Les monographies économiques – Togo,Banque de France

Les monographies économiques – Togo,Banque de France

Auteur : Banque de France

Type de publication : Rapport

Date de publication : 2018

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Activité économique

Selon les estimations de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), en ligne avec celles du Fonds monétaire international (FMI), le taux de croissance économique du Togo a ralenti en 2017 pour s’établir à 4,4%. La consommation privée, en forte accélération, a été le principal moteur de la croissance en 2017, contrastant avec les trois années précédentes. En effet depuis 2014, la croissance du PIB était principalement portée par les investissements privés et publics (dans le secteur des infrastructures notamment), avec la rénovation de grands axes routiers, la construction de complexes hôteliers, les travaux de modernisation du port autonome de Lomé et la construction d’un nouvel aéroport international.

En 2017, la forte baisse des investissements, a contribué négativement à la croissance notamment depuis le début des troubles politiques au mois d’août 2017. Ceux-ci ont participé à déstabiliser certains secteurs d’activité, particulièrement celui des bâtiments et travaux publics (BTP).

En 2017, la croissance économique a été portée par tous les secteurs d’activité, en particulier le secteur primaire qui a été le plus dynamique, contribuant à la croissance à hauteur de 1,7 point (contre 1,8 point en 2016)

En 2017, le taux d’inflation, mesuré par la variation de l’indice harmonisé des prix à la consommation, est devenu négatif : il s’est établi à – 0,8% sur l’année. Ce recul s’explique par la détente des prix des denrées alimentaires, en raison d’une production agricole abondante et d’un approvisionnement satisfaisant des marchés en produits céréaliers, en tubercules et plantains ainsi qu’en produits de la pêche. La BCEAO anticipe une croissance des prix encore faible, voire négative en 2018.

Secteurs économiques

En 2017, la croissance économique a été portée par tous les secteurs d’activité, en particulier le secteur primaire qui a été le plus dynamique, contribuant à la croissance à hauteur de 1,7 point (contre 1,8 point en 2016). La production agricole, mesurée sur deux exercices consécutifs, 2017-2018, devrait afficher une augmentation générale ainsi qu’une hausse par type de produits, à l’exception des phosphates. Les productions de cacao et de coton-graine ont plus particulièrement augmenté. Le dynamisme de ce secteur s’explique notamment par l’exécution du Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA).

Les secteurs secondaire et tertiaire ont respectivement contribué à la croissance du PIB à hauteur de 1,4 point et 1,3 point

Les secteurs secondaire et tertiaire ont respectivement contribué à la croissance du PIB à hauteur de 1,4 point et 1,3 point. La situation du secteur secondaire en 2017 s’améliore par rapport à 2016 : ce secteur avait contribué négativement à la croissance en 2016 (– 0,5 point). À l’inverse, l’activité du secteur tertiaire a nettement ralenti après une année 2016 vigoureuse (contribution de 3,7 points à la croissance en 2016, contre 1,3 point en 2017).

Ce recul est une conséquence économique du blocage politique depuis un an, qui a conduit à une baisse du crédit au secteur privé ainsi que du chiffre d’affaires des entreprises, plus particulièrement dans ce secteur. L’accélération de la croissance en 2018 et en 2019 sera fortement dépendante de la réussite de la stratégie de sortie de la crise politique dans laquelle la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) joue le rôle de médiateur.

Balance des paiements

Le déficit de la balance courante du Togo a légèrement régressé en volume (passant de 259 milliards de francs CFA en 2016 à 223 milliards en 2017) et en pourcentage du PIB (passant de 9,7% à 8,0% du PIB entre 2016 et 2017). Ce recul résulte de la baisse du déficit de la balance commerciale, en raison d’une baisse des importations (notamment des biens d’équipement et des biens intermédiaires), plus importante que celle des exportations (notamment pour le secteur des phosphates).

Au total, le taux de couverture des importations par les exportations s’est établi à 66,2% (contre 65,8% en 2016), un niveau sensiblement inférieur à celui de l’UEMOA (74,9%). Les revenus primaires ont augmenté de 74,3% en 2017 par rapport à 2016. Les sorties nettes d’investissements de portefeuille se sont inscrites en forte baisse en 2017 par rapport à 2016 tandis que les investissements directs étrangers nets ont légèrement reculé (– 7,2%) en 2017, ce qui correspond à une stabilisation par rapport à l’augmentation très substantielle de 2016 (+ 234,6%). Le solde global de la balance des paiements a été déficitaire de 36,7 milliards de francs CFA (après + 62,1 milliards en 2016), principalement en raison de l’impact des investissements de portefeuille de l’extérieur.

La position budgétaire du Togo s’est nettement améliorée en 2017 avec un déficit budgétaire global (base ordonnancement, dons compris) qui s’est établi à 0,3% du PIB, contre 8,1% en 2016.

Politique budgétaire

La position budgétaire du Togo s’est nettement améliorée en 2017 avec un déficit budgétaire global (base ordonnancement, dons compris) qui s’est établi à 0,3% du PIB, contre 8,1% en 2016. Si en 2017 les recettes budgétaires sont restées stables (+ 0,3% par rapport à 2016) et les recettes fiscales ont diminué (– 0,9% par rapport à 2016), les dépenses et prêts nets ont baissé de 21,4%. Dans le détail, les administrations publiques togolaises ont entamé une démarche de rationalisation en matière de dépenses courantes (– 6,4% résultant principalement d’une baisse des dépenses de fonctionnement autres que les salaires et autres transferts) et surtout, ont fortement réduit leurs dépenses d’investissement (– 47,5% en 2017 par rapport à 2016).

À 73,0% du PIB, la dette publique du Togo reste la plus importante des pays de l’UEMOA en 2017, à près de 30 points au-dessus de la moyenne régionale (44,1% du PIB en 2017), mais elle s’est inscrite en baisse de 5,4 points par rapport à 2016 (78,4% du PIB)

Ces évolutions sont donc imputables à un ajustement budgétaire drastique, découlant de la fin des accords de préfinancement des investissements publics depuis le second semestre 2016, qui a donné lieu à une réduction des investissements financés sur ressources intérieures en 2017. Une baisse, de moindre ampleur, des investissements financés sur ressources extérieures ainsi que des dépenses courantes, a également été constatée. À moyen terme, les besoins en investissements du Togo étant importants, il est probable que les investissements publics augmentent de nouveau. La poursuite de l’objectif de consolidation budgétaire pourra alors passer par des mesures de diminution du déficit structurel.

Endettement public

À 73,0% du PIB, la dette publique du Togo reste la plus importante des pays de l’UEMOA en 2017, à près de 30 points au-dessus de la moyenne régionale (44,1% du PIB en 2017), mais elle s’est inscrite en baisse de 5,4 points par rapport à 2016 (78,4% du PIB). Pour rappel, le Togo a bénéficié d’un allégement de sa dette au titre de l’initiative PPTE-IADM 3, la dette extérieure contractée ou garantie par l’État étant tombée de 51,6 % du PIB en 2009 à 16,6 % du PIB fin 2010. Depuis, l’encours de la dette extérieure est resté faible, pour s’élever à 19,6 % du PIB en 2017.

S’agissant de la dette totale, le dégagement d’un surplus primaire en 2017 a permis de maîtriser la dynamique de l’endettement et le risque de surendettement externe continue à être jugé modéré par le FMI. Mais l’analyse de viabilité de la dette réalisée par le FMI et la Banque mondiale en mai 2018 montre que les risques portent davantage sur la dette interne, qui a fortement augmenté de 2013 à 2016. Cette dernière est composée de titres de dette non concessionnelle émis sur le marché régional – bons et obligations du Trésor – et d’arriérés de paiement. L’évaluation du FMI a conclu à la présence d’un risque accru de surendettement public global, compte tenu des vulnérabilités de la dette intérieure et contrairement à ce qui est observé dans la plupart des pays de la sous-région.

Enjeux économiques de long terme

Afin d’engendrer une croissance économique pérenne, le Togo doit développer son secteur privé et améliorer le climat des affaires et ses infrastructures. Le pays se situe au 156e rang sur 190 pays dans le classement Doing Business 2018 de la Banque mondiale, en baisse par rapport à 2017 (154e rang). Toutefois l’environnement des affaires a commencé à s’améliorer grâce aux récentes réformes mises en place par les autorités. Le Togo se classe ainsi dans la première moitié des économies de l’espace OHADA (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des Affaires) en matière de règlement de l’insolvabilité.

Le pays se situe au 156e rang sur 190 pays dans le classement Doing Business 2018 de la Banque mondiale, en baisse par rapport à 2017 (154e rang).

« La pénurie chronique d’énergie freine la croissance »

C’est également l’économie la plus performante de l’OHADA pour la création d’entreprise depuis 2011, grâce à la rationalisation du fonctionnement de son guichet unique et à la suppression de l’obligation pour l’entrepreneur de fournir son casier judiciaire, remplacé par une déclaration sous serment à l’enregistrement. Le temps nécessaire pour créer une entreprise est ainsi passé de 84 à 6 jours au cours des cinq dernières années. Cependant, le Togo a d’importants besoins en investissements dans les infrastructures, notamment pour la fourniture d’énergie. La pénurie chronique d’énergie freine la croissance et des solutions durables pour augmenter la production interne ainsi que la mise en place d’un cadre réglementaire propice à un accès accru à l’électricité sont nécessaires.