PASEC (2016). PASEC2014 – Performances du système éducatif togolais : Compétences et facteurs de réussite au primaire. PASEC, CONFEMEN

PASEC (2016). PASEC2014 – Performances du système éducatif togolais : Compétences et facteurs de réussite au primaire. PASEC, CONFEMEN

Auteur (s) : Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN)

Date de publication:  2016

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

 

En ce qui concerne l’allocation intrasectorielle, le primaire, qui concentre la majorité des élèves du pays, a la part la plus importante des dépenses avec 58,9 % en 2014. En revanche, le préscolaire semble en sousfinancement avec seulement 1,4 % des dépenses courantes d’éducation, le taux le plus bas depuis 2010. Le secondaire semble également sous-financé avec 17,5 % en 2014 contre 33,3 % en 2007. Le nombre d’élèves achevant le primaire étant en augmentation, il y a une forte demande sur le secondaire, notamment au premier cycle.

C’est à la réforme de l’enseignement de 1975 que le système éducatif togolais doit sa forme et son contenu actuels. Les principes et objectifs généraux de cette réforme visent la démocratisation de l’enseignement par des actions sur l’offre d’éducation

Au niveau du primaire, 85,5 % des dépenses courantes d’éducation en 2014 ont été consacrées aux salaires des enseignants et 9,7 % au personnel des établissements scolaires, ne laissant ainsi que 4,8 % aux dépenses de transfert, d’investissement et de fonctionnement pourtant indispensables pour l’offre de services de qualité. Dans les établissements primaires publics, en 2014, 97,7 % des dépenses en éducation étaient consacrées aux dépenses courantes et 2,3 % aux dépenses en capital . Malgré la gratuité du système éducatif, la contribution des ménages est très importante au Togo et représentait en moyenne 63 % des dépenses nationales d’éducation en 2011 (UNESCO – IIPE Pôle de Dakar, 2014). Au primaire, la contribution des familles était de 58 % en 2011.

Enjeux du système éducatif togolais

C’est à la réforme de l’enseignement de 1975 que le système éducatif togolais doit sa forme et son contenu actuels. Les principes et objectifs généraux de cette réforme visent la démocratisation de l’enseignement par des actions sur l’offre d’éducation. Ainsi, les objectifs de cette réforme sont d’offrir des chances égales pour tous les élèves, de construire un système scolaire rentable grâce à la formation et à la motivation des enseignants, de fournir du matériel pédagogique, d’adopter une pédagogie active et participative, d’adapter l’école aux réalités du pays et d’orienter cette dernière vers une plus grande professionnalisation.

Le système éducatif

Le contenu des programmes d’enseignement est défini au niveau des différents ministères en charge de l’éducation. Ainsi, le système est caractérisé par l’homogénéité des programmes de l’enseignement primaire à l’enseignement secondaire. Les curricula ont été révisés en 2003 avec l’introduction de l’approche par compétences (APC) progressivement mise en place dans le cadre du PSE 2010-2020.

La structure du système éducatif

Comme dans de nombreux pays, plusieurs niveaux sont à distinguer :

 Enseignement préscolaire : L’éducation préscolaire est dispensée à partir de 3 ans dans les jardins d’enfants. Cet enseignement de 3 années maximum n’est pas obligatoire et peut également être non formel et assuré par les crèches, les garderies, les pouponnières ou les centres d’éveil.

 Enseignement primaire : L’enseignement primaire est d’une durée de 6 années, divisées en 3 souscycles de 2 années. La scolarité au primaire commence à l’âge de 6 ans et est sanctionnée par le Certificat d’Études du Premier Degré (CEPD).

 Enseignement secondaire : Le secondaire est accessible aux élèves ayant réussi les épreuves du CEPD et est divisé en 2 cycles. Le premier, d’une durée de 4 années, est assuré par les collèges d’enseignement général et les collèges d’enseignement technique (sur 3 années). Le parcours général est sanctionné par le Brevet d’Études du Premier Cycle du second degré (BEPC) et le parcours technique, par le Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP). L’accès au second cycle du secondaire est conditionné par les résultats de l’élève au BEPC. Le second cycle du secondaire général est d’une durée de 3 années et est sanctionné par l’examen du baccalauréat ou diplôme de bachelier de l’enseignement du troisième degré pour le parcours général. Pour les lycées techniques, les études sont sanctionnées par le baccalauréat technicien, ou diplôme de bachelier de l’enseignement technique. L’enseignement technique offre un cycle plus court, d’une durée de 2 années, sanctionné par le Brevet d’Études Professionnelles (BEP) ou le Brevet de Technicien (BT.)

 Enseignement supérieur : L’enseignement supérieur est dispensé par deux universités publiques, une université catholique et plusieurs écoles ou instituts privés délivrant des diplômes de l’enseignement supérieur. La durée des études varie en fonction du parcours choisi par l’étudiant. En 2008, à l’instar de plusieurs universités francophones de la région, le système Licence-Master-Doctorat (LMD) a été instauré par décret présidentiel au Togo.

L’enseignement primaire

Au regard de la situation de l’enseignement et de la formation au Togo et du niveau de développement du pays, l’une des priorités du secteur de l’éducation est l’universalisation de l’enseignement primaire. Celleci contribue au respect du droit de l’enfant à l’instruction et à la lutte contre la pauvreté. Le système éducatif togolais a été éprouvé par les contraintes financières très fortes qu’a connues le pays ces vingt dernières années. Ces contraintes ont entraîné une baisse sensible des ressources nécessaires au secteur. À cette situation s’ajoute la forte demande de scolarisation qui s’est accompagnée d’une dégradation des conditions d’enseignement.

La qualité et l’équité font aujourd’hui l’objet d’une quête qui traduit la vision commune de tous les acteurs directement ou indirectement impliqués dans l’éducation, qui ciblent les mêmes éléments clés ou domaines essentiels sur lesquels agir pour obtenir le changement qualitatif recherché. Ces éléments interdépendants sont définis au Togo de façon participative avec l’implication de l’institutionnel, des bénéficiaires que sont les élèves et les parents d’élèves, des partenaires de l’éducation comme les ONG, des autorités administratives et coutumières, etc.

Évolution de la scolarisation

En 2014, au Togo, le taux brut de scolarisation (TBS) était de 125,1 % contre 91,2 % pour le taux net (TNS). Si le taux brut est globalement en augmentation depuis 2005, le taux net reste relativement constant. Cet écart entre taux brut et taux net révèle une entrée tardive des élèves à l’école. Le nombre d’élèves dans le système éducatif est en constante augmentation : il a enregistré une croissance de 41,8 % entre 2005 et 2014. Cependant, un nombre non négligeable d’élèves restent non scolarisés. 78 780 enfants en âge de fréquenter l’école, dont 73 % sont des filles, étaient en dehors du système éducatif en 2014. Ce nombre est tout de même en baisse comparé à 2005 (80 585).

S’il existe toujours un écart de scolarisation non négligeable en faveur des garçons, le taux brut de scolarisation des filles au primaire a augmenté plus rapidement que celui des garçons au cours des dix dernières années et était en 2014 de 121,4 % contre 125,1 % pour les garçons (ISU). Cependant, l’écart se creuse à mesure que ces deux groupes progressent dans le cycle primaire.

Ainsi, au Togo, le ratio élèves/enseignant était de 41,1 en 2014 contre 42,5 en moyenne en Afrique subsaharienne

Ainsi, au Togo, le ratio élèves/enseignant était de 41,1 en 2014 contre 42,5 en moyenne en Afrique subsaharienne. Cependant, ce même ratio était de 33,6 et de 44,8 respectivement en 2005. Si le ratio reste plus faible au Togo, il suit toutefois la tendance inverse que celle qui est observée dans la région et tend à augmenter au fil des années. En effet, le nombre d’enseignants du primaire a augmenté de 15,8 % entre 2005 et 2014 contre 41,8 % pour le nombre d’élèves du primaire. Si le ratio élèves/enseignant reste acceptable au niveau national, le degré d’aléas dans l’allocation des enseignants au primaire, soit la relation entre le nombre d’élèves et le nombre d’enseignants dans les écoles du pays (36 % 11 en 2011), est lui au-dessus de la moyenne d’autres pays d’Afrique subsaharienne, qui est de 33 % (Pôle de Dakar, 2014).

Ainsi, si le nombre d’enseignants augmente, la répartition dans les écoles du pays n’est toutefois pas homogène. Le Togo est ainsi confronté non seulement au défi de l’augmentation du nombre d’enseignants malgré un budget restreint, notamment avec la suppression progressive du statut de volontaire, mais aussi à celui de l’allocation plus équitable de ses ressources humaines entre les écoles et entre les régions.

Principales réformes et perspectives dans l’enseignement primaire

Le contexte national et international caractérisé par de profondes mutations économiques, scientifiques et technologiques impose au secteur de l’éducation un effort de modernisation. Face à ce défi, le gouvernement du Togo, avec l’appui de partenaires techniques et financiers, a mis en place sur la base d’un diagnostic clair du secteur un Plan Sectoriel de l’Éducation (PSE) pour la période de 2010 à 2020 (adopté le 5 mars 2010 et réaffirmé dans le PSE 2014-2025).

Le Plan Sectoriel de l’Éducation 2014-2025

Le PSE constitue un nouveau cadre de développement de l’éducation et s’appuie sur les objectifs définis dans la Déclaration de politique sectorielle de l’éducation adoptée par le gouvernement. Axes stratégiques La politique du gouvernement s’articule autour des quatre grands axes stratégiques suivants : 1. Développer un enseignement fondamental de qualité prenant en compte le primaire et le premier cycle du secondaire, avec pour objectif prioritaire l’atteinte de la scolarisation primaire universelle en 2022; 2. Étendre la couverture du préscolaire, notamment le développement de l’expérience communautaire, au bénéfice des populations rurales et des milieux les plus défavorisés; 3. Développer, dans l’enseignement secondaire de second cycle, l’enseignement technique et la formation professionnelle ainsi que, dans l’enseignement supérieur, des formations qui en quantité comme en qualité seraient déterminées en fonction des demandes de l’économie togolaise; 4. Diminuer le taux d’analphabétisme.

PSE 2014-2025 : l’enseignement primaire

Les grandes orientations pour le primaire sont : i) contribuer à l’amélioration de l’accès et de l’accessibilité à l’éducation de base par un accroissement et une meilleure distribution de l’offre éducative et ii) améliorer la qualité des apprentissages afin de progresser autant que possible vers la scolarisation universelle d’ici 2022 par des actions sur l’accès à l’école et surtout sur la rétention des élèves en cours de cycle. Un objectif de 100 % pour le taux d’achèvement du cycle est envisagé.

 Recruter des enseignants en nombre suffisant Bien que le PSE 2010-2020 ait envisagé la suppression des enseignants volontaires payés par les parents, il reste toujours une grande proportion de cette catégorie d’enseignants en 2011, soit 32 % contre près de 45 % de fonctionnaires au primaire. Compte tenu des fortes pressions vers la fonctionnarisation et des discussions engagées avec les autorités politiques, la disparition progressive des enseignants volontaires et des auxiliaires à l’horizon 2018 est envisagée. Selon les nouvelles dispositions de la fonction publique de 2011, seules deux catégories de personnel figurent dans la nomenclature des personnels de l’État : fonctionnaires et contractuels. C’est pourquoi le programme prévoit le recrutement progressif de près de 600 contractuels par an à partir de 2014. Cette catégorie de personnel, plus soutenable sur le plan budgétaire, représentera 35 % des enseignants du public à l’horizon 2025.

 Construire de nouvelles salles de classe Au total, tous types d’école primaire confondus, le nombre de salles de classe qui ne sont pas durables a augmenté de plus de 50 %, passant de 7 962 en 2006-2007 à plus de 12 628 en 2011-2012. En d’autres termes, 60 % de l’augmentation du nombre de salles de classe en 5 ans s’est faite avec des salles de classe non durables. Le programme prévoit la construction de 510 salles de classe équipées de latrines par an, ce qui devrait ramener à 80 % la proportion de salles de classe en dur à l’horizon 2025 contre près de 60 % aujourd’hui.

 Assurer la présence des enseignants dans les zones difficiles et favoriser la demande d’éducation chez les plus défavorisés Au niveau de la répartition des enseignants sur le territoire, la détermination de zones difficiles (reculées) est prévue afin offrir des avantages (avancement dans la carrière) aux enseignants qui y sont affectés.

Le programme prévoit une enveloppe globale pour pouvoir financer les actions ciblées localement de concert avec les communautés (des critères et références seront mis en place). Cette enveloppe axée sur la demande couvrirait deux domaines d’intervention : (i) accroître l’accès par l’atteinte des enfants des familles défavorisés; (ii) améliorer la rétention au primaire. D’autre part, pour retenir les enfants, une enveloppe sera destinée à l’appui et à l’installation de cantines dans les zones difficiles, et particulièrement celles affectées par les problèmes de rétention au primaire.

Cette enveloppe, dont les modalités d’exécution seront fixées ultérieurement, s’appuierait sur la Politique nationale d’alimentation scolaire. Le gouvernement envisage un modèle d’éducation inclusif qui sera fonctionnel au plus tard en 2016. Le modèle est actuellement en cours d’expérimentation dans les régions de Savanes et de Kara. Le nouveau programme prévoit d’une part des actions pour l’accessibilité aux écoles des enfants à besoins spécifiques (sensibilisation, construction de rampes d’accès aux bâtiments, etc.) et d’autre part des actions concernant les pratiques pédagogiques spécifiques (formation des enseignants en pédagogie inclusive, braille et langue des signes, etc.). Par ailleurs, la mise en place d’un système d’enseignants itinérants venant en appui aux enfants handicapés dans les écoles est prévu.

 Diminuer le taux de redoublement Le nouveau programme vise à diminuer considérablement le niveau de redoublement dans le système éducatif togolais par l’application effective de la circulaire sur la mise en place de la politique des souscycles et la diminution du taux de redoublement. La principale recommandation sur ce point est la mise en œuvre d’une véritable stratégie de communication sur la nécessité de la réduction des redoublements à l’attention des acteurs du système, en particulier des enseignants et des parents d’élèves. Ce nouveau programme, qui se veut la continuité des actions précédemment menées, vise à ramener le taux de redoublement actuellement stabilisé autour de 21 % à 10 % dès 2018.

 Des enseignants mieux formés La formation des enseignants a été interrompue au Togo pendant la période de la crise politique. Dans l’objectif d’améliorer l’efficacité et la qualité du service éducatif, le Ministère des Enseignements Primaire et Secondaire avait décidé de former, dans le cadre du projet Éducation Pour Tous au Togo (EPTT), 10 800 enseignants auxiliaires et volontaires du préscolaire et du primaire dans les écoles publiques et les Écoles D’Initiative Locale (EDIL). C’est dans ce contexte que s’inscrit la Formation Initiale de Rattrapage (FIR) des enseignants auxiliaires du préscolaire et du primaire. La mise en œuvre de ce programme, après plusieurs années de suspension des activités de formation des enseignants, constitue une avancée importante.

À cela s’ajoute la formation continue des enseignants, qui vise l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage dans les jardins d’enfants et les écoles primaires du Togo, à travers : – le renforcement des capacités des enseignants en didactique des disciplines afin de leur permettre d’améliorer leur pratique en classe; – la formation des enseignants à la bonne utilisation des manuels scolaires et des guides pédagogiques en vigueur dans les écoles. Également, la réhabilitation et la construction des Écoles Nationales d’Instituteurs (ENI), déjà engagées avec l’aide notamment du Partenariat Mondial pour l’Éducation (PME), devraient permettre de mettre en place un dispositif pérenne de formation continue des enseignants. Il est désormais nécessaire de doter ces écoles normales en matériel pédagogique. Dans le cadre des ENI, il est prévu de former 674 maîtres en 2014, 565 en 2015 et 387 en 2016.

 Le tutorat comme remède aux faibles performances des apprenants Le tutorat consiste à responsabiliser des élèves souvent plus forts (dans une ou des matières données) pour aider les plus faibles ou plus lents. Cette méthode vise à réduire le nombre de redoublements et d’abandons sans coûts supplémentaires. Le plan de mise en œuvre de cette initiative sera développé en partenariat avec l’UNICEF. Les écoles disposant de projets seront les premières à être accompagnées. Des prix seront offerts aux écoles les plus performantes pour encourager l’excellence.

 Un programme rénové et une meilleure disponibilité des moyens pédagogiques Le système est dans un processus de rénovation curriculaire. Dans un souci d’amélioration de la qualité, les nouveaux curricula permettront de rendre les apprentissages plus faciles en garantissant une meilleure fixation des acquis, en mettant l’accent sur l’essentiel, en établissant des liens entre les différentes notions, en améliorant l’efficacité interne et en les rendant également efficients. Le nouveau programme éducatif sera prochainement mené à bien et les supports pédagogiques correspondants seront construits et rendus disponibles tant pour les enseignants que les élèves.

C’est sur cette base que les nouveaux enseignants seront formés et que des modules de formation continue seront mis en œuvre pour les enseignants en poste. De façon globale, le programme de développement du sous-secteur prévoit que les moyens de fonctionnement mis à disposition des écoles (subventions aux écoles) soient poursuivis. Concernant les manuels et les guides du maître, le nouveau programme prend acte des efforts réalisés pour doter chaque enfant d’un manuel de lecture et de calcul mais recommande l’édition et la production de manuels scolaires au niveau national afin de pérenniser la disponibilité de ces intrants pédagogiques essentiels à la qualité des apprentissages.