L’égalité genre au Togo: Progrès et points sombres, Afrobaromètre

L’égalité genre au Togo: Progrès et points sombres, Afrobaromètre

Auteur (s) : Hervé Akinocho pour Afrobaromètre

Date de publication:  Janvier 2019

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

 

Le Togo a modernisé ces dernières années plusieurs de ces textes de lois et pris plusieurs initiatives pour la promotion de l’égalité genre dans le pays. Ces avancées vont de l’adoption d’un nouveau code pénal plus égalitaire (Journal Officiel, 2015), d’un code nouveau foncier balayant l’ambivalence des textes coutumiers et modernes qui pénalisaient les femmes, d’une stratégie nationale d’intégration du genre dans les politiques et programmes de développement à la révision de la stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG).

Les données du dernier sondage Afrobaromètre viennent confirmer les progrès obtenus au Togo sur le front de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes sur de nombreuses dimensions. Ils mettent cependant également la lumière sur certaines dimensions de cette égalité entre sexes où les chiffres sont préoccupants. Ainsi, les cas de discriminations basées sur le sexe existent toujours, et le taux d’acceptation des violences physiques envers les femmes reste problématique.

De plus, fort est de constater que malgré les bonnes dispositions des Togolais sur la majorité des indicateurs liés aux questions du genre et des droits de la femme, les avancées ont encore du mal à se traduire dans le quotidien de ces dernières. Elles sont, par exemple, encore sous-représentées en politique. Au niveau du Parlement, la situation bien qu’ayant connu une amélioration sur la même période, n’est pas des plus reluisante. En effet, sur les trois dernières législatures, la représentation des femmes au sein de parlementaires est passée de 7% en 2002 à 11% en 2007 et à 19% en 2013 (Assemblée Nationale, 2015; Kuvo, 2017). Le pouvoir exécutif ne fait pas mieux car l’équipe gouvernementale actuelle compte 21% de femmes (IZF.net, 2018a).

Les Togolais dans leur quasi-unanimité (96%) trouvent que les garçons et les filles ont les mêmes chances d’aller à l’école. Il faut noter que les personnes du niveau post-secondaire sont les plus sceptiques (91%) par rapport à cette égalité d’accès à l’école des deux sexes. Cette aspiration semble également se traduire dans les faits .

L’égalité d’accès à l’école: Presqu’un acquis

La plupart des Togolais (96%) sont « d’accord » ou « tout à fait d’accord » que les filles et les garçons ont aujourd’hui les mêmes chances d’aller à l’école. Cette quasi-unanimité ne dépend pas du niveau de l’éducation, de la zone de résidence, du sexe, ou de la religion du répondant (Figure 1).

De plus, parmi les 33 pays africains dont nous disposons des données, le Togo est dans le peloton de tête avec les pays comme le Libéria (98%), Madagascar (98%), Maurice (98%), la Côte d’Ivoire (97%), et la Tanzanie (97%) (Figure 2). A contrario, les Malawites (75%) et les Mozambicains (77%) sont les moins à penser que les garçons et les filles ont les mêmes chances d’accès à l’école dans leur pays

Face à ces très bonnes aspirations des Togolais concernant l’égal accès des filles à l’école, la Troisième Enquête Démographique de Santé 2013-2014 au Togo (EDST) (2015) nous permet de les comparer à l’état des choses. Ainsi concernant le niveau d’instruction deux importants constats se dégagent de cette comparaison. Le premier montre que les femmes ont en général un niveau d’instruction plus bas que les hommes (Figure 3). Ainsi, il y a plus de femmes que d’hommes sans instructions (32% contre 13%) ou avec un niveau primaire inachevé (26% contre 19%).

Une fois passée le primaire complété, où les deux sexes ont des performances équivalentes, les hommes en proportion sont les mieux représentés pour tous les niveaux supérieurs avec respectivement 18, 2, et 5 de points de plus pour les niveaux secondaire inachevé, secondaire achevé, et universitaire.

Le second constat est que plus les personnes sont jeunes, plus le gap concernant leur nombre médian d’années d’étude complétées diminue. Ainsi, pour les plus âgés (45 à 49 ans) le gap est de 5,5 années d’étude complétées. Il diminue progressivement jusqu’à une année d’étude pour les 15 à 19 ans. Si nous faisons l’hypothèse que cette tendance se poursuit dans le temps, en effet, nous serions très proche des déclarations des Togolais quant à l’égal chance d’accès des femmes et des hommes à l’éducation.

Ainsi, la réalité de l’égalité d’accès des filles à l’école est à portée de main si les efforts entrepris pour combler ce gap continuent et que la situation continue également à évoluer au même rythme dans la même direction. Du point de vue de la scolarisation, dès la réforme scolaire de 1975, l’égalité filles/garçons est affirmée. Du point de vue juridique, le Togo affirme de même l’égalité des citoyens selon le sexe et tente de mettre l’ensemble des textes juridiques en adéquation avec cette position. Différentes lois ont été votées ces dernières années en vue de combattre les harcèlements sexuels dont sont victimes les jeunes filles scolarisées ou les mutilation génitales dont sont victimes les fillettes.