Face à l’insécurité, les Togolais font de plus en plus confiance à la police et à l’armée, Avril 2023.

Face à l’insécurité, les Togolais font de plus en plus confiance à la police et à l’armée, Avril 2023.

Auteur : Komi Amewunou 

Site de publication : Afrobarometre

Type de publication :  Rapport 

Date de publication  : Avril 2023

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L’atmosphère sécuritaire paisible dont jouissait le Togo connait des perturbations ces dernières années. L’ampleur du problème des braquages a amené le Ministère de la Sécurité à interdire l’accès au grand marché de Lomé aux engins à deux roues et à inviter les citoyens à faire usage du droit qui leur autorise à solliciter l’escorte des forces de sécurité lors de grosses opérations bancaires qu’ils estiment risquées 

Aussi, la partie septentrionale du pays est touchée par la crise sécuritaire qui sévit dans le Sahel. Les récentes incursions des groupes armées terroristes dans la région de la Savane faisant des victimes et des centaines de déplacés viennent nourrir la peur au sein de la population

Les Togolais offrent une évaluation mitigée de leurs forces de l’ordre. Bien que beaucoup de citoyens disent avoir craint d’être victime de crime, la majorité d’entre eux approuvent la performance du gouvernement dans la lutte contre la criminalité. De plus, la police/gendarmerie et l’armée jouissent d’une confiance grandissante des populations

Cependant, des proportions importantes de Togolais se retrouvent obligés de verser des pots-de-vin à la police et perçoivent la plupart des policiers/gendarmes comme étant corrompus.

Résultats clés : 

  • Plus de quatre sur 10 répondants (44%) pensent que « la plupart » ou « tous » les policiers/gendarmes sont impliqués dans des affaires de corruption.
  • La majorité des Togolais disent faire « partiellement » ou « beaucoup » confiance à la police/gendarmerie (61%) et à l’armée (61%).
  • Seulement le tiers (34%) des Togolais disent que la police agit « souvent » ou « toujours » de manière professionnelle et respecte les droits de tous les citoyens.
  • La majorité (62%) des Togolais approuvent les efforts déployés par le gouvernement dans la lutte contre la criminalité.

Proximité des dispositifs sécuritaires

La présence d’infrastructures ou de services sécuritaires pourrait souvent être un facteur de renforcement du sentiment de sécurité au sein des communautés.

Au Togo, les équipes de terrain ont remarqué la présence de postes de police dans ou à distance de marche d’environ trois sur 10 (27%) des zones de dénombrement qu’ils ont visitées. 

Crainte de violence et d’insécurité

Pareillement, les citadins (44% vs. 41%) et les résidents de la région de la Savane (60%) se sentent plus en insécurité dans leur quartier que leurs homologues respectifs. La crainte d’être victime d’un crime chez soi a connu une hausse de 16 points de pourcentage depuis 2012

Interactions avec la police

Seulement un sur 12 Togolais (8%) déclarent avoir demandé l’assistance de la police au cours de l’année précédant l’enquête, et le quart (25%) avoir eu affaire à elle sous d’autres circonstances telles que les postes de contrôle, les arrêts de contrôle d’identité, ou lors d’une enquête. 

Un sur 25 (4%) des répondants déclarent avoir eu ces deux types de contact avec la police, c’est-à-dire avoir eu recours à son assistance et avoir eu d’autres rencontres moins volontaires avec elle, tandis que 70% déclarent ne pas avoir eu d’interactions avec elle au cours de la dernière année.

Parmi ceux qui ont eu recours à l’assistance des forces de police pendant l’année écoulée, quatre sur 10 (39%) affirment qu’il était « difficile » ou « très difficile » pour eux d’obtenir ce dont ils avaient besoin, et le quart (25%) ont dû verser un pot-de-vin au moins une fois. 

Parmi ceux qui ont eu affaire à la police dans d’autres situations, près de la moitié (48%) ont au moins une fois versé un pot-de-vin afin d’éviter des ennuis avec cette dernière pendant les 12 mois précédant l’enquête (Figure 9). 

Pour résumer l’expérience de tous les adultes togolais au cours de l’année écoulée, 14% ont versé un pot-de-vin au moins une fois pour obtenir l’aide de la police, pour éviter un problème avec la police, ou les deux.

Confiance en la police/gendarmerie et l’armée

Certains faits socio-politiques ont contribué à la détérioration de la confiance entre les forces de sécurité et de défense et le peuple togolais, mais depuis quelques années, ces dernières regagnent progressivement la confiance populaire.

Plus de six sur 10 Togolais (61%) disent faire « partiellement » ou « beaucoup » confiance à la police/gendarmerie ainsi qu’à l’armée.

La désagrégation par groupe démographique révèle que la confiance populaire à la police/gendarmerie et à l’armée est moins forte chez les citadins, les moins nantis et les plus de 55 ans, ainsi qu’à Lomé Commune et dans la région Maritime.

Conduite et professionnalisme des forces de police

Les forces de sécurité togolaises ont parfois été critiqué pour leur usage excessive de la force contre les manifestants, les journalistes et les activistes politiques.

La majorité des citoyens affirment que la police utilise une force excessive avec les personnes suspectées d’un crime (69%) et lors des manifestations (67%), arrête les conducteurs sans raison valable (62%) et s’engage dans des activités criminelles (52%) « parfois », « souvent » ou « toujours ». 

Performance gouvernementale contre la criminalité 

La majorité (62%) des Togolais approuvent les efforts du gouvernement dans la lutte contre la criminalité

Cette performance est bien appréciée à travers les groupes démographiques clés mais l’est moins chez les résidents de la région Maritime (49%) et de Lomé Commune (57%), les non nantis (58%) et les plus de 45 ans (54%-57%).

Conclusion : 

La collaboration avec les communautés est fondamentale dans la stratégie de l’Etat face aux défis sécuritaires auxquels fait face le pays. Cette collaboration ne saurait porter de fruits sans la confiance aux forces de sécurité et de défense. La police et l’armée jouissent d’une confiance populaire progressive des Togolais depuis quelques années. Pour consolider cette confiance et nourrir cet élan, les forces sécuritaires doivent travailler davantage à faciliter leur accessibilité aux populations, diminuer les actes de corruption et agir avec plus de professionnalisme dans le respect strict des droits de tous les citoyens.