Note de politique sur l’emploi au Togo : une analyse du marché du travail à la lumière des résultats de l’enquête ERI-ESI 2017, Centre autonome d’études et de renforcement des capacités pour le développement au Togo (CADERDT), juillet 2021

Note de politique sur l’emploi au Togo : une analyse du marché du travail à la lumière des résultats de l’enquête ERI-ESI 2017, Centre autonome d’études et de renforcement des capacités pour le développement au Togo (CADERDT), juillet 2021

Auteurs : Odilia Gnassingbe-Essonam, Roxan Junion Nze Biyoghe, Esso-Essinam Kadjo

Organisations affiliées : Centre Autonome d’Études et de Renforcement des capacités pour le Développement au Togo (CADERDT), République Togolaise

Site de publication : media.africaportal.org

Type de publication : Note de politique

Date de publication : Juillet 2021

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Contexte

La nécessité de promouvoir l’emploi décent et de lutter efficacement contre le chômage et le sous-emploi, implique de produire de façon constante des analyses qui rendent compte des dynamiques observées sur le marché du travail au Togo. Ces analyses se doivent d’être effectuées sur la base des données les plus récentes en la matière, en l’occurrence les données issues de l’Enquête Régionale Intégrée sur l’Emploi et le Secteur Informel (ERI-ESI) de 2017.

Analyse des dynamiques observables sur le marché du travail au Togo

D’après l’enquête QUIBB 2015, la population active représentait près de 51,2% de la population totale ; ce qui met en avant la nécessité d’élaborer des politiques d’emploi efficaces pour consolider ce dividende démographique et le transformer en un avantage comparatif utile au développement de la nation.

A cet effet, la faiblesse du chômage et l’importance du sous-emploi au Togo pourraient s’expliquer par la conjonction de deux facteurs qui sont essentiellement : i) l’existence de barrières à l’entrée sur le marché du travail formel togolais et ii) l’absence ou la faible portée des mécanismes redistributifs

Le sous-emploi constitue une préoccupation majeure au Togo pour les populations et les décideurs publics. En effet, les données de l’enquête QUIBB 2015 indiquaient un taux de sous-emploi de 24,9%, alors que le taux de chômage se fixait à peine à 3,4%.

A cet effet, la faiblesse du chômage et l’importance du sous-emploi au Togo pourraient s’expliquer par la conjonction de deux facteurs qui sont essentiellement : i) l’existence de barrières à l’entrée sur le marché du travail formel togolais et ii) l’absence ou la faible portée des mécanismes redistributifs.

Le recours à l’informel est d’autant plus plébiscité par les demandeurs d’emploi, que ce secteur se caractérise par un niveau de barrières à l’entrée généralement faibles. Cela induit une certaine facilité à y développer des activités de survie à l’abri de la taxation fiscale, avec pour conséquence une faible prévalence du chômage et un niveau de sous- emploi important dans l’économie.

L’emploi informel : un type d’emploi fortement dominant dans l’économie togolaise

L’emploi informel constitue la forme dominante de mise à l’emploi au Togo. Les données de l’enquête ERI-ESI indiquent que ce type d’emploi représenterait jusqu’à 91,6% de l’emploi total dans le pays.

Le caractère prédominant de l’emploi informel a pour trait de caractéristique principal une vulnérabilité de l’emploi qui touche principalement les travailleurs à compte propre et les travailleurs familiaux sans rémunération.

Les personnes les plus instruites sont relativement moins affectées par la problématique des emplois vulnérables ; ce qui indique que l’éducation demeure la voie royale pour espérer accéder à un emploi décent et briser le cercle vicieux de la pauvreté

Ainsi, cette situation, conjuguée à la faible portée des mécanismes redistributifs, a pour corollaire un accroissement de la pauvreté dans la population générale qui induit une incidence de la pauvreté estimée à 45,5% au niveau national.

Les personnes les plus instruites sont relativement moins affectées par la problématique des emplois vulnérables ; ce qui indique que l’éducation demeure la voie royale pour espérer accéder à un emploi décent et briser le cercle vicieux de la pauvreté.

Une analyse sur la question de la rémunération de la main d’oeuvre et de la migration du facteur travail

Sur la question de la rémunération des travailleurs au Togo, les données de l’ERI-ESI indiquent que le salaire moyen mensuel est de 70 634 FCFA. La rémunération moyenne dans le secteur informel est de 17 600 FCFA soit un revenu horaire de 235 FCFA.

Au Togo 20,3% de la population est concerné par le phénomène migratoire, dont 14,5% par les migrations internes et 5,8% par les migrations internationales. Les individus migreraient dans un premier temps des zones rurales vers les centres urbains, avant de nourrir par la suite des projets de migration vers l’international qui nécessitent un niveau de préparation et un niveau de ressources bien plus important.

Quelques propositions visant à lutter contre la problématique du sous-emploi au Togo

A la suite de l’analyse effectuée, il peut être retenu que l’un des problèmes fondamentaux auquel est confrontée la population active au Togo est la question du sous-emploi.

  • La nécessité d’identifier un nombre restreint de secteurs dans lesquels accélérer la croissance économique

Au cours de la décennie 2010-2019, le Togo a connu un taux de croissance économique annuel moyen de 5,6%. Cette croissance a été portée principalement par le secteur tertiaire, suivi du secteur agricole et du secteur industriel. Il en résulte donc une croissance stable, mais stagnante, en raison des difficultés structurelles observées dans certains secteurs, et de la difficulté à promouvoir des secteurs nouveaux susceptibles de constituer des nouveaux relais de croissance.

  • La nécessité de mettre à la disposition du marché du travail les compétences dont il a besoin

L’inadéquation entre les systèmes de formation et les emplois disponibles sur le marché du travail constitue un facteur important de chômage et de sous-emploi au Togo. Cela renvoie à la nécessité d’améliorer le processus de planification du développement, à travers l’élaboration d’une vision prospective de développement à long terme qui permettrait d’établir une connexion totale entre les ambitions dans les secteurs stratégiques, les besoins des entreprises et les politiques d’orientation et de formation scolaire et professionnelle mise en œuvre par l’Etat.

  • La nécessité d’encadrer le sous-emploi par un soutien important au développement et à la formalisation des UPI

L’absence de mécanismes redistributifs est une des causes de l’importance du sous-emploi et de la prolifération du secteur informel dans les économies en développement et notamment au Togo. A cet effet, la proposition formulée ici consiste en la promotion d’une approche de sous-emploi encadré, dont l’objectif serait d’aider à faire croitre rapidement les Activités Génératrices de Revenus (AGR) réalisées par les actifs exerçant dans le secteur informel, tout en les accompagnants dans un processus de migration rapide vers le secteur formel.

 

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