Situation géographique
La région des Savanes est située à plus de 600 km de la côte à l’extrême nord du Togo. Elle s’étend entre 0° et 1° de longitude Est et 10° et 11° de latitude et couvre une superficie de 8 533 km2, soit 15% du territoire national. Elle est limitée au nord par le Burkina Faso, à l’est par le Bénin, à l’ouest par le Ghana et au sud par la région de la Kara.
Comme son nom l’indique, elle est formée de savanes d’une rare platitude, et apparait comme un ensemble de plaines et de plateaux relativement élevés où dominent des surfaces horizontales. Le climat, de type tropical soudanien, est caractérisé par une longue saison sèche qui s’étend d’octobre à mai et qui est marquée par l’ Harmattan, ainsi qu’une forte insolation avec des températures atteignant parfois 45°C. La saison pluvieuse courte, marquée par la Mousson, s’étale de mai à septembre.
Source : Researchgate.net
Structure démographique
La structure démographique de la région des savanes est caractérisée par une dynamique de reproduction intense et un déséquilibre du peuplement. En effet, la population de cette région a connu une évolution rapide passant de 240 723 habitants en 1970 (avec une densité de 28 h/km2), à 329 144 habitants en 1981 (pour une densité de 38 h/km2), soit un taux d’accroissement de 2,8%[1].
Estimée à 427 955 en 1990, la population passe à 565 906 en 2005. Elle se chiffre à 828 224 habitants[2] en 2010, elle est inégalement répartie sur l’ensemble de la région. Alors que la préfecture de Tône, qui abrite la métropole régionale Dapaong, compte 286 479 habitants, celle de Cinkassé se chiffre à seulement 78 592 personnes. On observe une concentration de la population dans la partie Nord-ouest alors que d’autres zones de la région sont sous-peuplées.
Cette inégale répartition de la population peut être expliquée par plusieurs facteurs notamment l’insalubrité des zones infectées par l’onchocercose ; les conditions naturelles difficiles avec un relief accidenté et un manque d’eau ; les structures socio-ethniques contraignantes etc. Par ailleurs, la création des réserves de faune, qui couvrent 49,10% de la préfecture de l’Oti et 12,2% de la préfecture de Tône, a engendré un courant d’immigration important des populations vers les zones favorables notamment les préfectures de l’Oti et de Tône qui concentrent à elles seules la moitié des habitants de la région (477 022)[3].
La population de la région des Savanes est dominée par les femmes dont le nombre est estimé à 430 228 contre 397 996 hommes. Cette population est essentiellement rurale. En effet, la région des savanes enregistre le plus faible taux d’urbanisation du Togo (14, 0 8%). On y compte seulement 116 637 urbains contre 711 587 personnes établies dans les zones rurales. Dans certaines préfectures comme Tandjoaré, le taux d’urbanisation est quasiment insignifiant (1,42%) avec une population urbaine qui se chiffre seulement à 1671 personnes contre 115 848 ruraux.
La préfecture de Tône qui abrite la capitale régionale enregistre à elle seule la moitié de la population urbaine de la région (58 071). Le renforcement des capacités urbaines de la capitale, Dapaong, à travers la concentration de l’essentiel des équipements et infrastructures, explique en partie cette forte urbanisation de la métropole à l’échelle régionale.
Organisation administrative
La région des Savanes constitue l’une des quatre premières entités administratives mis en place au lendemain de l’indépendance du pays. Elle a pour chef-lieu la ville de Dapaong qui a remplacé Mango, l’ancienne capitale régionale. Comme pour les autres territoires, la région la plus septentrionale du Togo a connu de multiples modifications. La configuration administrative actuelle est établie par le Décret n° 2017-144/PR du 15/11/17, fixant le ressort territorial et chef-lieu des communes des régions maritime et des savanes.
Ainsi, la région des Savanes se subdivise en 07 Préfectures ; 69 cantons ; 16 communes
Préfecture de l’Oti : Chef-lieu : Sansanne-Mango ; 8 cantons ; 2 communes
Préfecture de l’Oti-Sud : Chef-lieu Gando ; 8 cantons ; 2 communes
Préfecture de Tandjouaré : Chef- lieu : Tandjouare ; 16 cantons ; 2 communes
Préfecture de Kpendjal ; Chef-lieu : Mandouri ; 4 cantons ; 2 cantons
Préfecture de Kpendjal-ouest : Chef-lieu Naki-Ouest ; 7 cantons : 2 cantons
Préfecture de Tone ; Chef-lieu : Dapaong ; 18 cantons ; 4 communes
Préfecture de Cinkassé ; Chef-lieu : Cinkassé ; 8 cantons ; 2 cantons
Situation socio-économique
Avec une incidence de pauvreté de 90,5%, contre un taux de pauvreté de 61,7 % au plan national, et 24% à Lomé[4], la région des savanes est la partie la moins développée du Togo. La vie économique dans cette partie du pays est principalement dominée par l’agriculture vivrière et le petit élevage.
L’agriculture de subsistance constitue l’activité fondamentale pratiquée par les habitants des savanes (96% des ménages). Les principales cultures sont vivrières (sorgho, le mil, le riz, le haricot, le maïs, le voandzou et l’igname etc.), et occupent près de 92% des superficies cultivées[5]. A ces cultures vivrières s’ajoutent quelques produits de rente (coton, le tabac et l’arachide etc.). Les techniques culturales sont essentiellement traditionnelles et caractérisées par une atomisation de l’espace agraire en unités d’exploitation familiale, et un système de production axé sur l’occupation extensive des sols.
La région des Savanes excelle également dans le domaine pastoral. Seconde activité économique de ce terroir, l’élevage y est très répandu et demeure une importante source de revenu et d’alimentation des populations. On y élève les bovins, les porcins, les ovins, les caprins, la volaille etc. Si la région est favorable à l’élevage, de sérieux problèmes liés à la pratique pastorale (manque de pâturage et de points d’eau permanents, problèmes fonciers) favorisent l’émergence de conflits réguliers entre agriculteurs et éleveurs.
Sur le plan commercial, la situation géographique est un avantage pour cette région qui constitue la principale porte d’entrée du bétail transhumant des Peuls nomades provenant du Sahel sur le territoire national. En effet, située à proximité des frontières avec le Ghana, le Burkina Faso et le Bénin, les échanges commerciaux sont omniprésents et les contacts frontaliers sont permanents dans cette zone du pays. Les produits végétaux et animaux représentent le plus important volume des marchandises commercialisées.
La pêche et l’artisanat constituent des activités économiques secondaires dans la région. Les activités comme la vannerie, la maroquinerie et le tissage, prédominent l’artisanat de la zone. On y fabrique des objets utilitaires travaillés pour la commercialisation dans les marchés de Dapaong et Cinkassé qui s’animent hebdomadairement (chapeaux de paille, cages aux oiseaux, éventails de palmes de rôniers, des sacs à main et des bracelets en cuir).
La présence du Fleuve Oti, le plus important du pays, et de diverses marres disséminées à travers toute la plaine de l’Oti, favorisent la pêche qui reste une activité artisanale de subsistance dans ce terroir.
Si la région a été longtemps considérée comme la zone la plus défavorisée du pays, elle n’en constitue pas moins un territoire possédant des potentialités économiques notamment pastorales, agricoles, et commerciales. Ce qui explique l’attention particulière accordée à ce terroir depuis quelques années aussi bien par l’État togolais, que par divers organismes d’appui au développement qui ont fait de cette partie du pays leur zone privilégiée d’intervention.
Sur le plan socioculturel, la région se caractérise par un brassage multiethnique. La population la plus représentée est celle des Moba-Gourma suivie des Tchokossi, des NgamGam, des Mossis et des Peuls. Des manifestations culturelles (Tingban pab, Koudapaani etc..) se tiennent régulièrement dans la zone et attirent un grand nombre de touristes. En plus des réserves fauniques et fauniques, la région regorge également d’importants sites touristiques. La fosse aux lions, la fosse sacrée de Doung, les peintures rupestres de Namoudjoga et Sogou et la fosse sacrée de Tanlona, sont autant de lieux qui attirent les touristes dans la zone.
Sources :
[1] Direction Nationale du Plan, 2005
[2] Direction Nationale de la Statistique et de la Comptabilité, Résultats définitifs du RGPH4 (2011)
[3] Direction Nationale de la Statistique et de la Comptabilité (DNSC) 2012
[4] Document révisé de stratégie intérimaire de réduction de la pauvreté au Togo, 2008
[5] Recensement National de l’Agriculture (RNA, 2012)
Crédit photo : alwihdainfo.com
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