Enquête sur les Indicateurs du Paludisme au Togo 2017, ministère de la Santé et de la Protection sociale et ICF

Enquête sur les Indicateurs du Paludisme au Togo 2017, ministère de la Santé et de la Protection sociale et ICF

Auteurs (s) : Ministère de la Santé et de la Protection Sociale, Programme national de lutte contre le paludisme, Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques, Institut national d’hygiène

Type de publication : Rapport

Date de publication : Février  2018

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Le Ministère de la santé et de la protection sociale vient de réaliser une première édition de l’Enquête sur les Indicateurs du Paludisme au Togo (EIPT). L’EIPT répond de manière opportune à la préoccupation du Gouvernement togolais de vouloir disposer de données de base et d’indicateurs récents et fiables dans le domaine de la lutte contre le paludisme. L’EIPT a été réalisée sur le terrain de septembre à novembre 2017 par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques et Démographiques (INSEED) en collaboration avec l’Institut National d’Hygiène (INH). ICF a fourni l’assistance technique à l’ensemble du projet.

L’enquête a été conduite sous la coordination générale du Ministère de la santé et de la protection sociale à travers le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP). L’EIPT est une enquête nationale conçue pour obtenir des données sur les indicateurs du paludisme au sein de la population togolaise afin de compléter les données administratives de routine utilisées pour guider la planification stratégique et l’évaluation du programme de lutte contre le paludisme au Togo. L’enquête fournit des informations sur la prévention, le traitement et la prévalence du paludisme au Togo.

Plus spécifiquement, l’enquête a collecté des données sur la possession et l’utilisation des moustiquaires, mesuré la couverture du traitement préventif intermittent pour protéger les femmes enceintes contre le paludisme, et elle a évalué le niveau d’accès des femmes aux messages sur le paludisme, les canaux par lesquels elles reçoivent ces messages et le niveau de leur connaissance en matière du paludisme. En outre, elle a permis d’estimer la prévalence du paludisme et de l’anémie chez les enfants de 6-59 mois.

OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE

L’objectif principal de l’EIPT-2017 est de fournir des estimations actualisées des indicateurs liés au paludisme. De manière spécifique, l’EIPT 2017 vise à :

 Évaluer la couverture et l’utilisation des interventions de lutte contre le paludisme ;

 Évaluer la campagne de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées d’insecticides (MII) de 2017 ;

 Mesurer la prévalence de la parasitémie du paludisme chez les enfants de 6 à 59 mois ;

 Mesurer la prévalence de l’anémie chez les enfants de 6 à 59 mois et les femmes de 15-49 ans ;

 Évaluer les connaissances au sein de la communauté sur la prévention et la prise en charge du paludisme.

CONCEPTION DE L’ÉCHANTILLON

L’EIPT 2017 vise à produire des résultats représentatifs au niveau de l’ensemble du pays, pour le milieu urbain et le milieu rural séparément et pour chacune des cinq régions administratives : Savanes, Kara, Centrale, Plateaux, Maritime (sans le milieu urbain de la préfecture du Golfe) et pour la grande agglomération de Lomé (ville de Lomé plus le milieu urbain de la préfecture du Golfe). La base de sondage retenue pour l’EIPT-2017 est le dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat effectué au Togo en 2010 (RGPH 2010). L’échantillon de l’EIPT-2017 est un échantillon aréolaire stratifié et tiré à 2 degrés . L’unité primaire de sondage est la Zone de Dénombrement (ZD) telle que définie pour le RGPH 2010. Chaque domaine d’étude est séparé en partie urbaine et rurale pour former des strates d’échantillonnage.

La Grande Agglomération de Lomé est considérée comme un domaine d’étude spécifique qui ne comprend que le milieu urbain. Au total, 11 strates d’échantillonnage ont été identifiées. L’échantillon a été tiré indépendamment dans chaque strate avec une allocation spécifique. Au premier degré, 171 Unités Primaires de Sondage (UPS) ont été tirées à partir de la liste des ZD établies au cours du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) réalisé en 2010 en procédant à un tirage systématique avec probabilité proportionnelle à la taille, la taille de l’UPS étant le nombre de ménages. Après le tirage des unités primaires, un dénombrement des ménages et une mise à jour de la carte ont été effectué dans chacune des grappes tirées d’août à septembre 2017. Cette opération a permis de fournir une liste des ménages à partir de laquelle a été effectué le tirage au second degré.

Au Togo, 71 % des ménages ont accès à de l’eau provenant d’une source améliorée. Cette proportion varie de 89 % en milieu urbain à 57 % en milieu rural. Les puits à pompe ou forage (30 %) et les robinets publics/bornes fontaines (16 %) sont les sources d’approvisionnement améliorées les plus utilisées. Les résultats selon les régions montrent que c’est dans les Plateaux (52 %) et les Savanes (53 %) que les pourcentages de la population utilisant une source améliorée d’eau de boisson sont les plus faibles et dans l’agglomération de Lomé que ce pourcentage est le plus élevé (93 %).

Au Togo, 71 % des ménages ont accès à de l’eau provenant d’une source améliorée. Cette proportion varie de 89 % en milieu urbain à 57 % en milieu rural

Dans son Plan Stratégique National (PSN) de 2017-2022, le Togo a défini trois axes stratégiques, à savoir la prévention, la prise en charge et la gestion de programmes. Les principales interventions de la prévention sont : (i) l’utilisation des Moustiquaires Imprégnées d’Insecticide (MII) ; (ii) le Traitement préventif intermittent (TPI) à la Sulfadoxine-Pyriméthamine (SP) chez les femmes enceintes ; (iii) le traitement chimio-préventif du paludisme saisonnier (CPS) à la Sulfadoxine-Pyriméthamine plus Amodiaquine (SP+AQ) pour les enfants de 3 à 59 mois pendant la saison de forte transmission palustre dans les zones éligibles.

Le Plan Stratégique National de lutte contre le paludisme prévoit la réduction de façon significative du fardeau du paludisme d’ici 2022. Ce chapitre présente les données utiles pour évaluer la couverture des stratégies de contrôle du paludisme qui ont été mises en place au Togo, notamment la possession et l’utilisation de moustiquaires, le traitement CPS chez les enfants, et le TPI chez les femmes enceintes.

Dans le rapport de l’EDST-III de 2013-2014, la définition d’une MII comprenait une moustiquaire qui avait été imprégnée industriellement par le fabricant et qui ne nécessitait pas de traitement supplémentaire, aussi appelées Moustiquaires Imprégnées d’insecticide à Longue Durée d’Action (MILDA), et une moustiquaire qui avait été trempée dans un bain d’insecticide au cours des 12 derniers mois. Cependant, il a été observé qu’actuellement au Togo et dans beaucoup d’autres pays, les moustiquaires qui nécessitent d’être traitées annuellement de même que l’insecticide pour traiter ces moustiquaires ne sont plus disponibles.

En conséquence, les moustiquaires imprégnées d’insecticides sont actuellement presque exclusivement des MILDA. C’est ainsi que les questions relatives au traitement annuel des moustiquaires avec de l’insecticide ne sont plus posées dans les enquêtes EIP ni dans les enquêtes EDS. De plus, une MII est définie désormais de la même manière qu’une MILDA. Dans ce rapport, une MII est donc définie comme une moustiquaire imprégnée industriellement par le fabricant et qui ne nécessite pas de traitement supplémentaire.

L’une des interventions majeures de lutte contre le paludisme au Togo est l’utilisation de MII. Dans le Plan Stratégique National (PSN) de 2017-2022, le Ministère de la santé et de la protection sociale (MSPS) s’est fixé pour objectif de faire passer la proportion de ménages possédant au moins une MII pour deux personnes de 33 % en 2013-2014 (EDST-III) à 95 % à l’horizon 2020. La distribution des MII se fait par deux approches : la campagne de masse et la routine pour maintenir les acquis. Le MSPS en collaboration avec ses partenaires a organisé des campagnes de distribution de masse des MII en 2011, 2014, et plus récemment en 2017. Cette dernière campagne a couvert toutes les régions sauf l’agglomération de Lomé.

La distribution de routine des MII est effectuée pour les femmes enceintes en consultation prénatale, et pour les enfants de moins d’un an au cours des séances de vaccination, de contrôle et de promotion de la croissance et durant les consultations curatives pédiatriques dans les formations sanitaires pour maintenir la couverture entre les campagnes. Le MSPS vise à rendre disponibles dans les ménages suffisamment de moustiquaires pour atteindre la couverture universelle. Selon les recommandations de l’OMS, la couverture universelle en MII est atteinte si chaque ménage possède, au moins, une MII pour deux de ses membres.

Au Togo, le paludisme est endémique avec une transmission qui dure presque toute l’année sur l’ensemble du territoire national. Toute la population togolaise est exposée au risque de paludisme

Pour tenir compte du contexte du Togo, le MSPS cherche également à ce que chaque ménage ait une MII par couchage ou lit. Lors de la collecte des données de l’EIPT-2017, des questions relatives à la possession des moustiquaires ont été posées aux ménages. Il s’agissait de savoir si un ménage possédait une ou des moustiquaires, le nombre de moustiquaires possédées et si ces moustiquaires étaient imprégnées d’insecticide ou non.

Au Togo, le paludisme est endémique avec une transmission qui dure presque toute l’année sur l’ensemble du territoire national. Toute la population togolaise est exposée au risque de paludisme. Cependant, les femmes enceintes, leurs bébés à naître et les enfants de moins de 5 ans courent un risque plus élevé de subir les effets néfastes du paludisme. Les enfants de moins de 5 ans sont sujets à une infection palustre grave parce qu’ils n’ont pas d’immunité acquise.

Pendant environ 6 mois après la naissance, les anticorps acquis de la mère pendant la grossesse protègent l’enfant, bien que cette immunité maternelle soit progressivement perdue lorsque l’enfant commence à développer sa propre immunité contre le paludisme. L’âge est un facteur important pour déterminer les niveaux d’immunité acquise au paludisme car l’immunité acquise n’empêche pas l’infection mais protège contre les maladies graves et la mort. Le rythme auquel l’immunité se développe dépend de l’exposition à l’infection palustre. Dans les zones à forte prévalence du paludisme, on estime que les enfants atteindront un niveau élevé d’immunité avant leur cinquième anniversaire.

Ces enfants peuvent connaître un épisode de maladie palustre, mais ne souffrent généralement pas de conditions sévères mettant leur vie en danger (Shulman et Dorman 2003). Les adultes acquièrent généralement un certain niveau d’immunité. Cependant, puisque la grossesse affecte négativement cette immunité, les femmes enceintes sont exposées à un risque accru de paludisme grave. Le paludisme pendant la grossesse est fréquemment associé au développement de l’anémie, qui interfère avec l’échange materno-fœtus et peut avoir pour conséquence un faible poids chez les nourrissons, une parasitémie placentaire, la mort fœtale, l’avortement, la mortinatalité et la prématurité.

TRAITEMENT CHIMIO-PRÉVENTIF DU PALUDISME SAISONNIER

La politique nationale de lutte contre le Paludisme vise l’élimination du paludisme au Togo à l’horizon 2030. L’une des stratégies à haut impact consiste en la mise en œuvre de la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS). La CPS consiste en une administration intermittente de traitement complet d’antipaludiques aux enfants pendant la saison du paludisme dans des zones où la transmission a un caractère fortement saisonnier. L’objectif est de prévenir l’infection palustre en conservant des taux sanguins thérapeutiques pendant la période où le risque de transmission est le plus élevé.

L’OMS recommande le recours à la CPS en administrant de la sulfadoxine-pyriméthamine (SP) et de l’amodiaquine (AQ) aux enfants âgés de 3 à 59 mois à intervalles réguliers d’un mois, à partir du début de la saison de forte de transmission du paludisme pendant au moins trois mois (dans les zones où la transmission du paludisme est fortement saisonnière, où P. falciparum est sensible aux deux antipaludiques).Au Togo, la CPS a été mise en œuvre premièrement dans la région des Savanes en 2013 et, ensuite, étendue en 2016 aux régions de la Kara et de la Centrale.

Les données collectées au cours de l’EIPT 2017 permettent d’estimer le taux de couverture en 2016 de la CPS dans les régions éligibles parmi les enfants de 15 à 59 mois. À partir de l’historique des naissances sur les 5 dernières années des femmes de 15-49 ans enquêtées, l’enquête a pu identifier les enfants qui étaient éligibles à la CPS en 2016, parmi ceux qui n’avaient pas encore atteint 5 ans au moment de l’interview. Ensuite, parmi ces enfants éligibles, des questions ont été posées pour savoir quels étaient ceux qui avaient bénéficié de la CPS. En effet, dans la section 2 du questionnaire femme, l’enquêtrice a enregistré la date de naissance et l’état de survie pour toutes les naissances de la femme survenues de 2012 à 2017.

L’infection palustre durant la grossesse qui comporte des risques importants pour la mère, le fœtus et le nouveau-né est un problème majeur de santé publique au Togo

Ensuite, dans la section 4 du même questionnaire, pour les enfants de la région Centrale, de la Kara et des Savanes qui étaient encore vivants au moment de l’enquête et qui étaient âgés de 15-59 mois en août 2017, des questions ont été posées à leur mère pour savoir si, entre les mois d’août et novembre 2016, ils avaient reçu de la SP+AQ pour éviter le paludisme, et si oui, combien de fois ils avaient pris ces médicaments. Il a été noté qu’en août 2016, ces enfants étaient âgés de 3-47 mois.

L’infection palustre durant la grossesse qui comporte des risques importants pour la mère, le fœtus et le nouveau-né est un problème majeur de santé publique au Togo. Le traitement préventif intermittent du paludisme pendant la grossesse (TPIg) est un traitement complet d’antipaludiques administrés aux femmes enceintes au cours de visites prénatales de routine pour prévenir le paludisme. Le TPIg permet de prévenir les épisodes de paludisme chez la mère, l’anémie maternelle et fœtale, la parasitémie placentaire, le faible poids à la naissance et la mortalité néonatale.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande une approche à 3 volets pour réduire les conséquences négatives sur la santé associées au paludisme pendant la grossesse (PPG) : diagnostic et traitement rapide de l’infection confirmée, utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MIILDA) et TPIg (OMS 2004). La Sulfadoxine-pyriméthamine (SP) est le médicament recommandé pour le TPIg au Togo. Depuis plus de 10 ans, le ministère de la Santé et de la Protection Sociale a mis en place le TPIg, consistant en l’administration d’au moins 2 doses de sulfadoxine-pyriméthamine (SP) durant les visites prénatales de routine au second et troisième trimestres de grossesse (TPIg2+) pour protéger la mère et l’enfant du paludisme.

En 2014, le Programme National de Lutte contre le Paludisme a adopté la recommandation qui consiste à administrer au moins trois doses de SP à toute femme enceinte à partir de la treizième semaine d’aménorrhée jusqu’à l’accouchement à intervalle d’au moins un mois entre deux prises (PNLP 2016). L’indicateur de l’enquête utilisé pour mesurer la couverture de cette intervention est le pourcentage de femmes ayant eu une naissance vivante au cours des deux années ayant précédé l’enquête qui ont reçu 3 doses ou plus de SP pour prévenir le paludisme au cours de leur grossesse la plus récente (TPIg3+).

Dans l’ensemble, 87 % des femmes ayant eu une naissance vivante au cours des 2 années précédant l’enquête ont reçu une ou plusieurs doses de SP pour prévenir le paludisme. Sept femmes sur dix (68 %) ont reçu deux doses ou plus de SP et 42 % des femmes ont reçu trois doses de SP.