L’armée togolaise est-elle digne de confiance et professionnelle? Cela dépend de la personne interrogée, Center for Research and Opinion Polls – TOGO

L’armée togolaise est-elle digne de confiance et professionnelle? Cela dépend de la personne interrogée, Center for Research and Opinion Polls – TOGO

Auteurs : David Jacobs et Thomas Isbell

Organisation affiliée: Center for Research and Opinion Polls – Togo

Type de publication: Article web

Date de publication: 15 mars 2019

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Au Togo, l’armée est un acteur politique très influent. En 1967, un coup d’état militaire a installé Eyadema Gnassingbé à la présidence, et il a gardé le pouvoir jusqu’à sa mort en 2005. Juste après son décès, le fils d’Eyadema, Faure Gnassingbé, a été déclaré président avec le soutien de l’armée. Il a démissionné sous la pression des dirigeants de la sous-région mais a repris le pouvoir après avoir gagné les élections d’avril 2005, jugées « libres et transparentes » par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) mais qui ont occasionné des affrontements violents réprimés par l’armée togolaise.

« La proximité des militaires avec le pouvoir exécutif a été longtemps décriée par les partis d’opposition »

La proximité des militaires avec le pouvoir exécutif a été longtemps décriée par les partis d’opposition, qui accusent les forces armées d’avoir l’emprise non seulement sur l’autorité gouvernementale mais également sur les principales institutions financières du Togo. Amnesty International a critiqué les forces de sécurité togolaises pour l’usage excessif de la force contre les manifestants, journalistes, et membres de l’opposition politique. Sous Faure Gnassingbé, l’armée a été accusée d’être particulièrement agressive envers les médias qui affichent le moindre signe d’opposition politique.

Lors de plusieurs rencontres organisées au fil des années, le gouvernement togolais a publiquement exprimé son engagement à réduire les violations des droits de l’homme perpétrées par le dispositif de sécurité, mais il n’y a que peu de preuve de ce que des efforts aient été véritablement faits, au-delà de la rhétorique. Eu égard au rôle controversé de l’armée au niveau national, quelle perception les citoyens togolais ont-ils de leur armée?

Confiance en l’armée togolaise 

Quatre Togolais sur 10 (42%) affirment faire « partiellement » ou « beaucoup » confiance à l’armée, alors qu’une majorité (56%) ne leur fait que « juste un peu » ou pas du tout confiance. Quoique très en-dessous du niveau moyen de confiance en l’armée (64%) à travers 34 pays africains enquêtés en 2016/2018, plus de Togolais font confiance à l’armée qu’au président (37%), à d’autres dirigeants élus, aux partis politiques, et aux tribunaux. La confiance en l’armée est restée constante depuis la première enquête d’Afrobaromètre au Togo en 2012.

« Plus de Togolais font confiance à l’armée qu’au président (37%) »

Performance et comportement de l’armée 

Comme pour la confiance populaire, les perceptions des Togolais quant aux compétences et à l’attitude de l’armée sont mitigées. La moitié (48%) environ des répondants pense que les forces armées protègent « souvent » ou « toujours » le pays des menaces sécuritaires externes et internes, tandis que 22% affirment qu’elles ne le font que « parfois » et que 13% affirment qu’elles ne protègent que « rarement » ou « jamais » le pays. En ce qui concerne le comportement de l’armée, moins de trois répondants sur 10 (28%) affirment que les forces armées travaillent « souvent » ou « toujours » avec professionnalisme et respectent les droits de tous les citoyens. Un sur quatre (23%) environ affirme qu’elles répondent « parfois » à ces normes, tandis que 44% pensent qu’elles n’y répondent que « rarement » ou « jamais ».

Perceptions sécuritaires plus globales 

Le niveau bas de confiance en l’armée pourrait traduire des perceptions et expériences plus généralisées de l’insécurité parmi les Togolais ordinaires, quand bien même sur le plan local, la police est probablement plus fortement associée à la sécurité et à la sûreté. Une majorité (58%) des Togolais affirment craindre des actes d’intimidation ou de violence politique durant les campagnes électorales au moins « un peu », dont 28% qui affirment « beaucoup » les craindre, marquant une hausse par rapport aux 22% de 2014. La proportion des citoyens qui affirment ne pas craindre « du tout » de tels actes d’intimidation a diminué, de 47% en 2014 à 41%.

Les Togolais affirment craindre des actes d’intimidation ou de violence politique durant les campagnes électorales

Quand bien même les Togolais ont moins confiance en leur armée que la plupart des autres Africains, cette absence de confiance n’est pas uniforme à travers la population. Dans une large mesure, la confiance des citoyens togolais en leur armée et les appréciations de son efficacité et de son comportement dépendent du lieu de résidence des répondants, du groupe ethnique auquel ils appartiennent, et de ce qu’ils sont pauvres ou riches. Ces résultats poussent les autorités du gouvernement et de l’armée à prendre des mesures visant à établir une force véritablement professionnelle et considérée protectrice, serviable, et respectueuse de tous les citoyens.