Estimation des élasticités de demande des produits alimentaires au Togo – Tomgouani LANIE – Septembre 2019

Estimation des élasticités de demande des produits alimentaires au Togo – Tomgouani LANIE – Septembre 2019

Auteur : Tomgouani LANIE

Organisation affiliée : Economie rurale

Type de publication : Article

Date de publication : 30 septembre 2019

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Introduction

Les élasticités-prix et revenu de la demande qui mesurent dans quelles proportions les quantités demandées d’un bien ou d’un service varient à la suite de la variation des prix et/ou du revenu sont des paramètres clés qui permettent non seulement d’approfondir notre compréhension du comportement de consommation des agents économiques ou ménages, mais aussi d’améliorer notre capacité de prévision des résultats d’une politique économique. Aussi, pour évaluer l’impact des politiques de systèmes de taxes indirectes et subventions qui engendrent une variation des prix relatifs, la compréhension de la réponse des ménages aux variations des prix à travers leur comportement de demande est nécessaire pour déterminer dans quelle mesure ces variations constituent une contrainte ou une opportunité pour les ménages afin d’appréhender les implications des réformes fiscales sur les questions d’efficience et d’équité.

Dans un contexte de changement climatique et de volatilité des prix des produits sur le marché mondial, les élasticités-prix de la demande sont les paramètres clés qui permettent de saisir quels sont les sous-groupes de la population qui sont plus affectés par les chocs de prix et surtout si certaines catégories de ménages par rapport à leur revenu peuvent avoir accès ou non à des sources alternatives de produits alimentaires.

Résultats des estimations

Les résultats des estimations des élasticités-prix compensées de la demande montrent que, dans l’ensemble, ces élasticités ont des signes conformes à la théorie économique, c’est-à-dire des signes négatifs indiquant que lorsque le prix d’un bien augmente, toute chose égale par ailleurs, la demande pour ce bien diminue. Au niveau national, les résultats montrent que les céréales comme le maïs, le riz et les céréales transformées sont caractérisées par une demande inélastique alors que les céréales comme le sorgho, le mil et le fonio sont caractérisées par une demande très élastique.

Au niveau des autres catégories de produits, les résultats montrent que les catégories de produits racines et tubercules, légumineuses et oléagineux, huiles et matières grasses, poissons/crustacés, œufs, sucre, boissons et excitants, conserves et condiments, et les produits non alimentaires sont caractérisées par une demande inélastique, alors que le reste des catégories de produits à savoir : les fruits, les viandes, lait et produits assimilés, et les autres produits alimentaires, sont caractérisées par une demande élastique.

En effet, les produits comme le riz, les légumineuses et oléagineux ainsi que les œufs, caractérisés par une demande élastique en milieu urbain, se révèlent inélastiques en milieu rural

Ces élasticités-prix compensées de la demande varient suivant le milieu de résidence des ménages et leur statut de pauvreté. Suivant le milieu de résidence, nous constatons que la nature de la demande de certains produits se trouve renversée en milieu urbain par rapport au milieu rural. En effet, les produits comme le riz, les légumineuses et oléagineux ainsi que les œufs, caractérisés par une demande élastique en milieu urbain, se révèlent inélastiques en milieu rural. Au contraire, le produit « viandes », caractérisé par une demande élastique en milieu rural, apparaît comme une catégorie de produits à demande inélastique en milieu urbain.

Quant aux élasticités-revenus de la demande, au niveau national, parmi les céréales, le maïs, le riz et les céréales transformées ont une élasticité-revenu positive et inférieure à l’unité. Caractérisées par une demande inélastique, ces céréales apparaissent comme des biens de première nécessité.

Les résultats des simulations montrent dans l’ensemble que l’impact de la politique d’allègement fiscal est sous-estimé lorsque la réponse des ménages n’est pas prise en compte

Les élasticités-revenus de la demande varient aussi selon le milieu de résidence des ménages et leur statut de pauvreté mais suivent de façon générale la tendance nationale à la seule exception du produit fruits qui apparaît comme un bien de luxe pour les ménages pauvres.

Simulation de l’impact de la baisse de la TVA sur la pauvreté

Pour inférer sur l’efficacité de la politique d’allègement fiscal du gouvernement, nous utilisons les élasticités-prix de la demande calculées pour simuler l’impact de cette politique sur le bien-être des ménages et la pauvreté. Deux types de simulations sont réalisés : dans la première simulation, les ménages ne réagissent pas aux variations des prix (approximation de premier ordre) et dans la seconde simulation, les ménages réagissent aux variations des prix (approximation de second ordre). Nous focalisons notre analyse sur les céréales, en particulier le maïs, le sorgho et le riz qui constituent un axe stratégique en matière de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté au Togo.

Les résultats des simulations montrent dans l’ensemble que l’impact de la politique d’allègement fiscal est sous-estimé lorsque la réponse des ménages n’est pas prise en compte. Cette politique d’allègement fiscal aurait eu un impact positif sur le revenu des ménages quelle que soit la spéculation considérée au niveau national et suivant les différentes catégories de ménages (à l’exception des producteurs de maïs et du sorgho) mais l’impact est marginal. Cet impact positif s’est traduit par une baisse de la pauvreté. Les ménages consommateurs purs qui auraient bénéficié plus de la baisse de la TVA que les ménages producteurs ont connu une diminution de leur pauvreté alors que la pauvreté est restée inchangée au niveau des ménages producteurs (elle aurait même augmenté parmi les ménages producteurs de maïs). Au contraire, les ménages les plus pauvres auraient bénéficié plus de la baisse de la TVA que les ménages plus aisés mais cela ne s’est pas traduit par une baisse de la pauvreté au niveau de ces catégories de ménages, cette politique aurait permis à seulement certains ménages plus aisés de sortir de la pauvreté.

 

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