Dégradation de la fertilité des sols et de l’environnement dans la région des Savanes au Nord-Togo : Analyse des perceptions et stratégies d’adaptation indigènes, ESI, Juillet 2021

Dégradation de la fertilité des sols et de l’environnement dans la région des Savanes au Nord-Togo : Analyse des perceptions et stratégies d’adaptation indigènes, ESI, Juillet 2021

Auteurs : Magamana Abalo-Esso, Gadedjisso-Tossou Agossou, Blavet Didier, Hien Edmond et Chotte Jean Luc

Organisation affiliée : European Scientific Institute

Type de publication : Article

Date de publication : Juillet 2021

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*Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.


 

Perception des producteurs sur la dégradation des sols et les changements climatiques

La majorité des producteurs sont conscients de la dégradation de leurs sols et des changements climatiques. Les proportions perceptions des enquêtés sur ces deux évènements sont respectivement de 98,10% et 99,50%. Les effets de ces deux phénomènes relevés par les producteurs sont d’ordre pluviométrique et thermique.

Causes de la dégradation des sols

Pour cette enquête 98,10% des producteurs ont déclaré être conscients de la dégradation de leurs sols. Les causes qui sous-tendent cette dégradation ont été évoquées par ces producteurs. Pour chaque cause les producteurs ont eu à relever une ou plusieurs causes. Les proportions (nombre de personnes ayant choisi la cause/nombre totale d’enquêtés) présentent comme suit : les pluies diluviennes (26,85%), mauvaises pratiques culturales (62,50%), intensification agricole (46,76%), surpâturage (2,78%), usage abusif de pesticides ou d’insecticides (20,37%), l’explosion démographique (12,96%), la déforestation (21,76%), les feux de brousse (6,48%), le manque de pluies (0,46%). Il a été noté 4,63% des enquêtés qui ignorent encore les causes de la dégradation de leurs sols.

L’ampleur de la dégradation a entrainé l’abandon des parcelles dont la superficie se situé entre 37,50 ha et 63ha par 67 des producteurs soit 31,00% des enquêtés

Selon leur importance, ces neuf causes peuvent être regroupées en trois dont les causes majeures, les causes moyennes et les causes mineures. Les causes majeures concernent les pluies diluviennes, mauvaises pratiques culturales, intensification agricole. Les enquêtés reconnaissent être responsables de certains de ces phénomènes soit par l’adoption de mauvaises pratiques agricoles dont la non pratique des jachères due à l’insuffisance des terres. Quant aux causes moyennes, elles sont dans l’ordre décroissant : la déforestation, l’usage abusif des pesticides/insecticides et l’explosion démographique. Enfin les feux de brousse, le surpâturage et le manque de pluie sont classée.

Ampleur de la dégradation des sols et attitude des producteurs

L’ampleur de dégradation des parcelles et les mesures de lutte ou de correction adoptées par les exploitants sont présentées dans cette section. Les classes d’ampleur vont du « pas du tout important » à « extrêmement important ». Les pourcentages des classes se présentent comme suit : « pas du tout important : 2,80% » ; « Peu important : 40,70% »; «moyennement important: 22,70%»; « extrêmement important: 22,70%».

Deux cent sept personnes soit 95,80% utilisent les engrais chimiques tandis que 75,90% apportent la fumure organique à leurs cultures

L’ampleur de la dégradation a entrainé l’abandon des parcelles dont la superficie se situé entre 37,50 ha et 63ha par 67 des producteurs soit 31,00% des enquêtés. Les superficies abandonnées représentent en moyenne 6% des superficies cultivées par les enquêtés. Même s’il semble que les superficies abandonnées ne sont pas trop grandes, cela a un impact non négligeable sur les producteurs, étant donné qu’il s’agit ici de petits exploitants. Certains se retrouvent ainsi sans parcelle à exploiter. Cet abandon est partiel, mais dès fois total.

Méthodes de préparation de sol et fertilisation

Deux cent sept personnes soit 95,80% utilisent les engrais chimiques tandis que 75,90% apportent la fumure organique à leurs cultures. Les doses d’engrais NPK apportées par les producteurs varient entre 0 et 300 kg/ha pour le maïs ; 0 et 200 kg/ha pour le mil et le sorgho, et 0 et 150 kg/ha pour le coton. Pour l’urée, les doses sont rangées entre 0 et 200 kg/ha pour le maïs et le sorgho, et entre 0 et 50 kg pour le coton. Les doses de a fumure organique se situent entre 0 et 16 t/ha pour le maïs ; 0 et 6 t/ha pour le mil/sorgho et 0 et 3,20 t/ha pour le coton. 

Système de cultures et pratiques agro écologique

Les méthodes d’entretien culturaux sont le sarclage/buttage à la main (86,60%) ou avec les bœufs (27,80%) et l’utilisation des herbicides (18,10%). Les herbicides homologués étant rares sur les marchés locaux, les producteurs utilisent des produits tout venants disponibles, accessibles à moindre coût. Diverses pratiques agro-écologiques sont adoptées par les producteurs dans la zone. Ceux identifiées par l’enquête sont les rotations et associations culturales, les pratiques de conservation des sols, les pratiques de jachère et agroforestières.

Pratiques de conservation des sols

Les méthodes de conservation des sols pratiquées par 75,90% des producteurs. Parmi ces méthodes on note le labour suivant les courbes de niveau/ou perpendiculaire à la plus grande pente (0,50%), Cordons pierreux (36,60%), Diguettes en terre (12,50%), Bandes anti-érosives (50,90%), autres (2,30%). Les pratiques sont découvertes par l’intermédiaire des ONG (19,00%), des services techniques de l’Etat (7,40%) ou transmises par les parents/initiatives personnelles (52,80%). Cependant certains producteurs ne les utilisent pas. Les raisons évoquées sont leur fastidiosité (8,80%), la méconnaissance de leur importance (13,40%), et leur cout élevé (2,80%).

Pratiques de jachère, agroforesterie et plantation d’arbres

Les jachères sont pratiquées par 1,90% des enquêtés. L’insuffisance des terres (98,10% des enquêtés) est la principale cause de ces courtes jachères de durée maximum de 3 ans. L’utilité ou les motifs/raisons de plantation des arbres par les enquêtés sont relevés dans le tableau 5. Les producteurs s’adonnent à deux pratiques agroforestières : les plantations individuelles (84,30%) ou collectives (1,90%) et la régénération naturelle assistée (42,10%).

Les superficies plantées sont variables : 82,40% des producteurs ont plantés sur moins de 25% des superficies, 1,40% sur des superficies situées entre 25 et 50%, et 0,50% sur 50 à 100% des superficies exploitées. Au total 181 producteurs soit 83,8% des enquêtés plantent 2450 plants/an sur une superficie de 660 ha ce qui équivaut en moyenne à 4 plants/ha/an. Le risque de mort de plants pour raisons de surpâturage ou de rudesse de la longue sèche, le nombre de plants survivants/ha/an serait en deçà de ce chiffre.

 

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