réaménagées et le Port Autonome de Lomé (PAL), seul port maritime en eau profonde de la région, est un atout. Au niveau aérien, la compagnie panafricaine Asky Airlines, basée à Lomé, dessert un nombre important de destinations régionales, ainsi que New York. Le Togo a aussi affirmé une volonté forte d’améliorer son autonomie énergétique avec l’installation de projets de production d’énergie et d’accélérer sa transformation numérique avec l’inauguration du Lomé Data Center. Enfin, la Plateforme industrielle d’Adetikopé (PIA), inaugurée en 2021, représente une nouvelle étape vers l’industrialisation. Zone industrielle centrée sur la production textile, l’agro-industrie et la logistique, elle est aussi ouverte à d’autres secteurs, tels que l’automobile, le pharmaceutique, la cosmétique, l’emballage et le recyclage.  

En dépit des efforts déployés, les flux d’investissements étrangers directs (IED) sont demeurés volatils et modestes. L’investissement est entré au Togo principalement par le biais de partenariats public-privé (PPP) et d’aide au développement. Entre 2012 et 2015, une tendance positive a caractérisé les entrées d’IED (croissance moyenne de 11 % par an), mais depuis 2016 elle a été stoppée. Les informations disponibles ne permettent pas d’identifier les raisons de cette progression. En conséquence, les flux moyens entre 2012-2016 et 2017-2021 ont été divisés par presque deux. 

La performance du Togo en termes d’attraction des IED est aussi faible par rapport à d’autres pays de la région. En termes absolus, les flux entrants étaient sur les périodes 2012-2016 et 2017-2021 inférieurs à ceux des autres pays de l’UEMOA, à l’exception de la Guinée-Bissau (tableau 1). Le stock d’IED s’élevait à $1,9 milliard en 2021. En termes relatifs, par rapport au nombre d’habitants, en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) et de la formation brute de capital fixe, la performance du pays a baissé et est plus faible que la plupart des comparateurs. Elle est aussi inférieure à la moyenne du groupe des pays moins avancés (PMA) en Afrique pour les indicateurs des flux et du stock d’IED.  

Lancée en 1984, la privatisation a été une source importante d’IED. Le Togo est le troisième pays de l’UEMOA en termes de mobilisations de ressources par les privatisations, après la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Des entreprises étrangères ont participé à l’acquisition d’hôtels, de banques, de cimenteries et d’entreprises de télécommunications et agroalimentaires. L’État togolais demeure actionnaire dans plusieurs sociétés d’infrastructures, ressources naturelles et services (transport, entreposage et hôtels).

En dépit des efforts déployés, les flux d’investissements étrangers directs (IED) sont demeurés volatils et modestes

Les services financiers et l’industrie manufacturière concentrent les IED. Les données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) montrent qu’en 2020, 78 % du stock des IED était dans l’intermédiation financière et d’assurance, 14 % dans l’industrie manufacturière ; les 8 % restants étaient répartis entre d’autres industries. Au niveau de l’industrie manufacturière, la fabrication de matériaux de construction figure au premier rang en capital investi, ce qui s’explique notamment par une demande croissante pour les infrastructures et les logements. Cinq entreprises privées, dont trois filiales d’entreprises étrangères, détiennent des permis miniers à grande échelle, et deux d’entre elles extraient du calcaire et le fournissent aux usines de fabrication de ciment de leur groupe. Des entreprises d’IED de plus petite taille sont également présentes dans la production de biens de consommation (par exemple articles de ménage, chaussures, produits cosmétiques et de parfumerie), alimentaires, ainsi qu’industriels (par exemple lubrifiants, menuiseries, emballages, plastiques). En outre, quelques entreprises sont actives dans l’assemblage et le montage de poids lourds et divers engins à partir de pièces importées, ainsi que dans la transformation de produits agricoles, notamment de fruits et légumes tropicaux et d’oléagineux, souvent destinés à l’exportation.  

Dans les dernières années, le Togo a vu un nombre croissant de projets d’IED dans les services aux consommateurs et de soutien aux entreprises. Ces projets incluent des centres d’appels, des plateformes électroniques pour le commerce et la logistique, ou des solutions de numérisation de paiements. Mis en œuvre grâce aux nouvelles technologies numériques, ces investissements fournissent à la population locale des solutions innovantes et génèrent un nombre appréciable d’emplois.  

La plupart des IED proviennent de pays africains, mais un rôle croissant de l’Europe et de pays émergents d’Asie est perceptible. La moitié du stock d’IED est détenue par des investisseurs africains, dont un peu plus de 60 % de l’Afrique du Sud (intermédiation financière) et 14 % de pays de l’UEMOA. La présence d’investisseurs africains s’explique par l’intervention d’entreprises, hors du continent, via leurs filiales africaines et par un nombre croissant d’investisseurs du continent qui étendent leurs activités. La part des investisseurs africains est néanmoins en baisse car elle représentait, en 2011, plus des deux-tiers du stock d’IED (FMI, 2018). Les investissements en provenance d’Asie, en particulier l’Inde, le Liban et le Qatar, croissent (10 % en 2011 et 21 % en 2020). La tendance est similaire pour les investisseurs européens ; leur part de 16 % du stock d’IED en 2011 est passée à 28 % en 2020, en raison notamment d’un investissement néerlandais dans le secteur bancaire. Enfin, la part d’autres économies européennes (Allemagne, Chypre, France, Gibraltar) oscille entre 1,5 à 4 % du stock d’IED.

 

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