Dans le cadre de l’initiative sur l’élection présidentielle au Togo, WATHI est allé à la rencontre de Komi Wolou, candidat du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR). Dans cet entretien, il évoque son parcours et son engagement politique et revient sur les mesures phares de son programme.
Parcours du candidat
Je suis du parti le Pacte socialiste pour le renouveau (PSR) qui a été créé en 2000. A l’époque, nous étions très jeunes et notre ambition était de faire la politique, une politique fondée sur les idées. Une politique qui ne soit pas une confrontation entre personnes, mais la confrontation des idées. Pour cette raison, nous n’étions ni avec le régime ni avec l’opposition classique, ni de la gauche, ni de la droite.
Mais chemin faisant, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait unir nos forces avec d’autres partis de sorte à obtenir de meilleures conditions de vie pour les Togolais dans un État de droit et de démocratie. C’est cette conviction qui nous a conduit progressivement dans différents regroupements politiques. Mais fondamentalement ce qui caractérise notre parti, c’est le fait de baser nos actions sur les valeurs de solidarité, de justice, du travail bien fait, de transparence et d’intégrité morale. Aujourd’hui d’ailleurs, nous sommes convaincus que la crise que traverse notre pays est une crise morale et tant que nous ne remettrons pas en cause nos points de vue politiques par rapport à la morale, les difficultés vont persister.
Mon ambition de vouloir être président de la République
Dès la création de notre parti, nous avions présenté un candidat à la présidentielle de 2003, mais ce candidat n’était pas de notre parti, pourtant nous l’avons présenté, parce que nous pensions qu’il était mieux placé pour nous conduire vers la victoire commune. En 2005, nous étions dans un regroupement et avions présenté un candidat qui n’était pas aussi de notre parti. En 2010, c’était pareil, de même qu’en 2015 où j’ai été porte-parole du candidat de l’opposition.
Aujourd’hui, si je décide d’être candidat moi-même avec l’accord de mon parti, c’est que dans le contexte actuel avec les problèmes sérieux auxquels nous sommes confrontés, j’ai la conviction que ma candidature est la meilleure. Ma candidature est celle qui nous permettra de réaliser non seulement l’alternance, mais également qui permettra à notre pays d’être gouverné dans une meilleure condition d’équité et de justice, de sorte que l’alternance ne s’obtienne pas dans la douleur.
La conquête de l’alternance dans notre pays est difficile, mais la gestion du pouvoir sera plus compliquée à la victoire, il faut un certain nombre de valeurs et de principes comme le “don de soi”, l’existence d’une hauteur, et je pense que je réunis ces qualités et ma candidature aujourd’hui est la meilleure. Je n’y vais pas pour essayer, mais avec la ferme conviction de gagner et j’y parviendrai par la grâce de Dieu.
Les mesures phares de mon programme
- La gouvernance et l’État de droit
L’État moderne c’est celui dans lequel les droits de l’Homme sont respectés. Il s’agira de poser définitivement les bases d’un État de droit auquel aura concouru la transformation des mentalités de sorte qu’aucune dictature ne puisse plus s’installer dans notre pays. Il faut impérativement rompre le lien incestueux entre le pouvoir politique et le juge qui fait naître l’impression que le politique a tout pouvoir et est au-dessus de la loi.
Il faut renforcer les capacités de l’Assemblée nationale par une assistance parlementaire pluridisciplinaire au profit de chaque groupe parlementaire. Le sénat sera supprimé. Les réformes constitutionnelles et institutionnelles consensuelles seront complétées par des lois organiques pour une meilleure cohésion sociale permettant d’augmenter les ressources nécessaires aux transformations. Il y aura une mobilisation plus transparente et équitable dans les ressources de l’État. L’armée sera modernisée avec l’amélioration sensible des conditions de vie des militaires.
- La santé
Nous proposons les points suivants :
- l’accès gratuit aux soins pour certaines maladies ;
- l’accès totalement gratuit aux soins pour certaines personnes;
- la dotation des hôpitaux régionaux de scanners et de laboratoires performants;
- la disponibilité des produits de premières urgences dans tous les hôpitaux;
- le rapprochement des centres de santé des populations;
- la redynamisation des services d’hygiène alimentaire et environnementale.
- L’éducation
Nous proposons les points suivants :
- la redéfinition des programmes scolaires vers l’acquisition des savoir-faire pratiques et utiles ;
- la professionnalisation des métiers et la recherche de l’excellence par la création des écoles de formations aux différents métiers ;
- la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire public avec fourniture des livres et cahiers ;
- la scolarisation obligatoire jusqu’à 14 ans sur l’ensemble du territoire ;
- l’encouragement à l’alphabétisation des jeunes ne pouvant plus se scolariser du fait de leur âge ;
- la dotation des universités d’importants moyens de recherche dans les domaines prioritaires tenant compte des besoins nationaux et de l’existant.
- L’emploi des jeunes
Nous proposons les points suivants :
- la formation à l’entrepreneuriat et l’accompagnement des jeunes sur la base de leur compétence et non sur leur appartenance politique ;
- la création d’emplois décents ;
- la production locale des besoins ;
- l’élaboration d’un code du travail adapté au secteur informel
L’Accord politique global
Cet accord n’est plus d’actualité. Il a été enterré par le gouvernement. Il n’a jamais été respecté par le pouvoir en place. Ce n’est pas la qualité de l’accord qui pose problème, mais c’est le respect et l’application des conclusions. Le constat est que le régime en place est réfractaire aux accords. L’application de cet accord dans son intégralité devait permettre de sortir le pays de la crise.
La décentralisation et la gouvernance locale
La décentralisation est un élément fondamental pour une démocratie. Elle doit permettre de rapprocher le gouverné de l’administré et d’augmenter la chance de la reddition des comptes. Cette proximité entre le gouvernant et le gouverné est nécessaire. Aujourd’hui, tout l’appareil de l’État est concentré dans la capitale et tout le monde veut y vivre, ce qui fait que les autres localités se vident de leurs populations. Si la décentralisation était effective, il y aurait un développement local dans nos collectivités locales et un développement homogène sur l’ensemble du territoire, ce qui retiendrait les jeunes chez eux.
Le contexte sécuritaire
Le terrorisme est un danger pour tout le monde. Le contexte sécuritaire actuel est le fruit de la frustration d’une partie des populations qui sont lésées ou abandonnées par les États. L’État doit donc répondre à ses devoirs et obligations face à l’ensemble de ses citoyens.
Lorsque les gouvernants ne respectent pas la loi, ils suscitent sur les plus faibles un sentiment de vengeance, de sorte qu’à la moindre occasion, ils en profitent pour se venger. Dans ce contexte sécuritaire fragile, les gouvernants doivent faire attention et éviter les manipulations des élections qui sont souvent source de tension. La paix ne se décrète pas, elle s’acquiert par un comportement responsable. Tous les acteurs doivent avoir conscience de cela.
La nouvelle monnaie ECO de l’UEMOA
D’un point de vue psychologique cette réforme était nécessaire. Mais il faut une réforme plus profonde qui ne sera pas vécue par la France comme un affront ni pour les pays africains comme une chose qui a été octroyée. Chaque chose en son temps et les Africains doivent prendre en charge leur monnaie.
La participation de la femme
La participation de la femme à la vie socioéconomique et politique d’un pays est une question centrale. Du point de vue de l’importance de la population, les femmes sont plus nombreuses que les hommes et il n’est pas normal qu’elles soient reléguées au second plan. Mais il faudrait qu’on prenne le problème à la base pour qu’elles se sentent concernées par leur participation. Cela passe par une transformation de la mentalité au niveau des deux genres. Si l’homme doit reconnaitre à la femme ses qualités, celle-ci doit également se sentir amplement capable de participer à la vie politique du pays.
Mon engagement pour un processus apaisé
Nous n’avons jamais prôné la violence et autant que faire se peut, nous ferons tout pour que le processus se poursuive dans la paix. Mais ce sont des fraudes qui génèrent des frustrations qui débouchent sur des violences. Le gouvernement doit en être conscient pour éviter toute action susceptible de conduire à la violence. Nous devons tous faire preuve de responsabilité pour que les résultats soient conformes aux résultats des urnes.
Source photo : lecorrecteur.info
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