Transparence des comptes publics au Togo : Faure GNASSINGBÉ ne voit pas de rapport !, Mediapart Blog

Transparence des comptes publics au Togo : Faure GNASSINGBÉ ne voit pas de rapport !, Mediapart Blog

Auteur (s): François Fabregat

Type de publication: Article

Date of publication: 28 décembre 2017

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*Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

 

« Faure GNASSINGBÉ ne voit pas de rapport avec sa manière de gouverner ! » L’année 2017 s’achève avec comme trait marquant au Togo, une évolution de la crise politique née de l’important et imposant mouvement de contestation relancé le 19 août 2017, à l’appel du Parti National Panafricain et de son leader Tikpi Atchadam.

En tenant compte du contexte aigu de tension politique et sociale, une grande majorité des citoyens togolais est impatiente de connaitre la teneur et le contenu du message de vœux pour 2018 que Faure GNASSINGBÉ pourrait présenter à la Nation. Ce message, s’il y en a un, sera  analysé et décrypté. Il est utile de rappeler succinctement le contexte de la crise politique togolaise qui a débuté le 19 août 2017 à partir de Sokodé, une ville au centre du Togo.

FAURE GNASSINGBÉ : PRÉSIDENT DES FAT OU DU PEUPLE TOGOLAIS ?

Le pouvoir de Faure GNASSINGBÉ – soutenu par le RPT/UNIR, porté à bout de bras par les éléments non-républicains des Forces Armées Togolaises (FAT) et par des milices paramilitaires armées -, surpris par les véritables marées humaines qui défilent depuis quatre mois dans les rues de Lomé et des principales villes du pays, a choisi de sanctionner le mouvement social au Togo en l’entrainant dans un cycle de « manifestation-répression », et tente d’imposer « son » dialogue et non des négociations.

L’escalade de la violence de l’Etat, dont les forces de sécurité – on devrait plutôt dire « d’insécurité » –, opèrent souvent avec des tirs à balles réelles, se traduit à ce jour par 20 morts, des dizaines de blessés, des centaines de dégradations sur les biens privés, des villes entières en état de siège ou vidées de leurs habitants,des milliers d’exilés au Ghana et au Bénin limitrophes, des villes comme Mango, Sokodé ou Bafilo et même Kara,dans lesquelles la population ou l’opposition sont interdites de marches pacifiques.

Pasune fois depuis quatre mois et demi Faure GNASSINGBÉ n’a daigné s‘adresser  directement au Peuple du Togo pour tenter d’apaiser les tensions et proposer des solutions pour résoudre la crise. Sa seule intervention publique, le 10 novembre, au camp militaire de Temedja, a consisté à tresser des louanges aux FAT : « Aujourd’hui, je suis avec vous pour vous renouveler ma confiance totale. Sous la conduite de vos chefs, j’ai la conviction que vous vous comporterez toujours en soldats responsables face aux provocations et aux menaces de toute sorte », et à émettre de graves sous-entendus pour affubler le mouvement de contestation d’une coloration terroriste : « Je sais pouvoir compter sur votre courage et votre sens de devoir pour relever tous les défis qui vous seront lancés, et que sans faiblesse, nous serons ensemble pour répondre à toute menace ou action terroriste qui pourrait toucher notre nation ».

LE DIALOGUE CONSISTE A « ENRICHIR » LA PROPOSITION DE FAURE GNASSINGBÉ

Faure GNASSINGBÉ justifie, tout en la condamnant, l’utilisation des milices, rejetant une nouvelle fois la responsabilité de leur création sur les manifestations du PNP : « C’est une réalité que je déplore mais qu’il faut replacer dans son contexte, celui des premières manifestations violentes du PNP et des multiples provocations auxquelles se sont livrés les militants de ce parti. C’est cela qui a donné naissance à ces groupes d’autodéfense, qui sont également condamnables et que nous condamnons.»

Mais Faure GNASSINGBÉ n’est guère convainquant dans cet exercice qui consiste à rejeter tous les maux du Togo sur les autres. Notamment sur l’immense majorité du peuple togolais qui ne supporte plus que la famille GNASSINGBÉ exerce le pouvoir politique et économique sur le Togo sans interruption  depuis 44 ans, sans partage et surtout  sans redistribution equitable de la richesse nationale.

Faure GNASSINGBÉ par ailleurs démontré les limites du dialogue lorsque c’est lui qui les initie. Pas moins de 26 dialogues ont déjà été recensés par le passé qui se sont tous révélés improductifs.

De cette manière Faure GNASSINGBÉ, au regard de l’histoire, nationale et internationale, n’a rien inventé en la matière et se conduit bien comme un autocrate, sous couvert d’une fausse démocratie, excluant de la sphère publique le plus grand nombre des citoyens du Togo. Le choix de Faure GNASSINGBÉ, à savoir la voie de l’affrontement direct et de la justification de la répression sous couvert de motifs fallacieux, est corroboré par les faits observés sur le terrain.Telle est la réalité politique du Togo en cette fin d’année 2017.

Faure GNASSINGBÉ par ailleurs démontré les limites du dialogue lorsque c’est lui qui les initie. Pas moins de 26 dialogues ont déjà été recensés par le passé qui se sont tous révélés improductifs. Faure GNASSINGBE devra donc produire davantage d’actes concrets que de palabres, pour que le dialogue promis en 2017 recèle davantage de sincérité et témoigne de la volonté d’aboutir à un réel règlement de la crise politique. Pour l’heure le pouvoir semble avoir unilatéralement choisi  l’affrontement.

A partir de ce constat le principe du retour à la Constitution originelle de 1992 devrait se faire non sur la base d’un dialogue mais d’une véritable négociation. Tels sont les prémices  d’une transition politique susceptible de sceller durablement la désescalade de la violence, de permettre au peuple du Togo de retrouver la voie de l’apaisement, pour se consacrer enfin à la construction d’une société démocratique. Libre à certains de croire encore aux promesses de Faure GNASSINGBÉ et des ses affidés. L’histoire politique a démontré au peuple que les dialogues à la sauce « GNASSINGBÉ » ou « RPT/UNIR », ont toujours conduit à des impasses.

Par ailleurs en l’absence de Vérité des Urnes au Togo depuis quarante ans, avérée et constatée  par de nombreux observateurs neutres, Faure GNASSINGBÉ n’a en réalité pas d’autre légitimité que celle de la force militaire et para-militaire, qui lui ont permis de se maintenir au pouvoir. Il n’a donc aucune légitimité démocratique fondée sur la vérité de urnes. En 2018, le peuple du Togo ne pourra encore se satisfaire d’illusions ou de fausses promesses. Plus que jamais la négociation s’impose comme une évidence. Le dialogue de Faure GNASSINGBÉ consiste pour ceux qui vont y participer à venir l’enrichir. Aussi, une opposition  crédible se doit d’opter pour la négociation.

LA VÉRITÉ DES COMPTES PUBLICS AU TOGO 

Dans un tel contexte il est utile de rechercher les raisons qui poussent Faure GNASSINGBÉ à s’accrocher au pouvoir comme un arapède sur son rocher, celle de la défense des intérêts extérieurs qui fondent son enrichissement personnel et celui de ses soutiens. C’est la richesse nationale et l’inclusivité qui en patissent.

Depuis sa création, au moment de l’élection présidentielle de 2010, CVU-Togo-Diaspora s’est efforcé de ne jamais dissocier le combat pour la Vérité des Urnes du combat pour la Vérité des Comptes publics. Ce combat est tout aussi nécessaire pour la compréhension des motivations fondamentales du maintien de la dictature pluridécennale du clan GNASSINGBÉ, à savoir la prédation de la richesse nationale au profit exclusif d’une oligarchie clanique souvent au service de forces du marchés extérieurs. Cela ne peut se faire qu’au détriment du peuple du Togo.

Ainsi du mois de mai 2010 jusqu’au mois de décembre 2017, 31 analyses produites par CVU-togo-diapora, argumentées et détaillées, traitent de la question de la vérité des comptes dans la gouvernance de faure GNASSINGBÉ. Alors que le conseil des ministres du Togo a adopté le 19 décembre 2017, un projet de loi relatif à la « lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans les Etats membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine(UMOA) » , il parait utile de rappeller que dès le 8 septembre 2010 CVU-Togo-Diaspora, a publié une liste non-exhaustive du patrimoine de Faure GNASSINGBÉ.

Celui-ci comprenait à l’époque un patrimoine immobilier exceptionnel sans commune mesure avec les revenus officiels d’u président de la République du Togo :  Résidence présidentielle à AGOU (Village natal de sa mère) ;Résidence présidentielle à la Cité de l’OUA ;Résidence présidentielle à Pya ;Résidence présidentielle à Cacavéli ;Résidence présidentielle à Dapaong ;Résidence présidentielle à Adelé ;Résidence présidentielle dans le Ogou ;Résidence présidentielle à Défalé ;Résidence présidentielle à Blitta.

Dans le cadre d’une négociation telle que préconisée, il semble utile de mettre à plat tous les dossiers qui concernent le fonctionnement des institutions de la République y compris la question de la vérité des comptes publics. La coalition des 14 partis politiques qui s’apprêtent à participer aux prochaines discussions en préparation s’honoreraient en mettant également la question de la vérité des comptes publics à l’ordre du jour des questions à débattre. Dans l’hypothèse ou au titre de la société civile CVU-Togo-Diaspora participerait  à ces négociations, son représentant ne manquerait pas de porter cette revendication.

UNE GOUVERNANCE SANS TRANSPARENCE

Le Togo continue à faire les frais d’une piètre gouvernance économique et d’une imprévisibilité politique récurrente. Celles-ci procèdent d’un manque chronique et auto-renouvelé de légitimité électorale des dirigeants politiques. Sur ce plan, le constat est sans appel. Il est tellement évident que plus personne ne peut masquer sa réalité, sauf les affidés du système RPT/UNIR promus par Faure GNASSINGBÉ lui-même.

Certains pays africains qui avaient pris conscience de l’importance d’une responsabilité endogène de la macro et de la micro-économie, ont choisi de mettre en œuvre  des  réformes structurelles et certains commencent à tirer profit de la transformation sur place avec en filigrane de vastes chantiers fondés sur le développement des capacités productives, l’éducation et l’infrastructure.

La situation de pauvreté avancée des populations, l’absence d’opportunités offertes et les preuves évidentes de l’utilisation des deniers publics par quelques membres du cercle concentrique autour du pouvoir, sont des nuisances que des options alternatives de gouvernance peuvent résoudre.

La lumière de la vérité empêche désormais Faure GNASSINGBÉ et son Gouvernement de masquer les conséquences de leur gestion, les obligeant à reconnaitre publiquement les nombreux gaspillages et manque-à-gagner pour le Peuple togolais, introduits par le mode de gestion de l’économie togolaise version RPT/UNIR. En 2006 déjà, à l’occasion du lancement du programme de modernisation de la justice togolaise, Faure GNASSINGBÉ a été contraint d’évoquer à Lomé, devant des juristes et des journalistes que : « les maux qui minent l’appareil judiciaire national » sont la source de la plus grande insécurité pour les investissements étrangers au Togo.

Deux ans plus tard, en avril 2008, Komlan MALLY, premier ministre, présidant l’ouverture d’un séminaire sur la corruption au Togo confirmera : « que ce mal est réel sur la terre de nos aïeux et qu’il urge qu’il soit combattu ».Entretemps, devant la Représentation Nationale, l’ancien ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau Noupokou DAMMIPI, avouait aux députés togolais qu’au sein de la Société Nationale d’Exploitation des Phosphates, l’un des poumons économiques du pays que, « la gestion des dix dernières années n’était pas assortie de rapports annuels d’activités ».

Il convient de  rajouter à cela, entre autres, et sous la direction de Faure GNASSINGBÉ, la dissolution pure et simple de  certaines sociétés ou organismes publics comme le Fonds d’Entretien Routier (FER), sur lequel plane toujours le scandale du détournement de plus de 13 milliards de F CFA, ou la Société Togolaise du Coton (SOTOCO), pour tenter de masquer l’ampleur des détournements ou malversations dont elles ont fait l’objet.

Malgré les révélations, le gouvernement aura mis sept ans pour adopter, seulement un projet de loi pour l’instant, afin de « lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Il sera  intéréssant, le moment venu, que Faure GNASSINGBÉ révèle au GAFI (Groupe d’Action Financière)et aux juridictions qui se seront saisies de son cas, si le patrimoine amassé via le détournement de la  richesse nationale a servi à financer des activités extra-budgétaires et allant à l’encontre des intérêts de la population togolaise !

Pour pour montrer les conséquences concrètes de la gouvernance de prédation orchestrée par le système Faure GNASSINGBÉ et ses soutiens, il est utile de rappeller, que le ministre de l’agriculture et de l’élevage du Togo, M. Kombaté Dindiogue KONLANI qui participait le 8 juin 2017 à Niamey à la sixième réunion du Comité de Haut Niveau sur la Sécurité, a avalisé le communiqué final  qui précise qu’au Togo, 21 800 personnes, prioritairement dans les régions des Savanes, Kara, Plateaux, et Maritime étaient en situation d’insécurité alimentaire (crise et urgence) au cours de la période de soudure (juin – août 2017).

2018, LA TREIZIÈME ANNÉE DE FAURE GNASSINGBÉ : L’ANNÉE DE TROP ?

La vérité des comptes publics est l’un des attributs importants dans la manifestation de la mauvaise gouvernance du système RPT/UNIR de Faure GNASSINGBÉ. C’est pour rappeler certains dossiers où CVU-TOGO-DIASPORA a pu obtenir des informations fiables qu’une rétrospective des analyses passées de CVU-Togo-Diaspora sur les effets pervers de la gouvernance de Faure GNASSINGBÉ a été constituée et mise en ligne sur www.cvu-togo-diaspora.org.

Après treize ans passés à la tête du Togo, il faut bien constater que cette gouvernance économique de la prédation profite quasi-exclusivement à lui-même, sa fratrie et à l’oligarchie civile et militaire et bien sûr aux sociétés multinationales profitant des avantages et des abus de l’Etat en Afrique.

Le CVU-TOGO-DIASPORA présente au peuple du Togo en lutte pour le retour à la Constitution originelle de 1992 et donc pour le retour à son droit à l’autodétermination politique, économique et démocratique, ses meilleurs vœux pour l’année 2018. Tous les membres et sympathisants de CVU-TOGO-DIASPORA considèrent comme la priorité des priorités, le retour à la constitution de 1992.