Situation économique au Togo : Dynamiser l’investissement privé pour plus de croissance et d’emplois, Groupe de la Banque mondiale, août 2020

Situation économique au Togo : Dynamiser l’investissement privé pour plus de croissance et d’emplois, Groupe de la Banque mondiale, août 2020

Auteurs : Urbain Thierry Yogo et Ernest John Sergenti

Organisation affiliée : Banque mondiale

Site de publication : worldbank.org

Type de publication : Rapport

Date de publication : Aout 2020 

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Développements économiques récents

La croissance du Togo s’est accélérée en 2019 et l’inflation est restée modérée, reflétant à la fois une baisse de la demande interne et une baisse tendancielle des prix internationaux du pétrole brut.

La croissance de l’économie togolaise reflète aussi bien le dynamisme de la production agricole au niveau de l’offre que la reprise des investissements publics au niveau de la demande. Du côté de l’offre, la croissance a bénéficié d’un secteur agricole dynamique et d’une reprise de la production industrielle. Du côté de la demande, la croissance en 2019 a été soutenue par une accélération des investissements publics en lien avec la construction de nouvelles infrastructures routières et portuaires.

Malgré un assouplissement de la consolidation budgétaire au cours des deux dernières années, la dette a conservé une trajectoire décroissante. Les recettes budgétaires (hors dons) ont diminué, tirées par la baisse des recettes non-fiscales. Les recettes sont passées de 20,3% du PIB en 2018 à 19,5% du PIB en 2019. Le solde extérieur s’est légèrement détérioré sous l’effet combiné de la hausse des importations des biens en capital et de la mauvaise performance des exportations de phosphate.

Des perspectives économiques modérément favorables du fait de la pandémie de la COVID-19 

En Afrique subsaharienne, l’activité économique devrait expérimenter les effets négatifs d’une contraction de l’activité à l’échelle du globe, d’un resserrement des conditions financières mondiales, la fuite des capitaux et la chute des prix des matières premières. Une étude du Groupe de la Banque mondiale prévoit un recul de -2,1% à -5,1% en 2020. En outre, l’inflation pourrait connaitre une hausse dans les mois à venir dans l’UEMOA à 2,5% au lieu de 1,1% initialement prévu, du fait de la rareté de certains biens.

En dépit de l’incertitude générée par l’épidémie de coronavirus, les tensions commerciales et l’insécurité dans les pays voisins, les perspectives de croissance demeurent favorables sur le moyen terme. Toutefois, cette perspective favorable est sujette à des risques tant internes qu’externes.

La pandémie de la COVID-19 aura des conséquences négatives importantes pour le Togo, petite économie ouverte et plaque tournante régionale des transports. Du fait de son ouverture au commerce international, le Togo souffre d’une baisse des échanges et d’une croissance plus faible chez ses principaux partenaires commerciaux. Du côté positif, la baisse soutenue projetée des prix internationaux du pétrole devrait avoir un effet bénéfique sur les termes de l’échange du Togo, même si les avantages devraient être limités.

Le redressement de l’activité économique anticipée pour 2021 et les perspectives de croissance sur le moyen terme sont sujet à des risques. En dépit de la levée progressive des mesures de confinement, la persistance de la pandémie de la COVID-19 pourrait ralentir la reprise de l’économie mondiale et la reconstitution des chaines de valeurs.

Les conditions d’une accélération de la reprise économique post COVID-19

La pandémie de la COVID-19 nécessite une réponse ciblée et budgétairement soutenable. Le PND donne une place centrale aux secteurs de l’agriculture, du tourisme et de la logistique. Ces secteurs ont été fortement affectés par la crise tant au niveau du chiffre d’affaire qu’au niveau des emplois.

Bien que la crise de la COVID-19 persiste, il est indispensable d’orienter graduellement la politique économique vers l’accélération de la reprise économique et l’amélioration de la résilience aux crises futures. Il est indispensable de renforcer les investissements dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, accroitre le capital humain avec un accent particulier sur le secteur de la santé et d’autres secteurs tels que l’agriculture, le transport et la logistique.

Vers une croissance tirée par le secteur privé

Le développement du secteur privé est un enjeu majeur de développement, principalement dans un contexte où se mêlent les exigences de stabilité macroéconomique et de croissance inclusive.

Un secteur privé dynamique permettrait de renforcer l’accumulation du capital physique, la création d’emplois et l’accroissement de la productivité indispensable à la croissance économique de long terme. Un accroissement du niveau et de la qualité de l’investissement privé pourrait permettre au Togo de rattraper son retard de croissance par rapport à la moyenne des pays de l’UEMOA.

Un secteur privé dynamique permettrait de renforcer l’accumulation du capital physique, la création d’emplois et l’accroissement de la productivité indispensable à la croissance économique de long terme

Les performances récentes du Togo sur le plan de l’amélioration du climat des affaires suggèrent l’existence d’une volonté politique et d’un environnement propice à l’accélération des investissements privés. Cette dynamique favorable est appelée à se poursuivre sous réserve de la poursuite de la mise en œuvre des réformes favorables au développement des investissements privés.

L’état du secteur privé au Togo et sa contribution à l’innovation et là la création d’emplois

L’analyse des épisodes d’accélération de l’investissement privé au Togo suggère que la croissance économique, la réduction du temps nécessaire à la création des entreprises, le crédit au secteur privé et les IDE sont des facteurs fortement corrélés à l’investissement privé.

Le secteur privé au Togo est dominé par des entreprises exerçant essentiellement dans le secteur informel. En termes de structure, le secteur privé est constitué principalement d’entreprises de petites tailles, relativement jeunes et opérant principalement dans le secteur tertiaire. Les entreprises togolaises sont jeunes. Elles ont en moyenne cinq années d’existence. Si cela peut refléter un certain dynamisme dans la création des entreprises, cela peut aussi révéler un faible taux de survie.

L’impact de la COVID-19 sur le secteur privé togolais

L’impact immédiat de la crise de la COVID-19 s’est traduit principalement par des fermetures temporaires, des heures réduites, des revenus en baisse – et très peu de licenciements immédiats de travailleurs.

23,1 % des entreprises étaient fermées (dont 1,9 % définitivement et 21,2 % temporairement) début juin 2020. Les secteurs les plus touchés par les fermetures sont le tourisme et le transport. De nombreuses entreprises de ces deux secteurs ont dû fermer temporairement à la demande du Gouvernement.

Les grandes entreprises semblent avoir été moins touchées, 81 pour cent d’entre elles ont signalé une baisse des ventes proche de la moyenne (52%) contre 97 à 100 pour cent des entreprises dans les classes de taille inférieure. La crise a généré diverses contraintes pour les entreprises, affectant la demande, les employés, la logistique, et l’accès au financement.

La crise a accru le risque de pénurie de liquidités des banques et d’aversion au risque, ce qui pourrait les conduire à réduire davantage les activités de prêt, les prêts devenant plutôt orientés vers le financement du déficit budgétaire.

La crise a généré diverses contraintes pour les entreprises, affectant la demande, les employés, la logistique, et l’accès au financement

Près de la moitié des entreprises ont également été touchées par les contraintes sur le transport et la logistique en général – 47,4% des entreprises déclarent avoir rencontré des perturbations/problèmes avec les services de transport.

Recommandations

En dépit de ses défis et de son coût économique, humain et social, la crise de la COVID-19 donne l’occasion d’un redéploiement des énergies vers la construction d’un secteur privé dynamique et résilient.

La crise de la COVID-19 réaffirme la nécessité de lever les contraintes structurelles qui pèsent sur le secteur privé. Il est notamment question de facilitation de l’accès au financement, d’amélioration de la qualité et de réduction des coûts d’accès à l’électricité et aux services de télécommunication (internet, téléphonie mobile), de réduction du poids de la fiscalité sur les entreprises et de renforcement du capital humain.

Il est indispensable de renforcer la performance des secteurs considérés comme prioritaires dans le PND : l’agriculture, la logistique et les transports, et le secteur minier. Le développement du capital humain en lien avec la dynamique du marché du travail et l’efficacité des incitations fiscales dans l’attrait des investisseurs privés sont des sujets qui méritent une réflexion poussée. Pour être facteur d’accroissement de la productivité et de création d’emplois, la politique du capital humain doit s’adapter à la dynamique du marché du travail.

 

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