Profil pays 2017 – Togo, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique

Profil pays 2017 – Togo, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique

Auteur : Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique

Type de publication : Rapport

Date de publication : 2018

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

 

Contexte national et sous-régional

Le Togo a, dès 1993, connu une suspension de la coopération internationale et a, jusqu’en 2007, traversé des périodes de crise sociopolitique, dont le résultat a été des épisodes de croissance économique relativement faible et de décélération entre 2000 et 2007. L’environnement global à partir de 2008, caractérisé par la stabilisation de la situation politique à sa sortie de crise et le retour progressif de la confiance du monde des affaires et des partenaires techniques et financiers, a favorisé un regain d’activité dans tous les secteurs et permis de redynamiser la croissance économique du pays, qui a été, en moyenne, de 5,5 % entre 2008 et 2011.

La mise en œuvre de la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE) 2013-2017 du Togo s’est opérée dans un contexte de consolidation des bases de la croissance, y compris le renforcement des infrastructures, le développement des secteurs sociaux et du capital humain, le renforcement de la gouvernance et la consolidation de la paix.

L’activité économique au cours des trois dernières années a ainsi été marquée par une croissance soutenue qui, avec un taux moyen de 5,8 % se situant nettement au-dessus de la moyenne de la sous-région (3,9 %) pour la période 2012-2016, fait du Togo un des pays les plus dynamiques de la sous-région. Cette croissance a été stimulée en grande partie par les investissements publics ambitieux entrepris dans plusieurs secteurs (agriculture et infrastructures de base, routières, portuaires et aéroportuaires). La tendance est favorable en termes de perspectives économiques à moyen terme, mais est tributaire de l’amélioration de la situation sociopolitique actuelle et de la consolidation de la paix dans le pays.

L’activité économique au cours des trois dernières années a ainsi été marquée par une croissance soutenue qui, avec un taux moyen de 5,8 % se situant nettement au-dessus de la moyenne de la sous-région (3,9 %) pour la période 2012-2016, fait du Togo un des pays les plus dynamiques de la sous-région.

En matière d’intégration régionale, le pays a respecté tous les critères de convergence sauf deux, en l’occurrence ceux liés au déficit budgétaire et à l’encours de la dette publique, et ce, en raison du rapide ré-endettement du pays pour le financement de ses ambitieux projets. Le non-respect du critère de l’encours de la dette publique n’est pas sans conséquences pour l’économie togolaise à moyen et long terme. En effet, il peut avoir des effets dissuasifs sur les créanciers et investisseurs potentiels et pourrait accélérer la fuite de capitaux si le secteur privé craint des hausses d’impôts visant à assurer le service de la dette. Dans l’optique de limiter ces conséquences et, au final, de maintenir la croissance, il conviendrait de réduire le risque de surendettement.

Croissance économique

La structure de l’économie du Togo laisse apparaître une prédominance des secteurs tertiaire et primaire dans la formation du PIB réel. La contribution moyenne de ces deux secteurs au PIB réel est respectivement de 37,1 % et 27,1 % pour la période 2012-2016. Celle du secteur secondaire s’élève à 19,9 % pour la même période.

Sur la base des dernières données communiquées par le Ministère de l’économie et des finances, il ressort que l’agriculture (31,3 % du PIB), le commerce (7,2 % du PIB), les travaux de construction (6,4 % du PIB), les transports, entrepôts et communications (4,8 % du PIB) et l’industrie extractive (3,2 % du PIB) constituent l’épine dorsale de l’activité économique du pays. Par ailleurs, l’évolution récente de la structure de l’économie togolaise, avec l’émergence des nouvelles technologies d’information et de communication (TIC), et de nouvelles sources d’activités génératrices de revenue, ont contribué à la performance des différents secteurs de l’économie.

Le secteur tertiaire joue un rôle prépondérant dans l’économie du Togo. Le dynamisme de ce secteur est impulsé par les performances des sous-secteurs commerce, services marchands, et transports, entrepôts et communications

Le secteur tertiaire joue un rôle prépondérant dans l’économie du Togo. Le dynamisme de ce secteur est impulsé par les performances des sous-secteurs commerce, services marchands, et transports, entrepôts et communications. Les bons résultats obtenus par ces sous-secteurs au cours des cinq dernières années seraient principalement dus à l’amélioration de l’efficacité des modes de transport routiers (inter-États), portuaires et aéroportuaires, à l’extension du port de Lomé et à l’extension de l’aéroport international de la capitale, qui ont fait du Togo l’un des principaux points de transbordement de l’Afrique de l’Ouest.

« L’agriculture occupe une part relativement importante représentant plus de 30 % du PIB en 2016. »

Le secteur primaire se caractérise par un sous-secteur agricole performant, essentiellement dominé par la production vivrière. Les performances de l’agriculture vivrière résultent de l’effet combiné des bonnes conditions agro-climatiques et des mesures prises par le Gouvernement afin de garantir la réussite de la campagne agricole, notamment l’exécution de plusieurs projets d’appui au développement du secteur primaire dans le cadre du Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA).

Le sous-secteur agricole connaît un taux de croissance de l’ordre de 6,6 % en 2016. L’agriculture occupe une part relativement importante représentant plus de 30 % du PIB en 2016. Le sous-secteur élevage, qui soutient la valeur ajoutée du secteur primaire à hauteur de 29,7 % en 2016, affiche une performance remarquable entre 2015 et 2016 avec un taux de croissance de 16,5 %. La contribution du secteur primaire à la formation du PIB réel s’établit à 30,0 % en 2016.

En 2016, la contribution de la valeur ajoutée des industries extractives au PIB était de l’ordre de 3,2 %

Quant au secteur secondaire, il ressort avec une contribution à la formation du PIB réel de 21,3 % en 2016 contre 21,2 % en 2015. La reprise des investissements dans les industries extractives contribue à redynamiser ce secteur. Avec les différents appuis dont il bénéficie, celui-ci devrait enregistrer une plus forte accélération au cours des prochaines années. En 2016, la contribution de la valeur ajoutée des industries extractives au PIB était de l’ordre de 3,2 %. Le BTP a également contribué à relever la part du secteur secondaire dans la création de richesse nationale depuis 2012, grâce à des projets d’investissements dans des infrastructures publiques lancés par le Gouvernement.

Politique budgétaire

La situation des finances publiques est demeurée fragile entre 2014 et 2015 avec un déficit global qui s’est creusé, passant de 3,3 % du PIB en 2014 à 6,3 % en 2015, en raison principalement du financement des grands travaux d’infrastructures. En 2016, le déficit global s’est aggravé, s’établissant à 8,5 % du PIB, bien au-delà de la norme communautaire de 3 %. Cette situation résulterait d’une augmentation plus rapide des dépenses totales par rapport aux recettes et ce, malgré une amélioration continue du niveau de recouvrement de ces dernières. Les recettes totales et dons affichent une tendance à l’augmentation depuis 2012, passant de 21,2 % du PIB en 2012 à 27,0 % en 2016.

Au cours des cinq dernières années (2012-2016), les recettes fiscales ont constitué l’essentiel, à savoir près de 80,5 %, des ressources totales, à l’inclusion des dons. Grâce à l’opérationnalisation de l’Office togolais des recettes (OTR) conjuguée à une bonne coordination entre les services d’assiette et de recouvrement et à la lutte contre la fraude et la corruption, 568,4 milliards de FCFA de recettes fiscales (22,1 % du PIB), lesquelles représentent en moyenne 90,1 % des recettes internes, ont été mobilisées en 2016, contre 516,3 milliards de FCFA en 2015 (21,4 % du PIB), soit une augmentation de 10,1 %. L’élargissement de l’assiette fiscale prévue par l’OTR renforcerait davantage les performances dans la collecte des recettes.

La situation des finances publiques est demeurée fragile entre 2014 et 2015 avec un déficit global qui s’est creusé, passant de 3,3 % du PIB en 2014 à 6,3 % en 2015, en raison principalement du financement des grands travaux d’infrastructures 

Les dépenses totales et prêts nets ont représenté en moyenne 30,3 % du PIB sur la période 2012-2016 et se sont composés en moyenne de 66,6 % de dépenses courantes et 33,4 % de dépenses en capital. Ils ont enregistré une hausse consécutive à l’augmentation des dépenses courantes, qui les a portés à 35,5 % du PIB en 2016, contre 32,3 % en 2015. La masse salariale a maintenu sa croissance amorcée en 2012, avec une augmentation de près de 19,7 % en 2015, en raison principalement, d’une part, du rappel de salaire accordé aux agents de la santé, de l’éducation et de la sécurité et, d’autre part, de l’intégration de certains agents contractuels. En 2016, on note une quasi-stabilisation de la masse salariale autour de 7,1 % du PIB.

… La dette publique, son encours total a considérablement augmenté au cours des cinq dernières années, passant de 54,1 % du PIB en 2013 à 75,0 % en 2016 … 

Les dépenses d’investissement ont également progressé, passant de 8,9 % du PIB en 2012 à 12,9 % en 2016. La réalisation de grandes infrastructures socioéconomiques et la poursuite des investissements dans l’énergie, les routes, les télécommunications et les logements sociaux sont à l’origine de cette évolution. En ce qui concerne la dette publique, son encours total a considérablement augmenté au cours des cinq dernières années, passant de 54,1 % du PIB en 2013 à 75,0 % en 2016, mettant ainsi le Togo en situation de non-respect du plafond communautaire de 70 % du PIB fixé par la CEDEAO. Toutefois, la réduction de la dette publique à un niveau soutenable semble faisable à moyen terme.

Inflation et politique monétaire

L’inflation reste maîtrisée depuis 2012, oscillant entre 2,6 (2012) et 0,2 % (2014). Elle s’est établie à 0,9 % en moyenne en 2016, grâce à la politique monétaire prudente menée par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui en a fait sa cible principale, et au faible niveau des prix alimentaires en lien avec la bonne performance de la production vivrière.

« L’inflation reste maîtrisée depuis 2012 »

L’inflation touche surtout les produits alimentaires et boissons non alcoolisées, dont les prix ont augmenté de +1,4 % au terme des trois premiers trimestres de l’année 2016.