Plan sectoriel de l’éducation 2010-2020, Gouvernement du Togo

Plan sectoriel de l’éducation 2010-2020, Gouvernement du Togo

Auteur (s) : Les ministères du secteur de l’éducation avec l’appui des représentants du Ministère de l’Economie et des Finances, du Ministère de la Coopération et de la Planification du Développement, de la coopération française, de la Banque Mondiale, de Plan Togo, de Aide et Action Internationale, et de consultants financés par la coopération française, la Banque Mondiale et l’UNICEF.

Date de publication: Janvier 2010

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts. 

 

Maximiser la contribution de l’éducation au développement économique et social du pays

Dans un contexte national caractérisé par une situation économique morose, une croissance démographique forte, notamment dans la population jeune et un environnement international marqué par de profondes mutations économiques, scientifiques et technologiques, le secteur de l’éducation est astreint aujourd’hui à un effort de modernisation. Dans cette perspective, différents travaux de diagnostic du système éducatif national ont été réalisés et un Plan d’Action National de l’Education Pour Tous a été élaboré et adopté par le Gouvernement.

Toutefois, il a été constaté que le Plan d’Action National EPT ne prend pas en compte tous les aspects du secteur de l’éducation, ne fait pas référence aux contraintes financières, n’établit pas de priorités claires entre les objectifs et ne fait pas de lien avec le marché de l’emploi. Ce constat a rendu nécessaire l’élaboration d’une politique et d’une stratégie sectorielle globale pour refléter une vision unitaire et cohérente de l’éducation au Togo.

Cette stratégie s’inscrit dans la perspective d’une mise en œuvre des dispositions pertinentes de la Constitution, des lois d’orientation de l’éducation, des orientations majeures du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), ainsi que des engagements du Togo en faveur de l’éducation pour tous (EPT) et plus particulièrement de l’universalisation de l’enseignement primaire (OMD n° 2) comme objectif à atteindre par le système éducatif en 2020. Le développement attendu du système éducatif doit être soutenu par une augmentation de la part de l’éducation dans les dépenses de l’Etat.

De plus, il commande la prise en compte de la formation professionnelle comme un moyen de professionnalisation des enseignements, de développement des ressources humaines, d’amélioration de la productivité du travail dans les secteurs informels agricole et non agricole et un mécanisme de régulation des flux à la fin de chaque niveau d’études, en vue de l’insertion des sortants dans le système de production.

Les points suivants sont abordés :

• la gestion de l’accès face au choc démographique et l’amélioration de la rétention, notamment en cours de cycle primaire ;

• l’amélioration de l’efficacité et de la qualité ;

• l’équité ;

• les interactions entre les différents niveaux et types d’enseignement ;

• la gouvernance ;

• le financement durable et efficient du système.

L’impulsion politique du Gouvernement part du constat que les plus fortes valeurs ajoutées et les reculs les plus significatifs de la pauvreté dépendent d’une part des techniques mises en jeu pour la production et pour l’échange, et d’autre part du recul de la reproduction des inégalités de revenus entre les générations. Aussi le défi pour le Gouvernement est-il de mettre en place, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, un système éducatif réactif qui prend en compte et anticipe les besoins de l’économie nationale. Le présent Plan Sectoriel de l’Education repose sur un diagnostic du fonctionnement du système éducatif est donc à la fois :

• un cadre intégrateur des actions de développement de l’éducation en cohérence avec les objectifs de développement nationaux ;

• un cadre de consultation et de concertation avec la société civile et les partenaires techniques et financiers ;

• un cadre de coordination de l’action gouvernementale et des appuis extérieurs notamment ceux provenant de l’Initiative de Mise en Œuvre Accélérée de l’Education pour Tous (Initiative Fast-Track) ;

• un cadre de cohérence financière et de budgétisation à moyen terme ;

• un cadre de définition et d’organisation des travaux analytiques pour éclairer le développement du secteur.

Résumé de l’état du système éducatif togolais

Le diagnostic du système éducatif est fondé sur une analyse des aspects quantitatifs et qualitatifs de son fonctionnement ainsi que sur l’étude de sa gestion.

Déséquilibre quantitatif de la pyramide éducative

L’évolution des scolarisations dans les différents paliers du système éducatif togolais au cours des 10 dernière année, correspond à une relative stagnation au niveau de la base de la pyramide éducative (enseignement primaire et premier cycle du secondaire), et à une expansion rapide de la couverture dans la partie haute de la pyramide (secondaire second cycle, enseignement technique et formation professionnelle, enseignement supérieur). En effet, sous l’effet d’un niveau élevé d’abandons en cours de cycle, le taux d’achèvement du primaire a dans reculé dans la période récente, passant de 76 % en 2002 à 65 % en 2009. Dans le même temps les taux de couverture moyenne sur le cycle ont augmenté au rythme annuel de 7,1 % dans le premier cycle de l’enseignement secondaire, 8,8 % dans le second cycle de l’enseignement secondaire, 9,5 % dans l’enseignement technique et la formation professionnelle, 8,5 % dans l’enseignement supérieur.

Marges d’amélioration significative de la qualité des acquisitions, faiblesse de l’efficacité interne et externe

L’examen du niveau de qualité des acquisitions au sein de l’enseignement primaire togolais indique que celui-ci se situe légèrement au-dessus de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne, mais que des marges d’amélioration substantielles existent, compte tenu de l’écart observé entre le Togo et les pays ayant les meilleurs résultats sur les dimensions de qualités mesurées. Les mesures d’efficacité interne indiquent qu’une part importante des ressources du système éducatif togolais est gaspillée du fait des redoublements et des abandons à l’intérieur des différents niveaux d’enseignement.

Gestion lacunaire du système éducatif

Alors que la politique concerne les moyens mobilisés au niveau national et les politiques globales, la gestion s’attache à transcrire ces aspects dans la réalité avec deux fonctions principales : i) celle de distribuer les ressources (personnels, matériels, ..) du niveau central au niveau local (les écoles individuelles) et ii) celle de faire en sorte que les ressources mobilisées au niveau de chaque école soient transformées le plus efficacement en résultats tangibles chez les élèves. En ce qui concerne la cohérence dans l’allocation des personnels enseignants aux établissements d’enseignement individuels, les évaluations faites montrent que l’aléa dans la répartition des ressources entre les écoles est élevé (49 %).

Des efforts visant à améliorer la répartition des enseignants au sein des écoles en rendant l’allocation plus équitable et cohérente seront donc nécessaires. Un autre point préoccupant dans la gestion du système éducatif concerne la gestion pédagogique qui est particulièrement faible. En effet, les évaluations montrent que l’ampleur des différences dans le fonctionnement des écoles primaires est spécialement forte. Des établissements ayant des ressources par élève semblables pouvant avoir des résultats extrêmement différents en matière d’apprentissage de leurs élèves. En fait, on constate même qu’il n’existe pratiquement pas de relation entre le volume des ressources mobilisées dans un établissement et le niveau d’acquisitions des élèves qui y sont scolarisés.

La situation globale du système éducatif national décrite correspond à un fort déséquilibre dans la structure des sortants du système éducatif en référence à celle des emplois offerts dans l’économie nationale. Ce déséquilibre peut s’exprimer simplement en disant i) que, dans la partie basse du système, trop peu de jeunes sortent avec le minimum souhaitable (une scolarisation complète de six années dans le cycle primaire) pour s’insérer dans la vie active dans des conditions où ils pourront être productif et sortir de la pauvreté, et, par contre ii) que trop de jeunes se retrouvent dans la partie haute du système et sortent avec des qualifications qui ne trouvent pas une contrepartie raisonnable sur le marché du travail. Au total, la disjonction semble notable entre la structure du système éducatif et celle de l’économie nationale.

Les perspectives pour le futur

La perspective globale

La vision du Plan Sectoriel de l’Education en relation avec la stratégie de réduction de la pauvreté et les Objectifs du Millénaire pour le Développement, se situe dans l’articulation des objectifs suivants :

• organiser le fonctionnement du système éducatif sur les plans quantitatif (gestion des flux des élèves) et qualitatif (apprentissages des formés aux différents niveaux d’enseignement) pour favoriser la contribution de l’éducation au développement social, ainsi qu’à la croissance économique et à la réduction des inégalités intergénérationnelles, considérées comme les principaux moteurs de réduction de la pauvreté ;

• cibler des actions pour permettre progressivement de corriger les disparités géographiques et celles liées aux inégalités en matière économique dans les parcours scolaires individuels, ainsi que les disparités liées au genre ; • mettre en place des outils techniques et des mécanismes institutionnels pour améliorer la gestion du système éducatif et suivre la transformation des moyens alloués au secteur en apprentissages chez les élèves ;

Pour y parvenir le Gouvernement entend orienter ses actions vers les options stratégiques suivantes :

• développer la prise en charge de la petite enfance et l’éducation préscolaire en général, et surtout en milieu rural par la promotion d’une formule de prise en charge communautaire ;

• progresser vers la scolarisation primaire universelle en améliorant à la fois l’accès au primaire et la rétention des enfants qui y accèdent jusqu’à la fin du cycle, notamment les enfants des populations pauvres et vulnérables ; • augmenter autant que possible l’achèvement du premier cycle de l’enseignement secondaire, corriger les disparités à tous les niveaux, notamment les disparités géographiques et économiques et améliorer l’éducation inclusive, notamment la scolarisation des enfants en situation de handicap ;

• réorganiser l’offre de formation dans l’enseignement technique et la formation professionnelle, de sorte que les formations contribuent à améliorer la productivité du travail, notamment dans le secteur informel agricole et non agricole ;

• mettre en place une politique de développement maîtrisé et mesuré de l’enseignement supérieur ;

• améliorer la qualité des apprentissages à tous les niveaux ;

• assurer l’équilibre de la pyramide éducative et l’efficacité externe du système éducatif, d’une part par des mécanismes de régulation des flux entre les différents paliers du système éducatif, et d’autre part, par un arbitrage conséquent entre le nombre d’élèves scolarisés et les coûts unitaires de scolarisation aux différents niveaux d’enseignement ;