Enquête Régionale Intégrée sur l’Emploi et le Secteur Informel (ERI-ESI) Togo, 2017 – Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques et AFRISTAT, 2019

Enquête Régionale Intégrée sur l’Emploi et le Secteur Informel (ERI-ESI) Togo, 2017 – Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques et AFRISTAT, 2019

Auteurs : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques et AFRISTAT

Organisation affiliée : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques et AFRISTAT

Type de publication : Rapport

Date de publication : 2019

Lien vers le document original

 

*Wathinotes are excerpts of publications chosen by WATHI and converted into original documents. The reports used to create Wathinotes are selected by WATHI based on their pertinence to the context of the countries and subjects in question. The goal of Wathinotes is to promote the reading and sharing of original documents that are not the property of WATHI, but written by highly qualified scholars and experts.


 

Environnement économique

L’activité économique togolaise bénéficie ces dernières années de plusieurs réformes structurelles mises en œuvre à travers des différents projets d’appui au développement de l’agriculture et de renforcement des infrastructures socio-économiques dans le souci de sa redynamisation. On note la mise en place d’un cadre propice à l’amélioration du climat des affaires, l’opérationnalisation de l’Office togolaise des recettes (OTR) visant à la fois une rationalisation du système de collecte et une formalisation du secteur informel tout en recouvrant davantage de recettes à l’Etat, la mise en exploitation des infrastructures réalisées, notamment du 3ème quai, d’un port de transbordement et d’une darse au Port Autonome de Lomé (PAL). Toutefois la croissance économique a connu une tendance baissière entre 2015 et 2017 passant notamment de 5,7% en 2015 à 5,0% en 2016 puis à 4,4 % en 2017 du fait des tensions politiques et de la forte contraction budgétaire. Du côté de la demande, la croissance a été tirée par un renforcement de l’investissement privé, qui a bénéficié de l’amélioration du climat des affaires, notamment la réduction des coûts et des délais nécessaires à la cession et au transfert de propriété. En moyenne, l’inflation est de -0,7% en 2017.

Les investissements directs étrangers ont contribué à plus de 40 % des besoins en financement extérieurs, les prêts de long terme couvrant le reste. Avec la prolongation du mécanisme élargi de crédit du FMI approuvé en mai 2017 pour restaurer la viabilité des finances publiques tout en préservant les secteurs sociaux, le gouvernement a engagé un programme d’assainissement budgétaire qui a permis de ramener le ratio de la dette publique au PIB d’un taux record de 81,6% en 2016 à 74,1 % en 2018. Le déficit budgétaire, qui ressortait à 9,6 % du PIB en 2016, s’est amélioré, pour atteindre 3,1 % en 2018.

Situation des inactifs

Sur la population de 15 ans ou plus, 26,3% sont inactives. Au Togo plus de la moitié des inactifs de 15 ans et plus sont des femmes (53,8% contre 46,2% pour les hommes) et la tendance est la même dans toutes les régions du Togo. Selon le groupe d’âge, l’inactivité touche beaucoup plus les adultes (25-64 ans.) avec un taux de 71,3% alors que les jeunes de 15-24 ans ne le sont qu’à 28,1%. Selon le niveau d’instruction, environ 4 inactifs sur 10 (39,9%) ont un niveau secondaire.

Sur la population de 15 ans ou plus, 26,3% sont inactives. Au Togo plus de la moitié des inactifs de 15 ans et plus sont des femmes (53,8% contre 46,2% pour les hommes) et la tendance est la même dans toutes les régions du Togo

Cette situation est la même dans toutes les régions à l’exception de la région des Savanes, les inactifs majoritaires sont ceux n’ayant aucun niveau d’instruction (57,2%). Le milieu rural reste le milieu le plus touché par l’inactivité avec 54,3% des inactifs vivant dans ce milieu, à l’exception de la région du Grand Lomé où 98,4% des inactifs sont du milieu urbain et plus particulièrement de Lomé.

Sous-utilisation de la main-d’œuvre

Tout comme tous les pays membres de l’UEMOA, le Togo n’a pas de problème de chômage au sens strict du BIT, mais plutôt un problème de sous-emploi. L’analyse des données issues du terrain montre que le taux de chômage au sens du BIT au Togo en 2017 est de 3,9%. Selon les caractéristiques sociodémographiques, le chômage touche plus les hommes (5% contre 2,9% pour les femmes), les individus du niveau supérieur (14,5%), ceux appartenant à la tranche des 15-24 ans (9,7%) et ceux qui résident à Lomé (7,8%).

Bilan de l’emploi

En Afrique et plus spécifiquement au Togo, le secteur informel est le grand pourvoyeur de l’emploi. Le bilan de l’emploi se présente comme suit :

  • Au Togo, plus de neuf emplois sur dix (91,6%) sont fournis par le secteur informel quel que soit le secteur d’activité. Ce niveau atteint même 98% dans le secteur privé contre 3,4% dans le secteur public ;
  • La dominance de l’emploi informel est plus marquée dans le secteur institutionnel agricole avec 99,7% des emplois et le secteur privé agricole est exclusivement marqué par l’emploi informel et plus d’un emploi sur cinq (23,1%) des emplois du secteur public sont des emplois informels. Ce qui peut s’expliquer par le caractère traditionnel et familial de l’agriculture en Afrique ;
  • Même le secteur institutionnel non agricole est dominé par l’emploi informel (87,9%) et plus particulièrement son secteur privé (96,9%)

Revenu du travail et principales caractéristiques

Il est généralement admis qu’il existe une forte corrélation entre le niveau d’études et celui du salaire perçu. L’analyse des données issue de cette enquête ne déroge pas à la règle.

Le niveau de revenu moyen au Togo est de 70.634 FCFA pour 5,5 ans d’études. Ce revenu varie selon le statut dans la profession de 40.761 FCFA chez les apprentis/aides familiaux 3,3 ans d’études) à 93.206 FCFA chez les salariés (10 ans d’études). Notons que les employeurs qui ont niveau d’études inférieur à celui de salariés perçoivent les revenus les plus élevés (108.462 FCFA). Les hommes sont plus rémunérés que les femmes avec 74.819 FCFA contre 66.727 FCFA pour les femmes Selon le statut socioprofessionnel, le revenu moyen varie de 54.751 FCFA chez les manœuvres (7,4 ans d’études) à 305.606 FCFA chez les cadres supérieurs/ingénieurs et assimilés (16,4 ans d’études). Selon la branche d’activité, le revenu mensuel varie de 43.047 FCFA chez les travailleurs du primaire à 89.296 FCFA pour ceux des services.

Le Togo n’a pas de problème de chômage au sens strict du BIT, mais plutôt un problème de sous-emploi

Dans les États membres de l’UEMOA, les lois existantes sur l’emploi instituent un salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) aux travailleurs et en général, elle n‘est toujours pas respectée. Au Togo, 13,8% de la main d’œuvre perçoivent un revenu moyen inférieur au SMIG. Plus de la moitié des apprentis/aides familiaux (50,1%) perçoivent un revenu moyen inférieur au SMIG et cette proportion est de 11,7% chez les travailleurs indépendants et 11,9% chez les travailleurs à leur propre compte et 12,2% chez les salariés. Selon le statut professionnel, ce sont les apprentis ou stagiaires payés qui sont les plus frappés (86,6%), suivi de manœuvres (18%) et des ouvriers semi qualifiés (16,9%).

Par ailleurs, dans ces états où le secteur informel est très prépondérant en matière d’utilisation de la main d’œuvre, la main d’œuvre vit dans une situation de précarité marqué par un taux élevé de bas salaire. En effet, au Togo, plus du tiers des travailleurs (35,2%) perçoivent de bas salaire (en dessous du 2/3 du salaire médian). Ce niveau de bas salaire frappe toutes les catégories de travailleurs et dans une moindre mesures les employeurs, les employés qualifiés, les cardes moyens et les cadres supérieurs.

Le niveau de revenu moyen au Togo est de 70.634 FCFA pour 5,5 ans d’études. Ce revenu varie selon le statut dans la profession de 40.761 FCFA chez les apprentis/aides familiaux 3,3 ans d’études) à 93.206 FCFA chez les salariés (10 ans d’études)

Le marché du travail togolais est caractérisé par la prépondérance du secteur privé. Il constitue, parmi les acteurs, le plus gros secteur employeur absorbant à lui seul 92,8% des emplois pour l’essentiel des emplois issus d’une initiative privée (69,2%).

Au Togo, 13,8% de la main d’œuvre perçoivent un revenu moyen inférieur au SMIG

Bien que l’accès à la fonction publique repose sur des critères relativement objectifs (diplômes, réussite aux examens) qui, laisse peu (ou moins) de place à la discrimination directe en raison de leur sexe que les femmes peuvent rencontrer auprès d’employeurs potentiels dans le secteur privé, leur proportion demeure faible par rapport à celle des hommes relativement plus nombreux (2,6% pour les femmes contre 10,5% pour les hommes). Suivant le milieu de résidence, la proportion des actifs du public est deux fois plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural.

Femmes et marché du travail

A plus de 75%, les femmes sont concentrées (i) dans les activités du commerce de détail (85%), notamment dans toutes les régions à plus de 75%, (ii) dans la branche d’hébergement et restauration (93,6%) et dans toutes les régions à plus 87% et (iii) dans les activités spéciales de ménages à 79,5% et dans toutes les régions à l’exception de Centrale et de Kara. Les femmes sont dominantes entre 50 et 75% dans les branches (i) du commerce du gros (65,9%), dans les régions à l’exception de Kara et des Savanes, (ii) de sylviculture, exploitation forestière et activités de soutien ((66,7%), notamment dans les Centrales (87,3%) et Kara (90,3%), (iii) de fabrication (56,6%) et dans toutes les régions à l’exception de Grand Lomé (45,2%), (iv) des autres activités des services nca (tailleurs, pressing, coiffure, réparations de biens domestiques, etc.) à 57,5%.

Caractéristiques des emplois dans le secteur informel

La majorité des actifs occupés dans le secteur informel sont souvent des proches ou parents des chefs d’UPI [Unités de Production Informelles]. Seulement 7,0% des employés dépendants n’ont pas de lien de parenté avec leur chef d’UPI (Tableau 10.4). Ce recours massif, d’ampleur variable, à la main-d’œuvre familiale est généralisé pour tous les secteurs d’activités. Globalement, l’Industrie est le secteur où le recrutement parmi les proches est relativement moins courant (13% de la main d’œuvre n’a aucun lien avec le CUPI [Chef d’Unités de Production Informelles).

Cependant, comparé aux autres secteurs, ce secteur est celui qui présente des proportions plus élevées d’actifs non rémunérés ou payés en nature (17,6%). Le secteur informel s’apparente ainsi à une économie populaire et familiale ancrée dans les valeurs morales traditionnelles, un espace de solidarité et de convivialité, ou encore une pépinière d’entrepreneurs pauvres mais inventifs et fiers de leur indépendance. En tenant compte de l’âge, les jeunes de moins de 25 ans représentent moins de 20% des actifs informels et ceux âgés de moins de 15 ans sont en proportion marginale (1,5%). Ils sont généralement plus actifs dans les secteurs de l’Industrie et du Service (22,5% de moins de 25 ans).

Au Togo, plus du tiers des travailleurs (35,2%) perçoivent de bas salaire (en dessous du 2/3 du salaire médian)

Par rapport au genre, plus des deux tiers de la main-d’œuvre (69,7%) des UPI sont constituées de femmes. Les femmes exercent plus massivement dans le secteur du commerce (82,8%) et service (73,3%) quel que soit le milieu de résidence. Elles sont par contre moins bien représentées dans le secteur de l’Industrie, bien que majoritaire (51,0%). L’âge moyen de personnes travaillant dans le secteur informel est de 36,7 ans et l’ancienneté moyenne dans l’emploi est de 7,8 ans. C’est dans le secteur de l’Industrie qui culmine les âges les moins (35,2 ans) élevés que la moyenne de même qu’il reste aussi le secteur d’activité où la main d’œuvre est la plus ancienne (8,8 ans) et où le niveau d’études est plus élevé (5,1 ans).

Rémunération et horaire de travail dans le secteur informel

La durée légale du travail en vigueur au Togo est de 48 heures par semaine. Cette norme légale régissant la durée du travail semble avoir cours dans le secteur informel. Quelle que soit la caractéristique socioéconomique considérée, la durée hebdomadaire moyenne de travail ne dépasse pas 45 heures. Ces moyennes cachent toutefois, des disparités plus ou moins importantes selon le secteur d’activité et le sexe des travailleurs. . L’analyse de la distribution du temps de travail montre que la charge hebdomadaire de travail est très variable :

  • par secteur d’activité (de 40,9 heures pour le commerce à 34,8 heures pour le service),
  • par statut de travailleur (de 59 heures pour un patron à 50 heures pour les autres),
  • par sexe (43,5 heures pour les hommes et 34,5 heures pour les femmes),
  • par scolarité (40,5 heures en moyenne contre 34,5 pour les diplômés du supérieur),
  • Mode d’apprentissage du métier (37,4 heures dans autre cadre de formation et 36,4 heures dans un cadre formel).

La durée légale du travail en vigueur au Togo est de 48 heures par semaine. Cette norme légale régissant la durée du travail semble avoir cours dans le secteur informel

La rémunération mensuelle moyenne, calculée sur l’ensemble des actifs du secteur informel, est d’environ 17 700 francs et la moitié des travailleurs touchent moins de 5.000 FCFA par mois, ce qui équivaut en moyenne à 235 francs en termes de revenu horaire dans le secteur informel. Les travailleurs informels de Lomé s’en tirent relativement mieux avec un revenu moyen légèrement plus élevé (le revenu horaire est de 276,7 FCFA).

 

Commenter