Situation géographique
Située à 400 km de Lomé, sur la route nationale N° 1, dans la partie septentrionale du Togo, la région de la Kara tire son nom de la rivière Kara qui traverse la zone du levant au couchant. Elle est située entre 9’20 et 10’05 de latitude Nord et entre 0’55 et 1’25 de longitude Est, et couvre une superficie de 11 738 Km² soit près de 21% du territoire national[1]. Limitée au sud par la région centrale et au nord par celle des Savanes, la région de la Kara fait frontière à l’ouest avec le Ghana et à l’est avec le Bénin. Ce territoire, qui se trouve dans une grande zone naturelle du pays, présente une morphologie très particulière avec un relief alternant de vastes plaines, des vallées et plateaux dominés par de vieux massifs accidentés qui lui procurent un contour sinueux.
Source : PROCEMA 2014
Situation démographique
Avec une population de 769 940 habitants, la région de la Kara est la quatrième des cinq régions administratives du Togo en matière de peuplement. Les résultats des différents recensements montrent que la population de la zone a pratiquement doublé en une décennie, passant de 237 304 habitants en 1970 à 426 651 habitants en 1981, soit un taux d’accroissement annuel d’environ 6%[2]. La progression de la population de la région sur cette période s’explique par l’effet combiné de l’accroissement naturel et de l’agrandissement du cadre territorial qui a permis à ce terroir d’enregistrer des gains démographiques importants.
En effet, les préfectures de Bassar et d’Assoli, coupées de la région centrale et rattachées à celle de la Kara en 1981, lui ont apporté 151 359 habitants de plus, soit près de 36% de sa population initiale. Le taux de croissance impressionnant de 6% a cependant ralenti du tiers durant les trois décennies qui ont suivi pour se situer à 2% l’an avec une population de 769 940 habitants en 2010.
La mosaïque de population et les discriminations naturelles ont favorisé une inégale réparation des populations accentuée par le développement disproportionné des préfectures de la région. Alors que la préfecture de Kozah enregistre 29,3% (225 259 habitants) de la population régionale, celle de l’Assoli ne compte que de 6,7% (51 491 habitants).
La population de la région est majoritairement rurale depuis sa création (81% en 1981). Néanmoins, on observe une évolution de la population urbaine depuis les deux dernières décennies, passant de 19,1% (81 519) en 1981 à 24% (184 693) de citadins en 2010. La densité de population de l’ensemble de la région de la Kara est de 66 h/km2 en 2010. Cependant la pression démographique se manifeste plus dans la préfecture de la Kozah qui enregistre une densité de 210 h/km2 et un taux de croissance annuel de plus de 4%.
La pyramide des âges de la région, expansive avec une base large et un sommet effilé, révèle l’extrême jeunesse de sa population. En effet, 44,3% de la population a moins de 15 ans contre 5% pour la tranche des plus de 65 ans[3]. Avec en moyenne 8 jeunes de moins de 20 ans pour une personne de plus de 60 ans, l’indice de jeunesse confirme la structure jeune de la population.
Cette extrême jeunesse peut être expliquée par l’implantation de l’Université de Kara qui attire cette couche de la population dans la région, mais également par l’exode rural favorisé par une forte présence dans la ville de la métropole régionale. La population de la région de la Kara est légèrement dominée par les femmes dont l’effectif est de 393829 contre 373 111 hommes.
Organisation administrative
La région de la Kara est la plus jeune du Togo. Créée le 18 septembre 1965, l’espace régional de la Kara a connu plusieurs évolutions successives, passant de 4 362 km² à sa naissance à 11 630 km² aujourd’hui. Sa création avait pour objectif de prendre en compte le poids démographique croissant des groupes ethniques Kabyè et Losso, mais elle visait également une restructuration territoriale qui réduirait les disparités régionales, tout en permettant une meilleure maitrise de l’ensemble du territoire. Des portions importantes ont donc été découpées de la région centrale et de celle des savanes, elles perdent ainsi une part considérable de leur ressort territorial en faveur du nouveau territoire.
Constituée de quatre circonscriptions administratives entièrement détachées de la région centrale et de celle des Savanes, l’espace régional de la Kara a connu une première modification qui s’inscrit dans les réformes administratives du 23 juin 1981. Ce nouveau découpage administratif rattachait les préfectures de Bassar et d’Assoli soustraites à la région centrale, qui voyait son territoire considérablement réduit au profit du territoire de la Kara.
Au-delà de l’objectif des autorités de constituer des unités administratives de taille modeste et plus facile à administrer, la région centrale, frustrée par la réduction importante de son territoire, voyait en cette réforme, une volonté politique de favoriser la zone originaire du président de la République d’alors.
Une seconde modification érige la sous-préfecture de Dankpen, qui était rattachée à la préfecture de Bassar, en préfecture en 1991. Si depuis cette date les frontières des préfectures de la région sont restées intactes, c’est le Décret 2017-141/PR du 20/12/2017, fixant le ressort territorial et chef-lieu des communes des régions des plateaux, centrale et de la Kara, qui sert de cadre administratif pour cette contrée.
Ainsi la région de la Kara compte 07 Préfectures ; 75 cantons ; 21 communes répartis comme suit :
Préfecture d’Assoli : Chef-lieu : Bafilo ; 06 cantons : 3 communes
Préfecture de Dankpen : Chef-lieu : Guérin-Kouka ; 12 cantons : 3 communes
Préfecture de Bassar : Chef-lieu : Bassar ; 10 cantons ; 4 communes
Préfecture de la Kozah : Chef-lieu : Kara ; 15 cantons ; 4 communes
Préfecture de la Binah : Chef-lieu : Pagouda ; 09 cantons ; 2 communes
Préfecture de Doufelgou : Chef-lieu : Niamtougou ; 14 cantons ; 3 communes
Préfecture de la Kéran : Chef-lieu : Kéran ; 09 cantons ; 3 communes
Aspects socio-économiques
Sur le plan économique, la région de la Kara, à travers son chef-lieu la ville de Kara, jouit du statut de second pôle national. En effet, la création de ce territoire répondait également au double objectif de pallier la forte concentration des activités économiques dans les régions maritimes et celle des plateaux, et de rompre avec le système unipolaire qui caractérisait le pays, en réduisant le poids écrasant de la capitale Lomé. C’est ainsi qu’à partir de 1970, la ville de Kara a été promue second pôle national avec un renforcement considérable de ses fonctions urbaines.
Pour concrétiser l’ambition de faire de Kara une réplique en miniature de la capitale Lomé, plusieurs services administratifs, techniques et financiers, des infrastructures et des équipements de base, ainsi que des activités économiques, ont été implantées dans la ville. A la différence des autres métropoles régionales qui bénéficiaient aussi des directions régionales et des services déconcentrés, d’importantes ressources humaines, financières et techniques ont été mobilisées pour la région de la Kara.
La plupart des banques existant à Lomé ont leurs succursales à Kara, la BCEAO a également une représentation dans cette région. On y constate l’aménagement d’un domaine de 40 hectares qui accueille les petites et moyennes entreprises dont la brasserie du Bénin, l’UPROMA, Togotex, l’usine d’égrenage de coton, l’Usine Steel Cube Togo, CIMTOGO Kara etc… Plusieurs autres sociétés proposent divers produits alimentaires, vestimentaires et d’entretien, des produits électroménagers, d’électricité́, d’ameublement et de décoration, cosmétiques, des appareils téléphoniques, bureautiques, informatiques, etc.
La première radiodiffusion installée hors de Lomé et à portée nationale est l’actuelle Radio-Kara. A part Lomé, Kara est la ville qui dispose de la plus importante garnison militaire. La région de la Kara abrite également l’Université de Kara, deuxième établissement public d’enseignement supérieur du Togo après celui de Lomé. La région est également dotée du second Centre hospitalier universitaire (CHU). On note la présence de plusieurs infrastructures comme le palais des congrès, l’Hôtel Kara etc., et un réseau routier bitumé plus important que dans les autres zones du pays, hormis Lomé.
Le renforcement des fonctions urbaines de la ville de Kara a favorisé le déclenchement de puissants courants d’immigration des populations internes et externes à la région vers Kara et ses périphéries, exacerbant ainsi, les disparités de développement qui existaient déjà entre les préfectures du territoire régional. En effet, l’économie dans les autres préfectures de la région se résume à une agriculture de subsistance, au maraichage, à l’artisanat et au commerce.
L’agriculture emploie une frange importante de la population active de la région. L’exploitation des produits vivriers prédomine sur une agriculture familiale (le sorgho, le mil, le maïs, l’arachide, le haricot, le taro, l’igname, la patate douce, le riz, le soja, le fonio, le gingembre, le niébé, le manioc, le voandzou, le sésame, etc.). Les produits maraîchers (la tomate, le piment, le gombo, l’oseille de guinée, les feuilles gluantes, la laitue, les épinards, le chou, l’aubergine, la carotte, etc.), et ceux de rente (le coton, l’anacarde, le karité etc.), sont relativement développés.
Associé à l’agriculture, l’élevage y est relativement développé. Dans cette région, on élève les porcins, les ovins, les bovins, les caprins, les volailles, les abeilles, les poissons etc… Quant à la pêche, elle joue également un rôle important dans l’économie régionale. Grâce au fleuve Oti qui traverse une partie de la région, et la rivière Kara, les populations sont approvisionnées en poisson.
L’artisanat occupe une place importante dans les activités économiques de la région. Ce secteur concerne la forge, la maçonnerie, la tapisserie, la sérigraphie, le tissage, la maroquinerie, la poterie, la couture, la savonnerie, l’ébénisterie, la soudure, la coiffure, etc. Il faut aussi relever la transformation des produits agricoles notamment la pâtisserie, le beurre de karité, la moutarde, l’huile et les galettes d’arachide, le fromage à base du soja, la bière locale etc.
Potentiel culturel et touristique
La région de la Kara possède un patrimoine culturel riche qui influence significativement les croyances et réalités sociales. La mobilisation de la population lors différents évènements traditionnels ou culturels qui s’étalent sur toute l’année, témoignent de l’attachement des populations aux traditions et aux modes de vie ancestraux.
Les manifestations culturelles dans la région sont réparties par préfecture comme suit :
Préfecture de la Kozah : Akpéma, Waa, Habyè, Kiyéna, Sangaying, Kamou.
Préfecture de la Binah : Sinkaring, Hilling,Kaming-Waa-N’tisr, Waa-Kpacaa, Idjombi, Halaa-Waa, Ayengué-Waa.
Préfecture de l’Assoli : Souwa, Koriti, Kamaka,
Préfecture de Bassar : D’pontre, T’bol
Préfecture de Dankpen : N’nidack, N’pondame
Préfecture de Doufelgou : Djanjaagu, Sintu, Doudouré, Bagwede, Santeberm’m, Silmtu
Préfecture de la Kéran : Tislm, Difoini, Oboudam
A l’image de son patrimoine culturel diversifié, la région est constituée de plusieurs groupes ethniques. Il s’agit notamment des Kabyè l’ethnie majoritaire, des Lamba, des Kotokoli/Tém, des Konkomba, des Nawda, des Bassar, des Tamberma et des Lambas etc.
La région de la Kara est l’une des plus riches du Togo en sites touristiques naturels. Son riche potentiel touristique attire des centaines de milliers de visiteurs à l’occasion de divers évènements culturels et traditionnels. Outre les richesses culturelles, la région jouit d’un paysage géographique des plus attrayants du pays.
On y trouve le parc animalier de Sarakawa, la réserve des éléphants de Tchamdè, l’aire protégée du Fazao-Malfakassa, le parc national et la réserve de chasse de la Kéran avec un potentiel faunique riche et varié (troupeaux d’éléphants, buffles, antilopes etc.). La faille d’Alédjo, Le Koutammakou ou château Tamberna etc., sont autant de sites qui rendent cette région particulièrement attrayante.
Sources:
[1] Source : DGSCN, 2012 ; République Togolaise, 2009
[2] Source : Direction Nationale de la Statistique et de Comptabilité, 2011
[3] (DGSCN, 2012)
Crédit photo : ambassadetogo.ma
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