L’éducation au Togo : vers une stratégie renouvelée du triptyque formation-emploi-développement économique, Université de Lomé, 2019

L’éducation au Togo : vers une stratégie renouvelée du triptyque formation-emploi-développement économique, Université de Lomé, 2019

Auteur : Nimonka Bayale, Kuawo-Assan Johnson, Kodjo Evlo

Organisation affiliée : Centre de Recherche et de Formation en Science Economique et de Gestion (CERFEG) de l’Université de Lomé (TOGO)

Site de publication : hal.archives-ouvertes.fr

Type de publication : Article de recherche

Date de publication : 2019

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

En nous plaçant donc dans la situation économique actuelle du Togo, caractérisée par une croissance relativement morose, nous nous posons une série de questions : Comment faire des écoles et universités togolaises la locomotive du développement économique ? Comment mettre l’éducation / formation en phase avec les grandes tendances de l’environnement actuel du marché du travail ? Comment redynamiser les ressources humaines pour les rendre plus compétentes de manière à converger vers une stratégie renouvelée du triptyque formation – emploi – développement économique durable ?

L’éducation et la formation au Togo

Quelques faits stylisés

Particulièrement au Togo, ces dernières années ont été marquées par une allocation plus importante de ressources aux politiques éducatives et de formation. Les dépenses publiques totales dans le secteur de l’éducation (en % du Produit Intérieur Brut- PIB) sont passées de 2,11% à 7,03% sur une période allant de 1970 à 2016, soit une croissance de 233% en 46 ans.

Cela s’est traduit par une augmentation considérable de la demande d’éducation et de formation avec des taux de scolarisation élevés à tous les niveaux et une offre d’éducation importante avec création des établissements ou écoles de formation. Cependant, une telle augmentation mériterait d’être mise en phase avec les performances en termes d’insertion professionnelle des sortants de l’enseignement supérieur surtout, pour s’assurer que ceci ne correspond pas à une surproduction quantitative (qui se paye souvent par une détérioration des conditions d’enseignement) en comparaison des capacités d’accueil du secteur moderne de l’emploi.

La norme de l’UNESCO prévoit un enseignant pour trente étudiants, la norme USA-CANADA : un enseignant pour 20 à 25 étudiants, la situation dans nos universités est dégradante et se présente comme suit : à l’Université de Lomé, le ratio enseignants/étudiants était de 1/318 en 2007 pour les enseignants de catégorie A8

Dans ces conditions, on relève aussi que la qualité de la formation se conforme peu aux normes internationales si l’on se rapporte au taux d’encadrement. La norme de l’UNESCO prévoit un enseignant pour trente étudiants, la norme USA-CANADA : un enseignant pour 20 à 25 étudiants, la situation dans nos universités est dégradante et se présente comme suit : à l’Université de Lomé, le ratio enseignants/étudiants était de 1/318 en 2007 pour les enseignants de catégorie A8. Il est passé en 2012 à 1/313. Pour les enseignants de catégorie B9 , le ratio est passé de 1/76 à 1/102. En ce qui concerne l’Université de Kara, le ratio est passé de 1/1565 en 2007 à 1/2450 en 2012 pour les enseignants de la catégorie A. Pour les enseignants de la catégorie B, les ratios varient de 1/128 à 1/222 en 2012.

Les problèmes des systèmes d’éducation et de formation au Togo

Le système actuel d’éducation et de formation au Togo est caractérisé par une inefficience sur plusieurs plans:

– une mauvaise identification du système et une absence de connexion entre l’éducation/formation et le marché du travail ;

– des enseignements de plus en plus théoriques et des sortants ne maîtrisant plus les rudiments techniques des métiers pour lesquels ils sont censés être formés, en raison de la vétusté des équipements pédagogiques et techniques, de la faiblesse du budget de fonctionnement qui ne permet pas l’acquisition des matières d’œuvres, et de l’obsolescence des compétences pratiques de la plupart de leurs enseignants ;

– des programmes et moyens de formation peu adaptés ;

– une absence de données sur les réalités et performances du système ;

– de nombreux opérateurs économiques intervenant surtout dans les domaines industrielssont contraints de mobiliser des compétences issues de la sous-région ou d’origineinternationale, faute de disposer d’une main d’œuvre locale qualifiée;

– des entreprises industrielles togolaises éprouvent des difficultés à faire évoluer leur personnel et leurs organisations, ce qui réduit leur compétitivité, etc.

Le développement économique : le rôle de l’éducation et de l’emploi

En réalité, l’éducation, l’emploi et le développement économique sont intimement liés. L’éducation peut, par les externalités technologiques, influencer la productivité en ce qu’elle détermine la capacité d’une nation à innover. Ainsi, au plan économique, l’éducation est perçue comme moyen de valoriser la force de travail qui permet d’obtenir une production plus grande et un revenu plus élevé pour lutter contre la pauvreté  à travers plusieurs canaux.

Ensuite, l’éducation et surtout celle des femmes a des effets positifs sur la réduction de la mortalité maternelle et infantile, un impact positif sur l’encadrement des enfants

Tout d’abord parce qu’elle transmet des connaissances, des aptitudes et des habiletés qui améliorent la performance du travail ; elle permet donc aux détenteurs de cette forme de capital d’accéder à un emploi décent. Ensuite, l’éducation et surtout celle des femmes a des effets positifs sur la réduction de la mortalité maternelle et infantile, un impact positif sur l’encadrement des enfants. En outre, le cadre physique d’apprentissage permet d’acquérir des compétences particulières qui préparent à l’exercice d’un métier.

Quelle stratégie renouvelée du triptyque formation-emploi-développement durable pour le Togo ?

En ce qui concerne l’adéquation formation-emploi, nous savons, suivant le degré de développement industriel et la situation démographique d’un pays, qu’il est difficile, et à la limite peu souhaitable, d’établir une adéquation parfaite et extrêmement étroite entre la formation et l’emploi. En effet, les systèmes d’éducation et de formation obéissent à des règles de fonctionnement et à des finalités différentes de celles de l’industrie. Leurs interventions portent sur le moyen et le long terme et elles visent à offrir des chances égales d’insertion sur le marché du travail à tous les diplômé(e)s.

Dans un pays comme le Togo qui compte une population jeune plus importante et où le développement économique est relativement faible, il faut s’assurer que l’activité éducative et de formation se réalise dans les domaines où les besoins économiques sont les plus importants

Même s’il doit constituer la référence de base pour orienter le pilotage du système de formation professionnelle et technique, le cycle industriel par exemple est aussi beaucoup plus fluctuant que les systèmes d’éducation et de formation, car il doit s’adapter rapidement à l’évolution des marchés.

Dans un pays comme le Togo qui compte une population jeune plus importante et où le développement économique est relativement faible, il faut s’assurer que l’activité éducative et de formation se réalise dans les domaines où les besoins économiques sont les plus importants et qu’il n’existe pas de filières de formation donnant lieu à des taux d’insertion dans le marché du travail faibles ou presque nuls.

Conclusion

En effet, la valorisation des ressources humaines, fondée sur la théorie du capital humain, en donnant une vision des compétences nécessaires dans un horizon plus ou moins rapproché, en permettant un enrichissement des compétences et des expériences, apporte une réponse aux besoins de flexibilité et d’évolution du marché du travail d’une part, et aux attentes des employés d’autre part.

Elle ne peut pas s’appuyer sur les seules initiatives et capacités locales car sa mise en œuvre et sa réussite implique des moyens et une expertise dont seul un gouvernement peut disposer pour fonder une gestion centrale de l’éducation et de la formation. Celle-ci permet d’assurer une meilleure adéquation possible entre formation-emploi qui peut par ailleurs, constituer un gage pour le développement économique durable.

 

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