Entretien avec François Kompatib, conseiller spécial du candidat Aimé Gogué

Entretien avec François Kompatib, conseiller spécial du candidat Aimé Gogué

Dans le cadre de l’initiative sur l’élection présidentielle au Togo, WATHI est allé à la rencontre de François Kompatib, conseiller spécial du candidat Aimé Gogué. Dans cet entretien, il évoque le parcours et l’engagement politique du candidat de l’Alliance des démocrates pour un développement intégral (ADDI) et revient sur les mesures phares de son programme.

  

Parcours du candidat 

Aimé Gogué  a un doctorat de l’Université de Montréal en 1976. Rentré au pays, il est recruté comme enseignant-chercheur à l’Université du Bénin, devenu Université de Lomé. Il commence véritablement sa vie politique à la veille de la conférence nationale avec la création d’une association qui deviendra plus tard un parti politique : Alliance des démocrates pour un développement intégral  (ADDI). Il a été ministre du Plan, puis ministre de l’Éducation sous le gouvernement de transition né de la conférence nationale. Il dispose d’une longue expérience dans l’administration nationale et internationale.

L’ambition d’Aimé Gogué de vouloir être président de la République 

Ce qui motive le candidat du parti ADDI, c’est qu’il dispose aujourd’hui d’une riche expérience et décide d’apporter ses compétences en tant qu’homme d’État pour gérer le Togo. Il se positionne comme quelqu’un qui vient apaiser les Togolais de tout bord.  Disposant des entrées aussi bien dans l’armée que dans les autres partis de l’opposition et même au sein du parti au pouvoir, il saura comment rapprocher les Togolais pour reconstruire le pays en 5 ans.

Les mesures phares du programme

  • L’éducation 

L’enseignement supérieur se trouve aujourd’hui dans un état effroyable avec des étudiants qui restent assis à même le sol pour suivre les cours. L’une des priorités c’est donc la réorganisation de l’enseignement supérieur en démultipliant les universités dans tout le pays. Nous aurons donc, en 5 ans, une université dans chaque région et deux dans celle des plateaux qui présente la particularité d’être plus vaste que les autres.

L’enseignement de base où on retrouve une moyenne de 160 élèves par classe n’est pas délaissé. Le candidat ambitionne de mettre en place un système éducatif qui sera en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi. Il mettra un accent particulier sur l’aspect professionnel.

  • La santé 

Il est urgent de couvrir tout le pays de centres de santé avec un plateau technique adéquat. Il est inadmissible aujourd’hui qu’on ne puisse pas faire l’échographie dans les hôpitaux de préfectures. Au niveau des régions, il faut des scanners. Le plateau technique doit être complet au niveau des hôpitaux de références, notamment les Centres hospitaliers universitaires (CHU).

Pour les zones enclavées, nous prévoyons des cliniques mobiles qui peuvent aller de villages en villages pour faire des soins. Les programmes de lutte contre les maladies auront une attention particulière. Aujourd’hui, ces programmes sont entièrement financés par l’aide extérieure, il faut que l’État reprenne progressivement la main sur cet aspect préventif important dans le système de santé du pays.

La question de l’emploi des jeunes 

C’est la priorité des priorités. En formant des jeunes qui ont des compétences professionnelles à vendre, nous pensons faciliter leur employabilité.  Notre ambition est de créer et d’étendre les usines dans les régions tout en mettant en place des pôles de développement régionaux en fonction des potentialités des différentes des localités.

Par exemple, la région des savanes peut être un pôle centré sur la production animale et celle de la Kara, un pôle de développement centré sur l’agriculture. Ce qui permettra aux jeunes de trouver du travail dans leurs localités.

L’Accord politique global

L’accord politique global (APG) a été enterré par le régime en place. Il n’a jamais été mis en pratique. Le président de la République a sorti un livre blanc qu’il a rangé dans les tiroirs. L’astuce a consisté à profiter des opportunités pour opérer des petites réformes. Par exemple, il a attendu d’avoir une assemblée à sa botte en 2019 pour limiter le mandat présidentiel à deux, une recommandation de l’APG qui date pourtant de 2006.  C’est pour cela que nous pensons qu’il faut tout remettre à plat et rebâtir un nouveau pays dans la concertation.

La gouvernance et les institutions

Le principal défi est de trouver des personnes compétentes qui sont capables de gérer les institutions, non pas pour les intérêts personnels, mais pour l’intérêt de la nation. Les personnes doivent être désignées pour leur qualité et non pas parce qu’elles sont à la solde du régime. Aujourd’hui, toutes les institutions du pays souffrent de cette faiblesse. Elles sont illégitimes, parce que les hommes qui les dirigent ne tiennent pas compte de l’éthique quand il faut prendre des décisions. Il faudra faire en sorte que la promotion soit un mérite, donc de la méritocratie à la place de la médiocratie à laquelle on fait face en ce moment.

La décentralisation et développement local

La décentralisation est à revoir, elle ne devrait pas être une question politique. Au niveau des communes par exemple, au Ghana, il est interdit aux partis politiques de s’ingérer dans la gestion des communes. C’est la société civile qui en a la charge et nous pensons qu’il devrait en être ainsi au Togo. Il faudra réorganiser des élections locales crédibles, pour donner une chance  aux citoyens disponibles, qui maitrisent bien leur milieu, de gérer les communes.

Le contexte sécuritaire

La sous-région vit dans un contexte sécuritaire assez inquiétant. Aucun pays du continent ne peut prétendre faire face seul à cette menace. Il faut des brigades spécialisées contre le terrorisme afin d’augmenter la sécurité des citoyens. Les forces armées seront dévolues à leur rôle de protection du territoire, elles ne seront plus utilisées pour réprimer les populations. La réforme de la police et de la gendarmerie tiendra compte des normes internationales.

La nouvelle monnaie ECO

Aimé Gogué est pour une monnaie ECO qui couvrirait tout l’espace CEDEAO, une monnaie qui serait flexible, qui serait relié à un panier de devises étrangères et non à une seule monnaie. Elle permettra le développement des pays de la sous-région.

La participation des femmes

A égalité, il faut garantir 50% pour chaque genre. La pratique des quotas est bonne, mais elle porte aussi le risque d’introduire une certaine médiocrité dans le choix des femmes. Nous pensons qu’au-delà d’imposer les quotas, il faut tenir compte de la volonté des femmes à accéder aux postes importants. C’est pourquoi nous mettrons un accent particulier sur la formation des femmes afin de les inciter à accéder à la vie politique du pays. Ensuite, il faudra leur attribuer des postes sur la base du mérite sur le même pied d’égalité que les hommes.

La processus électoral apaisé 

Le candidat est très engagé dans un processus de mutualisation des forces démocratiques pour assurer la transparence des élections. Généralement, le processus est apaisé jusqu’au soir du vote. C’est lorsque le régime refuse la transparence, et que les résultats ne sont pas conformes au vote des citoyens, que la situation se complique. Nous sommes le premier pays en Afrique de l’Ouest à organiser une élection en 2020, nous voulons un modèle de transparence. S’il y a la transparence absolue, nous reconnaitrons le gagnant, qui qu’il soit.

 


Source photo : togobreakingnews.info

Commenter