Inclusion Economique des Jeunes et des Femmes dans les Chaines de Valeur à Haut Potentiel, Banque Mondiale, Novembre 2023

Inclusion Economique des Jeunes et des Femmes dans les Chaines de Valeur à Haut Potentiel, Banque Mondiale, Novembre 2023

Auteur : Banque Mondiale

Site de publication : Banque mondiale

Type de publication : Rapport

Date de publication : novembre 2023

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Introduction

Des emplois de qualité sont essentiels pour accélérer la réduction de la pauvreté et renforcer la cohésion sociale au Togo. Bien que le Togo ait fait des progrès significatifs dans la création d’un plus grand nombre d’emplois de qualité, avec une croissance robuste au cours de la dernière décennie, plusieurs défis restent à relever. 

Le marché du travail du Togo se caractérise par des niveaux élevés d’informalité et de sous-emploi, une faible productivité et des emplois de qualité limitée. Cette situation compliquée est aggravée par la tendance démographique qui voit d’importantes cohortes de jeunes entrer sur le marché du travail chaque année. En raison de cette tendance, on estime qu’à partir de 2024, le Togo devra créer 200 000 nouveaux emplois par an pour absorber l’afflux de nouveaux arrivants sur le marché du travail. Comme décrit dans le Diagnostic de la situation de l’emploi au Togo qui accompagne ce rapport, une approche holistique de création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité devrait être appliquée en tenant compte des contraintes liées à la macroéconomie, à la demande et à l’offre. Les solutions doivent se concentrer sur la création de nouveaux emplois, l’amélioration de la qualité et de la productivité des emplois et l’accès à l’emploi pour les segments les plus vulnérables de la population.

L’agriculture représente 40 pour cent de tous les emplois au Togo et a été identifiée comme un secteur prioritaire dans la Feuille de Route Gouvernementale 2020-2025.

Afin de mieux exploiter le potentiel d’emploi des chaînes de valeur, cette étude propose de mener une analyse de chaînes de valeur en mettant l’accent sur les résultats d’emploi. Ce rapport se concentre sur les contraintes et les opportunités pour de meilleurs résultats d’emploi (Phase 2) dans trois de ces chaînes de valeur – karité, gingembre et piment rouge – sélectionnées comme études de cas.

Chaine de valeur du karité 

La première étape de la chaîne de valeur du karité est la collecte des noix, qui constitue une opportunité intéressante de revenu pour les populations rurales pauvres, en particulier les femmes. Le karité pousse dans les régions du nord du Togo, en particulier dans la région des Savanes ainsi que dans les régions de la Kara et Centrale. Les arbres ayant une longue période de gestation, ils ne sont généralement pas plantés mais exploités dans la nature. Étant donné que seulement 60 pour cent des zones de karité du Togo sont actuellement exploitées, il existe un fort potentiel d’augmentation de la production. Cependant, la déforestation des arbres de karité pour en faire du bois de chauffage pourrait limiter ce potentiel. Le nombre de ménages togolais impliqués dans la chaîne de valeur est actuellement estimé à environ 170 000, dont certains producteurs organisés en coopératives.

La commercialisation du beurre de karité est stimulée par la croissance du marché mondial des cosmétiques naturels et celui des substituts du beurre de cacao. Cependant, une grande partie du beurre de karité produit au Togo reste sur le marché national. Moins d’un tiers des TPME interrogées exportent, citant les coûts de transport élevés et les problèmes de qualité/certification comme leurs principales contraintes.

Chaine de valeur du gingembre 

La production de gingembre ne nécessite pas d’investissements importants et peut générer des revenus relativement rapidement. Le gingembre est cultivé principalement dans la région des Plateaux, mais aussi dans les trois régions septentrionales du Togo. La production annuelle est estimée à 60 000 tonnes, impliquant au moins 6 000 petits exploitants, dont certains sont organisés en coopératives. La production de gingembre ne nécessite pas d’investissements importants et constitue une bonne opportunité de générer des revenus pour les populations rurales pauvres. Les femmes sont bien impliquées dans la phase de production, mais pas les jeunes. Parmi l’échantillon de petits exploitants interrogés, le volume de collecte annuel moyen était de 1 308 kg et le chiffre d’affaires annuel total de 863 000 FCFA. L’accès limité à des terres cultivables a été identifié comme un goulot d’étranglement à l’augmentation de la production.

Contrairement au karité, les rôles dans la chaîne de valeur du gingembre sont clairement définis. Alors que la production est assurée presque exclusivement par des petits exploitants, la transformation est effectuée par des TPME. Les sous-produits du gingembre bénéficient d’un marché intérieur solide et d’un marché international en expansion. 

La demande nationale dépasse largement l’offre et, par conséquent, le gingembre doit être importé des pays voisins. Le potentiel d’augmentation de la production nationale et de stimulation de l’emploi est important. Les quantités exportées sont actuellement faibles, malgré une demande internationale croissante. Les TPME interrogées ont indiqué que le respect des normes de qualité nécessaires à la certification constituait le principal obstacle à l’exportation.

Chaine de valeur du piment rouge 

Comme le gingembre, le piment rouge a un cycle de production court et offre des possibilités de revenus intéressants aux petits exploitants. Le piment rouge peut être planté dans presque toutes les régions du Togo, mais c’est dans la région des Plateaux qu’il est le plus répandu. Le nombre de petits exploitants identifiés est d’environ 1 000, pour une production annuelle totale de 3 000 tonnes. Les coopératives sont moins répandues que dans les chaînes de valeur du karité et du gingembre.

Le piment rouge frais peut être séché et vendu tel quel ou transformé en poudre ou en épices, pour lesquelles le Togo dispose d’un marché intérieur important. Au Togo, la plupart des TPME impliquées dans la transformation sont de petites unités industrielles qui utilisent des méthodes artisanales, tandis que quelques grandes entreprises s’appuient sur des technologies plus modernes. Les emplois dans la transformation sont accessibles aux femmes et aux jeunes, mais sont principalement manuels et saisonniers. Le chiffre d’affaires annuel moyen des transformateurs de piment est d’environ 1,9 million de francs CFA, ce qui est inférieur à celui des producteurs.

Plusieurs contraintes et opportunités d’amélioration des résultats d’emploi sont communes aux trois chaînes de valeur analysées. Les producteurs impliqués au début des chaines, en particulier les jeunes et les femmes, sont confrontés à des difficultés pour augmenter leur production et leurs revenus en raison de l’accès limité à la terre (gingembre et piment rouge), de la déforestation (karité) et des maladies fongiques (gingembre). Leur travail est compliqué par la qualité des infrastructures rurales, en particulier l’accès à l’eau et aux installations de stockage. Les coopératives offrent la possibilité de relever certains de ces défis, mais elles ne sont pas encore disponibles dans toutes les régions ou tous les secteurs. Dans les trois chaînes de valeur, la transformation des produits repose largement sur des méthodes artisanales qui limitent la productivité et rendent le travail physiquement exigeant, ce qui affecte la qualité du travail. Des technologies plus efficaces existent, mais elles nécessitent des investissements et des compétences techniques. Bien que les produits finis des trois chaînes de valeur bénéficient d’une forte demande du marché, les TPME impliquées dans la transformation et la commercialisation rencontrent des obstacles pour obtenir des financements ainsi que les certifications nécessaires à l’exportation, ce qui limite le potentiel de création d’emplois. Si certains emplois sont déjà disponibles pour les jeunes et les femmes, la plupart sont des emplois informels et saisonniers.

Recommandations 

Recommandations pour renforcer les chaînes de valeur dans leur ensemble : 

  • Promouvoir la création de pépinières de gingembre certifiées afin de favoriser la distribution de matériel de plantation propre. 
  • Faciliter l’accès à l’eau en creusant des puits (pour le karité) et en construisant des systèmes d’irrigation (pour le gingembre et le piment rouge). 
  • Établir des centres de stockage communautaires à proximité des zones de production qui répondent aux critères de quantité et de qualité des agrégateurs. 
  • Inciter à la modernisation des machines et des équipements. 
  • Encourager la création d’un centre de commerce physique ou virtuel pour les chaînes de valeur à fort potentiel.
  • Mettre en place des mécanismes de financement appropriés pour encourager les investissements dans les chaînes de valeur à fort potentiel. 

Recommandations pour de meilleurs résultats d’emploi pour les jeunes et les femmes en particulier : 

  • Faciliter l’accès des jeunes et des femmes à la terre pour la production agricole à travers le réseau des Zones d’Aménagement Agricole Planifiées (ZAAP). 
  •  Encourager la création de coopératives axées sur les jeunes et les femmes. 
  • Fournir ou subventionner des formations à l’adoption de bonnes pratiques agricoles et à la transformation des produits pour les jeunes et les femmes producteurs dans les trois chaines de valeur. 
  • Fournir ou subventionner des formations en gestion d’entreprise et en compétences de gestion pour les jeunes et les femmes entrepreneurs.