Togo : Profil de pauvreté, Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques

Togo : Profil de pauvreté, Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques

Auteur : Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques

Organisation affiliée : Ministère de la Planification du développement

Type de publication : Rapport

Date de publication : Avril 2016

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

 

Introduction

Depuis 2011, le Togo a connu une croissance économique moyenne de l’ordre de 5% grâce à la reprise de la coopération internationale à l’investissement public dans la construction d’infrastructures économiques, à la promotion de l’emploi, etc. Dans un tel contexte, la réduction de la pauvreté sera possible si la croissance générée est pro-pauvre.

Les enquêtes budget-consommation et le Questionnaire Unifié des Indicateurs de Base de Bienêtre (QUIBB) constituent des sources de données importantes pour évaluer la situation de la pauvreté dans un pays et mesurer les inégalités dans la redistribution de la croissance générée au sein de la population.

Quelle est la situation de pauvreté au Togo au terme des Objectifs Millénaire du Développement (OMD) ? Dans quelle mesure les ménages togolais ont-ils bénéficié de cette croissance économique ? Quels groupes sociaux ont profité le plus de cette croissance ? Est-ce que ces résultats sont fiables ? Les Togolais les plus pauvres ont-ils bénéficié de cette croissance (croissance pro-pauvre) ?

Ce rapport dénommé « Profil de pauvreté » analyse la pauvreté au Togo sur la période 2011-2015 à travers les données de QUIBB 2015. Il vise à analyser à la fois l’évolution de la pauvreté sur cette période et sa décomposition selon les différentes caractéristiques sociales, démographiques et les différentes couches au sein de la population par domaine.

Tendances de la pauvreté monétaire

Incidence de la pauvreté selon le milieu de résidence

Au niveau national, la pauvreté a régressé sur la période allant de 2006 à 2015. L’incidence de la pauvreté est passée de 61,7% en 2006 à 58,7% en 2011 et 55,1% en 2015. L’analyse selon le milieu permet de constater que sur les trois années, la pauvreté est plus marquée dans le milieu rural que dans les autres milieux. On note ainsi qu’en 2015, l’incidence de la pauvreté est de 68,7% dans le milieu rural alors qu’il est 37,9% dans les autres milieux urbains et 34,8% à Lomé.

On note ainsi qu’en 2015, l’incidence de la pauvreté est de 68,7% dans le milieu rural alors qu’il est 37,9% dans les autres milieux urbains et 34,8% à Lomé.

La contribution à la pauvreté est également plus élevée dans le milieu rural que dans les autres milieux aussi bien en 2006, en 2011 qu’en 2015. Cela est dû au fait que le milieu rural rassemble la plus grande partie de la population, mais également un plus grand nombre de pauvres.Un regard sur l’évolution de la pauvreté permet de constater qu’entre 2011 et 2015, la pauvreté a augmenté de 6,3% dans Lomé tandis qu’elle a baissé de 6,8% dans les autres milieux urbains et de 4,7% dans le milieu rural.

Incidence de la pauvreté selon le groupe socioéconomique du chef de ménage

L’analyse de l’incidence de la pauvreté selon le groupe socioéconomique du chef de ménage montre que la pauvreté est plus élevée chez les ménages ayant pour chef les indépendants agricoles. L’incidence de la pauvreté dans ce groupe est de 72,6% en 2015 et est plus faible que celle de 2011, 77,8%. Les ménages dirigés par les salariés du secteur public enregistrent en 2015, l’incidence de la pauvreté la plus faible, 28,1%.

Cela correspond à une légère hausse de 0,7% par rapport à la valeur de 2011. Chez les ménages dont le chef est salarié du secteur privé, cette incidence est plus élevée (49,0%) et a connu une augmentation entre 2006 et 2011 et entre 2011 et 2015 passant de 41,4% à 44,1% puis à 49,0%. Les ménages dont le chef est sans travail et ceux dont le chef appartient à la catégorie « autres indépendants » enregistrent respectivement en 2015 des incidences de pauvreté de 44,4% et 46,2%.

Profondeur de pauvreté

Cette partie du présent rapport fait l’analyse de la pauvreté en tenant compte de la disparité entre les pauvres. L’incidence de la pauvreté a identifié les pauvres selon un seuil. La profondeur, quant à elle, mesure l’écart entre le seuil et la consommation des pauvres. En d’autres termes, c’est la somme totale de revenu qu’il faut donner aux pauvres pour les faire sortir de la pauvreté.

c’est la somme totale de revenu qu’il faut donner aux pauvres pour les faire sortir de la pauvreté

Les analyses montrent que la consommation moyenne des pauvres est inférieure de 40,1% au seuil de pauvreté. Cet écart de la consommation moyenne par rapport au seuil était respectivement de 38,2% et 41,6% du seuil en 2006 et 2011. Ainsi, entre 2011 et 2015, cet écart a été réduit d’un point traduisant une légère amélioration de la situation des plus pauvres. Ce constat est valable pour les milieux ruraux et autres urbains.

Extrême pauvreté

Les ménages qui sont dans l’extrême pauvreté sont ceux qui ne disposent pas suffisamment de ressources pour répondre à leurs besoins nutritionnels de base. Un ménage est classé dans l’extrême pauvreté si sa dépense de consommation n’atteint pas le seuil alimentaire. Les ménages qui sont dans l’extrême pauvreté sont aussi les ménages considérés comme les plus pauvres des pauvres. On observe une baisse de l’extrême pauvreté entre 2011 et 2015 passant de 30,4% à 28,7%.

Selon les milieux de résidence, une tendance identique est observée en milieu rural et autres milieux urbains. Dans le milieu rural, l’extrême pauvreté est passée de 43,4% en 2011 à 39,7% en 2015. Au même moment en autres milieux urbains, elle a connu des niveaux successifs de 16,3% et 12,9% respectivement en 2011 et 2015. Par contre, dans Grand Lomé, la tendance enregistrée est inverse. Elle a connu une forte augmentation de 9,1 points de pourcentage, passant de 4,6% en 2011 à 13,7% en 2015.

Tendance des inégalités

Décomposition de l’incidence de la pauvreté entre les effets croissance et redistribution

Dans l’étude de pauvreté, il est pertinent de décomposer la variation de l’incidence de pauvreté entre deux périodes. La décomposition est faite suivant deux effets, effet « croissance » et effet « redistribution ». Elle permet de calculer la part de chacun de ces effets dans la variation du taux de pauvreté.

On peut observer qu’au plan national, la diminution du taux de pauvreté entre 2011 et 2015 est à la fois due à l’effet croissance (baisse de 2,2 points) et à l’effet redistribution (baisse de 1,4 point)

L’effet croissance mesure le taux de pauvreté que le pays enregistrerait si la consommation avait augmenté au même rythme que la croissance économique observée en supposant que la distribution de la consommation n’a pas changé. L’effet redistribution calcule le taux de pauvreté qu’aurait eu le pays si la distribution de la consommation avait changé selon les données observées en supposant que la consommation moyenne n’a pas changé. Toutes choses étant égales par ailleurs, la croissance économique diminue le taux de pauvreté. La décomposition mesure justement la force de la contribution de la croissance dans la variation de l’incidence de pauvreté.

En définitive, la diminution de l’incidence de la pauvreté est due à une plus forte contribution de l’effet croissance

On peut observer qu’au plan national, la diminution du taux de pauvreté entre 2011 et 2015 est à la fois due à l’effet croissance (baisse de 2,2 points) et à l’effet redistribution (baisse de 1,4 point). Dans Grand Lomé, on note une hausse de la pauvreté essentiellement due à l’effet croissance qui l’a fait augmenter de 7,8 points alors que l’effet redistribution l’a réduit de 1,5 point. Dans les autres milieux urbains et dans le milieu rural, la baisse de la pauvreté est essentiellement due à l’effet croissance qui l’a respectivement réduite de 5,3 et de 5,5 points de pourcentage dans ces milieux. La redistribution a contribué à une diminution de la pauvreté de 1,6 point dans les autres milieux urbains alors qu’elle a induit une augmentation de 0,9 point en milieu rural. En définitive, la diminution de l’incidence de la pauvreté est due à une plus forte contribution de l’effet croissance.

Une croissance pro-pauvre

Au niveau national, il y a une baisse de la consommation pour les 5,0% des ménages les plus pauvres. Ces derniers n’ont donc pas bénéficié de la croissance économique entre 2011 et 2015. Hormis ceux-ci, la croissance a profité aux autres ménages. Il en ressort que la grande majorité des pauvres ont donc bénéficié des effets de la croissance.

« Il en ressort que la grande majorité des pauvres ont donc bénéficié des effets de la croissance. »

Pour Grand Lomé le taux de croissance de la consommation est négatif pour tous les centiles de consommation. Ceci traduit le fait que la croissance économique n’a pas conduit à la réduction de la pauvreté dans Grand Lomé. Dans les autres milieux urbains, hormis les 4,0% des ménages les plus pauvres, la croissance économique a bénéficié à tous les autres. Par ailleurs, on note l’effet de la croissance économique a plus profité aux plus pauvres. En milieu rural, seuls les 5% des ménages les plus pauvres n’ont pas bénéficié de la croissance économique.