Entretien avec le candidat Georges Kouessan

Entretien avec le candidat Georges Kouessan

Dans le cadre de l’initiative sur l’élection présidentielle au Togo, WATHI est allé à la rencontre de Georges Kouessan, candidat du parti Santé du peuple. Dans cet entretien, il évoque son parcours et son engagement politique et revient sur les mesures phares de son programme.

 

Parcours du candidat 

Je suis né le 15 mars 1967 à Lomé où j’ai obtenu mon baccalauréat. Je suis titulaire d’un diplôme d’État de Doctorat en médecine et d’un autre Doctorat en pharmacie. J’ai travaillé comme médecin avant de devenir pharmacien. J’appartiens au parti politique « Santé du Peuple », fondé en 2013. Santé du Peuple  a fait partie de plusieurs regroupements notamment la coalition ARC-EN-CIEL dont j’ai assuré la vice-présidence. J’ai également été coordinateur national du  CAP 2015, et membre de la conférence des présidents du C14.

Mon ambition pour le Togo

C’est d’abord les réalités du terrain et deuxièmement la foi que nous avons en nous même de pouvoir apporter quelque chose dans ce pays qui nous a poussé à être candidat à la présidentielle du 22 février 2020. Etant médecin, nous avons eu la chance d’être en contact avec les populations et particulièrement les couches vulnérables. Nous avons donc pu toucher du doigt les difficultés de nos compatriotes. En tant que pharmacien, j’ai pu découvrir une autre réalité des difficultés de nos compatriotes. Ce n’est pas rare nous nous engagions à aider et à résoudre certains problèmes. Le constat est qu’il y a tellement de demandes qu’individuellement il est impossible de les satisfaire. On s’est donc dit que la meilleure façon de servir nos compatriotes, c’est d’être aux responsabilités, c’est de gouverner ce pays.

Dans un second temps, nous croyons en nos capacités à gouverner le Togo parce qu’une chose est de vouloir apporter des solutions aux problèmes,  mais être en mesure de le faire en est une autre et nous pensons avoir les qualifications, les capacités et les compétences nécessaires pour le faire.

L’éducation 

Les difficultés auxquelles fait face le système éducatif du Togo peut se résumer en 3 points : les infrastructures, l’équipement et le personnel enseignant. Un protocole a été signé le 19 avril 2018 par le gouvernement suite aux grèves qu’a connu le pays dans le secteur. Nous allons d’abord mettre en œuvre ce protocole et faire signer le statut particulier de l’enseignement. Il faudra aussi embaucher de nouveaux enseignants et construire de nouvelles infrastructures.

L’autre mesure consistera à rendre les formations en adéquation avec les besoins en emploi. Il faut donc considérer l’emploi dans sa spécificité et dans sa transversalité pour rebâtir le système éducatif. Le nouveau système éducatif permettra de détecter très tôt les potentialités des enfants afin de les orienter dans les domaines où ils sont susceptibles d’exceller.

Nous avons par exemple prévu la création d’une école d’agriculture à partir du BEPC. Les élèves pourront se former en agriculture tout en préparant leur baccalauréat. Il faudra également former les enseignants à la transmission du savoir. Il faut aussi revoir le système de l’enseignement superieur en dotant les universités de beaucoup plus de moyens et envisager la construction d’autres établissements universitaires dans tout le pays.

La santé

La priorité se situe au niveau du personnel. Il ne peut pas y avoir un plateau technique et les infrastructures au point, si le personnel n’est pas engagé et motivé. Les résultats escomptés ne seront pas atteints. Nous comptons donc mettre le personnel soignant dans de meilleures conditions. Pour ce faire, nous allons adopter le statut particulier de la santé et recruter du personnel. Il faut également enrichir le plateau technique et nous avons prévu de mobiliser 30 milliards de Francs CFA pour cela.

Mes mesures phares dans le domaine de la santé : la gratuité de la prise en charge des enfants de 0 à 5 ans, La résolution du problème des urgences médicales et des dialysés en mettant sur pied un fond souverain, la prévention par l’alimentation et les activités physiques. Nous comptons également poursuivre l’assurance maladie et la parachever en prenant en compte toutes couches sociales du pays.

L’emploi des jeunes

Nous avons prévu la création de 100 000 emplois en cinq ans, 50 000 dans le domaine de l’agriculture, 25 000 dans le cadre d’un projet qui consistera à reverser progressivement les conducteurs de moto taxi dans d’autres activités et 25 000 dans les autres secteurs clés. Il faut également organiser la jeunesse pour qu’elle puisse développer ses propres activités dans le cadre de l’entrepreneuriat. Au-delà de ces aspects, il faut que les jeunes participent au fonctionnement de l’Etat, c’est pourquoi nous avons prévu des quotas de représentativité de la jeunesse au sein des institutions du pays.

L’accord politique global

Toutes les revendications que nous portons à l’endroit du gouvernement aujourd’hui se résument au reliquat de l’accord politique global. Certains aspects ont été réglé notamment la limitation du mandat même si dans sa forme actuelle elle n’est pas ferme comme le prévoyait l’accord.  Au lieu de se figer sur cet accord, nous pensons pouvoir ressortir les points qui n’ont pas été pris en charge dans le cadre d’une concertation avec toutes les parties prenantes.

La gouvernance et les institutions

Il n’y a pas de priorité en soi dans le domaine de la gouvernance qui est un aspect très important dans la sociopolitique d’un pays. Tout est prioritaire dans la gouvernance. Nous pensons refondre complètement le système politique du Togo dans le cadre d’une transition. Les points qui me viennent en tête à c concernent la limitation ferme du mandat du président de la république, la constitutionnalisation de la CENI et son virage vers un statut technique, la nomination du premier ministre, l’armée, la cour constitutionnelle.

La décentralisation :

La décentralisation est en marche, il faut la poursuivre et la renforcer en trouvant des mécanismes permettant de mettre suffisamment des moyens à la disposition des collectivités locales. Et dès que les moyens le permettront, nous organiserons les régionales. Il faut également revoir le système de déconcentration pour éviter les conflits de compétence entre, par exemple, les préfets qui sont nommés et les élus locaux. Il apparait donc nécessaire de mettre en place les tribunaux administratifs.

Le contexte sécuritaire 

Un contexte assez fragile. La lutte contre les nouveaux défis sécuritaires est difficile. Il faut renforcer la coopération militaire et l’intégration régionale en matière militaire.

La monnaie ECO

C’était une monnaie ECO de la CEDEAO qui était attendue et la présence du Nigéria et du Ghana était rassurante. Avec la nouvelle donne, on s’interroge comme tout le monde sur la pertinence d’avoir un Eco exclusif à l’UEMOA. Nous sommes tentés de dire que le FCFA a juste changé de dénomination.

La participation des femmes

Pour une meilleure participation des femmes, nous proposons un quota de 40% de représentativité dans les instances de prise de décision et dans les institutions de l’Etat. Nous allons également faire des prêts à des intérêts très réduits pour qu’elles puissent développer leurs activités et s’autonomiser.

L’engagement du candidat pour un scrutin apaisé 

Nous avons été agressés à Afagnan, mais nous n’avons pas riposté parce que nous voulons donner la chance à la paix de régner durant ce processus électoral.  Nous restons sur cette lancée et nous sensibilisons nos militants à la culture de la paix et les valeurs de respects mutuelle. Nous avons fait une bonne campagne sans difficultés majeures.  Nous souhaitons que le processus se poursuive dans la transparence de telle sorte que les résultats qui seront proclamés soient ceux qui viennent des urnes.

 


Source photo : icilome.com

 

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