Auteur (s) : Pr Moustafa Mijiyawa
Organisation affiliée : Ministère de la santé et de l’hygiène publique
Type de publication : Article de presse
Date de publication : Juin 2019
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La politique nationale de santé, mise en œuvre par le Gouvernement, a deux objectifs, alimentés par deux pôles pathologiques. Deux problèmes affectent le système sanitaire, auxquels sont opposées deux mesures, le tout devant aboutir à la mise sur pied d’un système de santé de base robuste et résilient, socle d’entités de standing international en construction, et d’une couverture maladie universelle en extension. La politique mise en oeuvre vise à ajouter des années à la vie, et de la vie aux années.
Les deux pôles pathologiques sont représentées par les maladies infectieuses et parasitaires (paludisme, diarrhées, infections respiratoires, tuberculose, VIH/SIDA) principaux responsables de la mortalité des moins de cinq ans, et les maladies non transmissibles (hypertension artérielle, diabète, cancers) affectant surtout les sujets de plus de 35 ans. L’espérance de vie à la naissance est de 60 ans, le taux de croissance annuel est de 2,5%, l’indice synthétique de fécondité de 4,4, le taux brut de natalité de 33 pour mille, le taux brut de mortalité de 6 pour mille, et le taux d’accroissement naturel de 2,7%.
Le VIH/SIDA affecte 2,3% de la population, et le paludisme 270 cas pour mille habitants chaque année.
Le taux de mortalité maternelle est estimé à 401 décès pour 100.000 naissances vivantes, le taux de mortalité néonatale de 27 pour 1000 naissances, et celui de la mortalité infanto-juvénile de 89 pour 1000 naissances vivantes. La prévalence de l’hypertension artérielle est de 30% dans la population adulte, et celle du tabagisme de 42,5% (tabagisme actif : 8,5% ; tabagisme passif : 34%). En 2010, 16,4% des sujets testés à l’Institut National d’Hygiène sont porteurs du virus de l’hépatite virale B. Le VIH/SIDA affecte 2,3% de la population, et le paludisme 270 cas pour mille habitants chaque année. 41 nouveaux cas de tuberculose sur 100.000 sont enregistrés chaque année. Environ 500 nouveaux cas d’accidents vasculaires cérébraux sont annuellement enregistrés dans les formations sanitaires.
Deux problèmes essentiels affectent le système de santé : un important déficit de gestion d’une part, et une insuffisance qualitative et quantitative des équipements et des infrastructures d’autre part. Deux mesures sont mises en vigueur pour y remédier : la réforme du mode de gestion des formations sanitaires par la contractualisation, et la réhabilitation et l’équipement des formations sanitaires.
Deux problèmes essentiels affectent le système de santé : un important déficit de gestion d’une part, et une insuffisance qualitative et quantitative des équipements et des infrastructures d’autre part
La contractualisation consiste en un appui à la gestion par le recours à une entité non étatique à laquelle il est demandé, sur la base d’une convention, de mettre en place des mécanismes d’une gestion orthodoxe, et ce de façon participative et inclusive. La formation sanitaire garde son statut public, et la société contractante est rémunérée par l’Etat pour ses prestations de gestion. Les résultats de cette contractualisation, déjà mise en œuvre dans sept formations issues des trois niveaux de la pyramide sanitaire, sont éloquents.
La contractualisation s’est traduite par une augmentation des taux de consultations, de fréquentations, d’hospitalisations et d’actes ; une disponibilité en médicaments dans les centres contractualisés, supérieure à 95% ; un diagnostic pertinent des besoins ; la salubrité des centres ; la motivation et la valorisation des agents désormais impliqués dans la gestion à travers le comité de trésorerie ; le renforcement de l’appui des partenaires (réhabilitation de la réanimation et du bloc opératoire du CHR d’Atakpamé par l’Etat d’Israël d’un montant de 167 millions de francs CFA, équipement en appareil de radiographie du CHU-Kara par l’OOAS d’un montant 170 millions de FCFA).
Chaque région sanitaire est dotée d’une clinique mobile pour apporter des soins dans les zones d’accès difficile
Parallèlement, des centres de soins sont construits ou réhabilités et équipés. Cette mesure concerne les formations des trois niveaux de la pyramide. Les hôpitaux régionaux contractualisés seront dotés de scanners et leurs laboratoires équipés. La méthode d’achat groupé et sous forme d’un paquet prenant d’emblée en compte la maintenance et la réparation a été adoptée.
Chaque région sanitaire est dotée d’une clinique mobile pour apporter des soins dans les zones d’accès difficile. La réforme du mode de gestion et la réhabilitation couplée à leur équipement en font d’excellents sites de stages au profit des apprenants en science de la santé. C’est dans cette logique que quatre écoles paramédicales ont ouvert leur porte en octobre 2018. Des concours de recrutement régulièrement lancés permettent de doter les centres en personnel qualifié.Le financement du secteur de la santé relève de l’Etat, appuyé par ses partenaires. Le plan national de développement sanitaire, intégré dans le plan national de développement, prévoit un financement de 100 milliards de francs par an.
La part du budget de l’Etat allouée au ministère de la santé en 2018 est de 8%
De ces grands traits de la politique sanitaire menée au Togo, il ressort deux faits aussi majeurs qu’originaux, symptomatique d’une réelle volonté politique et d’une grande ambition des autorités : la réforme du mode de gestion des formations sanitaires et la couverture maladie au profit du million et demi d’élèves du primaire et du secondaire. Ces éléments s’intègrent dans une politique d’ensemble dont certaines entités, extérieures au ministère de la santé (adduction en eau potable, électrification, aménagement des routes et des pistes rurales, éducation de la jeune fille, etc.) ont un fort impact sur la santé, domaine trop sérieux pour dépendre du seul ministère de la santé.