Togo – Troisième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit et demande de modification de critères de réalisation, Fonds Monétaire International

Togo – Troisième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit et demande de modification de critères de réalisation, Fonds Monétaire International

Auteur : Fonds Monétaire International

Type de publication : Rapport

Date de publication : Décembre 2018

Lien vers le document original

*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts. 

 

Évolution récente de l’économie : des signes d’un début de stabilisation

L’activité économique semble commencer à se stabiliser dans certains secteurs, tout en restant faible dans d’autres. Après avoir nettement ralenti en 2017, avec un creux de 4,4 %, la croissance devrait, selon les projections, s’accélérer légèrement pour atteindre 4,7 % en 2018. Les activités à vocation exportatrice, telles que l’extraction des phosphates et la production de coton, s’améliorent, mais la reprise du secteur des services est encore fragile. L’activité au port reprend et le trafic à l’aéroport se stabilise.

Le crédit au secteur privé s’est redressé et avait progressé de 9 % en glissement annuel en août 2018. Les prix ont commencé à augmenter et sont entrés en territoire positif ; l’inflation globale s’est chiffrée à 0,9 % (en glissement annuel) en septembre 2018, en partie sous l’effet de la hausse des prix des carburants et, peut-être, du renforcement de la demande intérieure.

Au premier semestre de 2018, les recettes ont augmenté de 16 % par rapport à la même période en 2017, dépassant les projections de 1,5 point de pourcentage du PIB

L’assainissement budgétaire a été remarquable en 2017 et les résultats du premier semestre de 2018 ont dépassé l’objectif fixé. En 2017, malgré la faiblesse des recettes perçues, la réduction des dépenses a sensiblement amélioré le solde budgétaire global ; le déficit, sur la base des engagements, a été limité à 0,3 % du PIB. Au premier semestre de 2018, les recettes ont augmenté de 16 % par rapport à la même période en 2017, dépassant les projections de 1,5 point de pourcentage du PIB.

Dans le même temps, les dépenses ont été inférieures d’environ 3,4 points de pourcentage du PIB aux projections, principalement parce que les dépenses d’équipement financées sur ressources extérieures ont été inférieures aux prévisions en raison d’une exécution plus lente qu’anticipé des projets d’investissement. En conséquence, le solde budgétaire global (base engagements) s’est amélioré, passant de 0,2 % du PIB au premier semestre de 2017 à 0,7 % pendant la même période en 2018.

La capacité du Togo à lever des fonds sur le marché obligataire régional de l’UMOA s’est renforcée, les taux de souscription passant en moyenne de 77 % en 2017 à 94 % entre janvier et octobre 2018

L’encours des arriérés a été maîtrisé, tandis que celui des instances de paiement a augmenté. La loi de finances prévoyait une réduction nette de ces instances et des arriérés de 1,1 % du PIB au premier semestre de 2018, mais leurs encours n’ont pas varié. La diminution de 0,5 % du PIB de l’encours des arriérés (plus de 90 jours) a été neutralisée par une augmentation correspondante des instances de paiement (moins de 90 jours). L’effort déployé pour prévenir les retards de paiement de plus de 90 jours est salué ; néanmoins, un paiement rapide (même avant 90 jours) est recommandé. La capacité du Togo à lever des fonds sur le marché obligataire régional de l’UMOA s’est renforcée, les taux de souscription passant en moyenne de 77 % en 2017 à 94 % entre janvier et octobre 2018.

Mise en Œuvre du programme : les résultats sont dans l’ensemble satisfaisants

Les résultats obtenus dans le cadre du programme appuyé par la facilité élargie de crédit (FEC) ont été globalement satisfaisants, tous les critères de réalisations quantitatifs et l’un des deux objectifs indicatifs ayant été respectés à fin juin 2018. Les critères de réalisation quantitatifs relatifs au solde budgétaire primaire intérieur et au financement intérieur net ont été remplis avec une marge d’environ 2 % du PIB. Alors que l’objectif indicatif relatif au recouvrement des recettes a été dépassé de 1,5 % du PIB, celui concernant les dépenses sociales financées sur ressources intérieures n’a pu être réalisé (écart de 1 % du PIB).

Les repères structurels relatifs à la hiérarchisation des investissements et la restructuration des banques n’ont pas été atteints, mais des progrès ont été réalisés dans ces domaines. En ce qui concerne l’analyse coût-avantage des investissements publics, le guide méthodologique, préparé avec l’assistance technique du FMI, est presque terminé. Pour ce qui est des deux banques publiques fragiles, le plan de restructuration a été achevé et approuvé par la Commission bancaire de l’UMOA. Les transferts n’ont toutefois pas eu lieu, les autorités ayant modifié leur stratégie ; au lieu d’une restructuration et d’une recapitalisation par l’État, elles ont décidé de relancer la privatisation des deux établissements.

Perspectives à moyen terme : les risques diminuent, mais persistent

La croissance devrait s’accélérer pour atteindre environ 5,4 % par an à moyen terme. L’investissement et la productivité du secteur privé seraient soutenus par la récente modernisation des équipements publics et une demande robuste sur les principaux marchés d’exportation du Togo dans la sous-région. L’inflation devrait rester en deçà du critère de convergence de l’UEMOA (3% au maximum).

Le déficit courant serait ramené à moins de 6 % du PIB, grâce à une réduction des importations de biens d’équipement publics et à une amélioration des résultats à l’exportation

Le déficit courant serait ramené à moins de 6 % du PIB, grâce à une réduction des importations de biens d’équipement publics et à une amélioration des résultats à l’exportation. Sous l’effet conjugué de l’assainissement des finances publiques (visant un solde primaire global de 1,0 % du PIB) et de la croissance, le ratio dette publique/PIB reviendrait en dessous de 60 % en 2022 et la valeur actuelle nette de la dette publique en deçà du seuil de 55 % du PIB à compter de 2021.

Politique budgétaire : réduire la dette tout en protégeant l’activité économique

Le cadrage budgétaire pour 2018 reste inchangé. Après une forte progression au premier semestre 2018, les recettes ont été inférieures aux objectifs fixés au troisième trimestre de l’année. Afin d’atteindre l’objectif prévu pour la fin de l’année, l’office togolaise des recettes prend des mesures pour renforcer le recouvrement des créances fiscales et des impôts en contentieux. En outre, si nécessaire, les dépenses seront également contenues.

Le solde global a été bien plus élevé que prévu à la fin de juin 2018 : conjugué aux mesures susmentionnées, cela devrait permettre d’atteindre l’objectif de déficit budgétaire fixé pour la fin de l’année (3,1 % du PIB)

Le solde global a été bien plus élevé que prévu à la fin de juin 2018 : conjugué aux mesures susmentionnées, cela devrait permettre d’atteindre l’objectif de déficit budgétaire fixé pour la fin de l’année (3,1 % du PIB). Cet objectif est jugé adéquat, car il maintient la dette sur une trajectoire descendante tout en protégeant la stabilisation de l’activité qui s’amorce. Selon les projections, la dette publique devrait tomber de 81 % à 74 % du PIB (71 %, hors dette des entreprises publiques) entre la fin de 2016 et la fin décembre 2018.

Le léger assouplissement de la politique budgétaire, ainsi que les hausses des dons et les diminutions des dépenses courantes quelque peu supérieures aux prévisions, ouvre un certain espace pour des investissements publics favorables à la croissance. Sous l’effet de nouvelles mesures portant sur les recettes, les recettes fiscales et douanières seraient maintenues, selon les projections, à 9,7 % du PIB malgré la perte des recettes temporaires collectées en 2018.