Kpalimé est sans aucun doute le « poumon vert » du Togo et dispose d’un potentiel touristique à valoriser

Kpalimé est sans aucun doute le « poumon vert » du Togo et dispose d’un potentiel touristique à valoriser

Les entretiens de WATHI – Les régions du Togo

Ekpeko Kodzo Edem Felix

Ekpeko  Kodzo Edem Felix est spécialiste en développement organisationnel et management des projets. Il coordonne l’Association togolaise des Volontaires au Travail (ASTOVOT), première structure de volontariat au Togo.

Quelles sont les spécificités du patrimoine naturel de la commune de Kloto (nature, richesse, abondance, diversité́, etc.) ?

Kloto 1 a été érigée en commune par la loi N° 2017-008 portant création de commune avec un ressort territorial comprenant 8 cantons qui sont Gbalave, Hanyigba, Kpadapé, Kpalimé, Tomé, Tové, Womé et Yokélé et dont la Ville de Kpalimé est le chef-lieu. La Commune de Kloto 1 se situe à l’Ouest de la région des plateaux. Elle est limitée au Sud-Nord-Ouest par le Ghana, au Nord par la Commune de Kloto 2 et la Commune de Kloto 3, au Sud-ouest par la Commune d’Agou 2, et à l’Est par la Commune d’Agou 1. Elle s’étale sur la latitude 6°54′22,32″ Nord et la longitude 0°37′54,48″ Est.

Avec une population d’environ 106 928 habitants, elle est la cinquième ville du Togo en nombre d’habitants après Lomé, Sokodé, Kara et Atakpamé. La population de Kloto 1 est composée d’une multitude d’ethnies venues de différents horizons. En dehors des Ewé qui sont les autochtones, on peut citer, les Kabyè, les Tem, les Guin, les Moba, les Agoe, les Adja …, venus d’autres régions du Togo ; les Anlon du Ghana, les Yorouba (Nago), Ibo du Nigeria, les Haoussa et Djerma du Niger. Les langues les plus parlées sont l’Ewé (dominante), le Tem, le Kabyè, l’Haoussa et le Tchamba.

Kpalimé est sans aucun doute le « poumon vert » du Togo, c’est une fascination touristique dans toute sa splendeur.  Kpalimé est réputée pour son paysage verdoyant, son impressionnant relief et sa magnifique flore, c’est le paradis vert du Togo. C’est l’endroit rêvé pour les amoureux de la nature et ceux qui souhaitent aller à la découverte de beaux paysages montagneux et de la flore tropicale. Nichée au creux d’une vallée entourée de collines verdoyantes, la ville est au carrefour des routes qui mènent vers les autres régions du pays et vers le Ghana, un point de départ touristique pour découvrir l’intérieur du Togo. La ville regorge de plusieurs sites touristiques notamment :

  • La cascade de Womé
  • Le pic d’Agou (986m), point culminant du Togo, peut faire l’objet d’une ascension
  • Le château Vial
  • Le plateau de Dayes et ses forêts de wawas et d’irokos
  • La cascade de Kamalo dans le mont Kloto
  • Les chutes de Kpimé
  • Le monastère de Dzogbégan
  • Le centre des aveugles
  • Le centre artisanal
  • Le village des papillons
  • Les forêts classées de Kpimé et d’Atilakoutsè
  • La grotte aux chauves-souris de Kévuvu

Ces sites attirent plus de 2500 touristes internationaux, par an, dans la commune. Malgré ce potentiel, le tourisme est n’est pas valorisé. On note une insuffisance de stratégies et mesures d’accompagnement pour booster le secteur touristique et donner un charme naturel aux sites.

Sur le plan économique, l’agriculture est la principale activité exercée par plus de 80% de la population.  Les produits agricoles comprennent : le maïs, le manioc, l’igname, le sorgho, le mil, le cacao, le café, le coton, le palmier à l’huile, l’ananas, les agrumes, l’avocat, les bananes, le cola, les fruits plantiers, les bois tropicaux. Elles constituent de véritables sources de revenus pour la population locale. Cette agriculture, extensive, utilise encore des techniques archaïques et des outils rudimentaires. La population pratique également l’élevage familial des volailles, des petits ruminants, etc.

Le commerce reste une importante activité économique pour la ville de Kpalimé qui demeure d’ailleurs un centre commercial important. Elle est un lieu de transit, une plaque tournante des produits agricoles vivriers et d’exportation vers Lomé, la capitale et autres préfectures du Togo et vers le Ghana, le Bénin et le Burkina-Faso. C’est aussi un important centre de distribution de produits manufacturés vers les villages et communes voisines.

Kpalimé est également un grand centre artistique et culturel, à la croisée de plusieurs ethnies qui possèdent chacune leurs traditions et leur savoir-faire. L’artisanat y est également développé grâce à la présence des touristes. Le secteur est bien organisé avec l’existence d’une chambre des métiers et des centres de formation, production et vente. Les principales activités artisanales sont : la transformation agro-alimentaire (noix de palme, jus de fruit, sodabi, gari, manioc, huile de palmiste), la sculpture, la forge, la menuiserie, la maçonnerie, la vannerie, la soudure, la coiffure, la mécanique de véhicules, la poterie et la bijouterie etc. Cependant, le secteur culturel et artistique n’est ni soutenu, ni valorisé. Les artistes locaux peinent à vivre de leur art, pourtant essentiel et de grande qualité, représentatif de la richesse culturelle du pays.

La commune de Kpalimé abrite de nombreuses infrastructures (hôpitaux de district, la poste, bureau de la Mairie, la préfecture, commissariat de police, gendarmerie, des banques, des écoles, bref, tous les services publics et administratifs sont représentés). En dehors des services publics et administratifs, on trouve aussi des boutiques d’arts, des centres commerciaux, des bars et des restaurants, des discothèques.

Quels sont les principaux défis de la commune ?

A mon avis, le principal handicap de la commune de Kloto 1 est la non valorisation de son potentiel touristique. Le tourisme est un puissant levier pour le développement local, il permet de dynamiser les activités économiques traditionnelles et de mettre en valeur les particularités culturelles locales, tout en offrant des possibilités d’emploi aux jeunes, surtout ruraux, freinant ainsi l’exode rural.

Le potentiel touristique de la localité n’étant plus à démontrer, cela devrait exhorter les autorités à porter une attention particulière à ce secteur qui peine à se développer. Mais malheureusement, on constate une insuffisance de stratégies et mesures d’accompagnement pour booster le secteur et donner un charme naturel aux sites. A côté, on note également une insuffisance d’infrastructures adéquates et attrayantes. La gestion des déchets et l’éclairage public sont également d’importants défis à relever par les autorités communales.

Concernant l’assainissement, l’eau n’est pas une denrée rare à Kpalimé localisée dans le milieu tropical humide. Mais curieusement, moins de la moitié de la population seulement est raccordée à un réseau d’eau potable. La plupart des foyers se dotent de puits dans leurs maisons à des prix élevés et les travaux tombent, le plus souvent, sur des roches magmatiques à une dizaine de mètres, et le puits s’assèche au bout de quelques jours. Pour l’utilisation domestique, les femmes sont donc amenées à chercher de l’eau à la rivière très polluée.

Au lendemain des élections locales de 2019, une nouvelle équipe communale a été installée. Avez-vous observé des changements depuis la prise de fonction de cette équipe ?

Le processus de décentralisation déclenché constitue une réelle opportunité pour la nouvelle équipe communale d’assurer pleinement son rôle de planification et la mise en œuvre du développement à Kpalimé. Il y a des changements avec la nouvelle équipe communale. La situation progressive est dans la bonne direction. On peut vite remarquer un changement organisationnel, structurel et une évolution de compétences de l’actuelle équipe. J’ai également relevé la mise en place des stratégies de mobilisation et d’optimisation des ressources, la prise de conscience des enjeux de l’eau potable pour la santé de la population avec une extension du réseau d’eau potable dans la commune.

Enfin, la volonté de doter la commune d’un outil de référence qui définit et oriente sa contribution à la réalisation des objectifs du plan national de développement. Je salue d’ailleurs l’élaboration du plan de développement communal qui répond bien aux grandes lignes d’actions à entreprendre pour assurer le développement de la commune. Les besoins prioritaires de la commune et les stratégies de développement ont été pris en compte.

Toutefois, les défis liés à l’assainissement et à la gestion des déchets notamment restent énormes.

Quels sont les défis particuliers auxquels sont confrontées les jeunes de la commune ?

L’emploi des jeunes représente, aujourd’hui, un enjeu majeur pour la commune. L’éducation constitue un défi étroitement lié à l’explosion de la jeunesse. Le grand défi des jeunes est de participer de manière active à la vie publique de la commune afin de s’imposer comme une force de proposition et d’action. Les jeunes s’impliquent déjà dans la vie publique à travers des associations et ONG et se vouent à des causes civique, culturelle et/ou humanitaire. Ils font plutôt confiance aux associations et ONG pour que la société évolue dans le sens qu’ils souhaitent. Cependant, cette implication reste encore aujourd’hui très faible.

Comment imaginez-vous votre commune dans les années à venir ?

Dans les années à venir, notre souhait est de voir notre commune transformée en un territoire dont le charme naturel est valorisé. Une commune dotée d’infrastructures adéquates et attrayantes et caractérisée par un renforcement de la gouvernance, un développement des emplois durables aux jeunes à travers le développement des secteurs stratégiques et une amélioration du bien-être des populations et la protection des groupes vulnérables.


Crédit photo : Visiter l’Afrique

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