Au-delà du potentiel touristique, le principal atout de la Plaine de Mo est indiscutablement le secteur agricole

Au-delà du potentiel touristique, le principal atout de la Plaine de Mo est indiscutablement le secteur agricole

Les entretiens de WATHI – Les régions du Togo

Loukman Wotto Gazoro

Loukman Wotto Gazoro est consultant en développement local. Originaire de la Plaine de Mo, il est titulaire d’un Master en Economie et d’une Maitrise en Sociologie.

Quelles sont les spécificités du patrimoine naturel de votre commune (nature, richesse, diversité́, etc.).

On ne peut pas parler de la plaine de Mô sans aborder ses diverses richesses naturelles, économiques et socioculturelles. En effet, Djarkpanga et ses alentours constituent de loin  la zone qui fait la fierté du Togo par rapport à son paysage.  Méconnue de la grande partie des Togolais à cause de son enclavement, Djarkpanga constitue l’une des rares localités où on retrouve encore des sols naturellement fertiles. C’est sans doute ce qui explique la bonne production et la diversification des produits agricoles dans cette zone.

Perdue entre les flancs des monts Fazao-Malfakassa, la nature a doté la plaine de Mô d’un impressionnant relief accidenté où on peut apercevoir des chutes d’eau avec un paysage naturel merveilleux. La commune de Mo 1 a le mérite d’héberger la  plus grande cascade de toute  l’Afrique de l’Ouest avec 175 mètres de hauteur. Je peux vous assurer que très peu de Togolais sont au courant de l’existence de cette merveille qui détrône la cascade d’Yikpa (Kpalimé), et celle de Wli (Ghana).

Quels en sont les atouts de la région ? Pensez-vous que ces atouts sont suffisamment valorisés ?

Au-delà de son potentiel touristique, le principal atout de la plaine de Mo est indiscutablement le secteur agricole. En effet, comme son nom l’indique, la zone est une immense plaine avec un potentiel agricole important. C’est d’ailleurs la principale activité économique pratiquée par près de 90 % de la population. Dans la plaine de Mô, on produit l’igname, le manioc, le maïs, le sorgho, le riz, l’arachide, le haricot, le coton etc. …

C’est certainement ce fort potentiel agricole qui a conduit les autorités à prévoir 4.500 hectares de Zone d’aménagement agricole planifiée (ZAAP) dans la région.

Pour ce qui est des contraintes, la principale concerne l’enclavement de la zone.  Bien qu’elle soit plus proche de la préfecture de Sotouboua à laquelle elle était rattachée en tant que sous-préfecture, elle n’a malheureusement pas d’ouverture sur celle-ci en raison de l’obstacle naturel que constitue la chaîne des monts. L’accès à la plaine se fait exclusivement à partir de la ville de Bassar, qui relève pourtant de la Région de la Kara, avec un parcours de combattant, un vrai calvaire. Cette insuffisance d’infrastructures de désenclavement fait qu’une majeure  partie des transactions commerciales se fait plutôt avec le Ghana frontalier.

En plus des routes inexistantes et impraticables quand elles existent, la zone manque cruellement d’infrastructures et d’équipements de base. Par exemple, les rares fonctionnaires (les enseignants pour la plupart) sont obligés de se rendre soit à Bassar, soit à Sokodé pour percevoir leur salaire à la fin de mois. Ce n’est qu’en septembre passé que la Poste a ouvert un bureau dans la localité. Les infrastructures telles que les écoles, les formations sanitaires, les marchés, les forages etc. sont à compter sur le bout des doigts.

Par ailleurs, l’agriculture,  qui constitue le poumon économique de la commune, est confrontée à différentes contraintes telles que l’accès aux intrants de haute productivité, l’insuffisance  d’appui technique, l’insuffisance de crédit agricole et les difficultés d’accès au marché.

Ces contraintes freinent énormément le développement économique de la plaine de Mô. Il est donc urgent de favoriser le développement de cette zone en soutenant les  secteurs comme l’agriculture, l’élevage,  la santé, l’éducation et l’alphabétisation, le renforcement des organisations, les infrastructures routières et communautaires,  l’environnement, etc.

Au lendemain des élections locales de 2019, une nouvelle équipe communale a été installée dans la mairie. Avez-vous observé des changements depuis l’avènement cette équipe ? La situation progresse-t-elle dans la bonne ou la mauvaise direction ?

Avec l’avènement de la nouvelle équipe communale, on observe quelques changements même si beaucoup reste à faire pour le développement de cette commune à fort potentiel économique et touristique. Je salue d’ailleurs la mise en place d’un site internet qui renseigne sur cette partie du Togo méconnue d’une grande partie des concitoyens, surtout ceux de Lomé.

Quels sont les défis particuliers auxquels sont confrontées les jeunes dans votre commune ?

La jeunesse togolaise dans son ensemble est confrontée à un défi majeur : celui de l’employabilité. Ce défi est amplifié quand il s’agit des jeunes de la plaine de Djarkpanga qui sont déjà vulnérables du fait du manque d’infrastructures de base et d’équipements socio éducatifs. Dans ce contexte,  la culture de l’entreprenariat qui manque sévèrement aux Togolais pourrait être une alternative pour sortir les jeunes de cette commune de la misère.

Comment imaginez-vous votre commune dans les années à venir ?

De par sa position géographique, ses atouts naturels et socioculturels, la plaine de Mo est faite pour être un pôle agricole important qui desservira le reste du pays en produits agricole.


Crédit photo : agridigitale.net

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