Le Togo à l’épreuve de la menace terroriste, ISS Africa, Octobre 2019

Le Togo à l’épreuve de la menace terroriste, ISS Africa, Octobre 2019

Auteurs : Pyalo Da-Do Nora Amedenu-Noviekou, Paul-Simon Handy, Jeannine Ella-Abatan, Michaël Matongbada

Organisation affiliée : Institute for Security Studies (ISS) Africa

Site de publication : issafrica.org

Type de publication : Article

Date de publication : 30 octobre 2019

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

La région des savanes du Togo est frontalière aux régions de l’Est et du Centre-Est du Burkina qui connaissent une recrudescence d’attaques attribuées à des groupes extrémistes violents actifs au Sahel. Il pourrait s’agir de l’État islamique dans le Grand Sahara, de Ansarul Islam ou du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Afin de faire face à cette menace, le gouvernement togolais a adopté plusieurs mesures, dont la création du Comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (CIPLEV), le 15 mai 2019.

Le CIPLEV est composé de 18 membres issus de ministères, de l’état-major général des armées, de représentants de différentes confessions religieuses et de la société civile. Au niveau local, il travaille avec les comités préfectoraux et cantonaux, et rend compte à un comité de suivi composé des ministres en charge de la sécurité, de l’administration territoriale, de la défense, des finances, de l’action sociale et du développement à la base. Le gouvernement togolais a également lancé, en septembre 2018, l’opération Koundjoare dans la région des Savanes. Elle vise à prévenir l’infiltration de terroristes sur son territoire et à renforcer le lien entre la population locale et les forces de défense et de sécurité.

Les mesures prises par le Togo pour prévenir et lutter contre l’extrémisme violent sur son territoire doivent être soumises au test de la réalité. L’extrémisme violent est une menace nouvelle pour les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest. Par conséquent, les expériences de prévention à partir desquelles des enseignements pourraient être tirés sont limitées en nombre. Il est donc important pour le CIPLEV et ses démembrements de parvenir à une compréhension partagée du phénomène de l’extrémisme violent. Ceci passe par la création de cadres d’échanges et de partage d’expériences aux niveaux national et régional.

Il est donc important pour le CIPLEV et ses démembrements de parvenir à une compréhension partagée du phénomène de l’extrémisme violent. Ceci passe par la création de cadres d’échanges et de partage d’expériences aux niveaux national et régional

Plusieurs facteurs de vulnérabilité existants au Togo pourraient être exploités par les groupes extrémistes violents pour s’infiltrer sur le territoire. Ceux-ci comprennent l’absence ou l’insuffisance de services publics dans certaines régions, les liens relativement distendus entre la population et les forces de défense et de sécurité, ainsi que les anciens conflits mal gérés – liés au foncier, à la chefferie traditionnelle, aux tensions communautaires et à la transhumance.

L’élaboration d’une cartographie des mesures préventives et une coordination accrue entre les différents acteurs permettraient d’éviter le chevauchement d’activités. Enfin, le Comité interministériel et ses démembrements au niveau local ont principalement un rôle d’alerte précoce, de sensibilisation et de contribution à une meilleure collaboration entre la population et les forces de défense et de sécurité. Pour qu’ils remplissent ces tâches de façon efficace, le Comité doit définir les données qui doivent être recueillies et analysées, la façon dont elles doivent être communiquées, ainsi que la méthode la plus efficace de gérer les réponses. La menace liée à l’extrémisme violent au Togo offre une fenêtre d’opportunité au CIPLEV d’œuvrer pour renforcer le contrat social entre l’État et la population.

 

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