Lèpre, gale et pian : les maladies tropicales négligées de la peau au Togo requièrent une attention particulière, The Conversation, 2023

Lèpre, gale et pian : les maladies tropicales négligées de la peau au Togo requièrent une attention particulière, The Conversation, 2023

Auteur : Michael Head, Bayaki Saka

Site de publication : The Conversation

Type de publication : Article

Date de publication :  Mars 2023

 

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Les maladies tropicales négligées sont un groupe de 20 maladies que l’on trouve principalement dans les régions tropicales et qui sont fortement associées à la pauvreté. Parmi elles figurent des maladies de la peau comme la gale, la lèpre et le pian. Elles sont causées par des bactéries, des virus, des moustiques ou des acariens et, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elles touchent plus d’un milliard de personnes dans le monde, principalement dans les régions à faible revenu.

Les enfants sont généralement plus touchés que les adultes et les facteurs de risque comprennent la pauvreté, le surpeuplement, la malnutrition et l’humidité.

Les maladies tropicales négligées de la peau sont stigmatisées et peuvent affecter la qualité de vie ou le bien-être psychologique d’un individu. Elles peuvent être difficiles à diagnostiquer et il n’y a généralement que peu ou pas de dermatologues dans les régions où elles sont courantes.

Notre équipe a mené une étude au Togo, en Afrique de l’Ouest, pour évaluer le poids de ces maladies. Nous avons constaté une forte prévalence de plusieurs infections cutanées et des preuves de l’impact social subi par les patients. Nous suggérons que les autorités sanitaires locales et nationales, au Togo et plus largement en Afrique, envisagent une approche intégrant la prise en charge des infections cutanées et des programmes d’éducation du grand public afin d’encourager le signalement précoce des cas aux services de santé.

Ce que nous avons trouvé

La population étudiée était composée de deux écoles à Lomé, la capitale du Togo, et d’une communauté rurale, le village de Ndjéi. Ndjéi a une population d’environ 3 000 habitants et se trouve à 400 km au nord-est de Lomé.

Des cliniques mobiles ont été mises en place dans les écoles et les sites communautaires, entre juin et octobre 2021. Les médicaments ont été fournis gratuitement aux participants. Le cas échéant, les personnes ont été orientées vers le service approprié du système de santé. L’équipe a cherché à enregistrer les infections cutanées répertoriées par l’OMS, ainsi que les diagnostics d’autres maladies fongiques.

Dans l’ensemble, nous avons constaté un grand nombre d’infections cutanées. Nous avons observé 105 cas de maladies cutanées classées comme maladies tropicales négligées (7,5 % de toutes les personnes consultées souffraient d’une de ces maladies). Il y a eu 333 cas de maladies fongiques (23,8 % de toutes les personnes examinées souffraient d’une maladie fongique). 

Les 105 cas de maladies tropicales négligées de la peau comprenaient 20 cas dans les écoles et 85 cas dans les communautés rurales. Les maladies tropicales négligées sont souvent plus fréquentes dans les zones rurales.

Parmi les données scolaires et communautaires, 68 cas (6,7 % du total) de maladies tropicales négligées ont été recensés chez les enfants et 37 cas (9,7 %) chez les adultes.

L’efficacité des remèdes traditionnels tels que le cataplasme à base de plantes (une pâte curative faite à partir de différentes herbes et plantes) pour traiter les infections cutanées dans différentes parties de l’Afrique est incertaine. Leur utilisation pourrait favoriser une infection bactérienne secondaire ou provoquer de l’eczéma autour des plaies cutanées.

Un appel à l’action

Bien que ce ne soit pas la motivation principale de l’étude, nous avons également posé des questions sur la stigmatisation. En milieu scolaire, cinq (6 %) enfants atteints de maladies tropicales négligées cutanées ont déclaré être stigmatisés, et quatre d’entre eux ont refusé d’aller à l’école pendant un ou plusieurs jours. À Ndjei, 44 participants (4,6 %) ont déclaré avoir été stigmatisés et 41 d’entre eux (93,2 %) ont manqué au moins un jour d’école ou de travail.