Les entretiens de WATHI – Les régions du Togo

Pouvez-vous nous présenter votre commune ? Quelles sont les spécificités du patrimoine naturel et culturel de votre commune (nature, richesse, abondance, diversité́, etc.). ?

La ville d’Aného est située dans la Région Maritime, à 45 kilomètres de Lomé, et limitée au Nord par les Préfectures de Yoto et de Vo, à l’Ouest par la Préfecture du Golfe, à l’Est par la République du Bénin et au Sud par l’Océan Atlantique. Ville tricentenaire et frontalière avec le Bénin, Aného a été érigée en commune depuis 1951.

Jadis centre de la traite des Noirs, Aného fut le premier centre de l’administration allemande.  Elle a été capitale du Togo à deux reprises, de 1886 à 1897 puis entre 1914 et 1919. Chef-lieu de la Préfecture des Lacs, elle a pris l’appellation de Commune des Lacs 1 avec la création des nouvelles communes.

Avec une superficie de 104 km2, elle compte environ soixante mille (60 000) habitants. C’est le Centre spirituel du peuple Guin-Mina. Aného abrite plusieurs sites touristiques dont la Forêt Sacrée de Glidji, l’ile des Guins, les vestiges de l’époque coloniale et est surtout marquée par ses diversités culturelles.

La ville d’Aného accueille plusieurs évènements culturels notamment : la Prise de la « Pierre Sacrée » qui annonce le nouvel An du peuple Guin, le Festival des divinités noires organisé par l’Association pour la sauvegarde du patrimoine culturel africain  (ACOFIN) et le festival d’Aného organisé par la fondation Aquereburu and Parteners.

Aného est située sur le Corridor Abidjan – Lagos, et localisée entre la mer avec ses plages très sablonneuses, riche en eau profonde, lui fournissant des poissons, crustacés et la lagune avec ses poissons d’eau douce et crevettes. Elle présente à l’embouchure un tableau magnifique du coucher du soleil sur la ville. Les activités principales sont : la pêche, le maraichage et les petits commerces et son principal atout est l’art culinaire.

Selon vous, quels sont les principaux atouts de votre territoire communal ? Pensez-vous que ces atouts sont suffisamment valorisés ?

La Commune dispose d’énormes atouts dont l’art culinaire, la pêche, l’élevage porcin et le maraichage. Avec sa diversité culturelle, son architecture, sa situation géographique, Aného dispose d’un potentiel touristique immense. Les domaines de la pêche et le maraichage sont à maximiser pour une valorisation suffisante.

En effet, l’activité principale dans la commune de Lacs 1 demeure la pêche artisanale maritime. Elle est pratiquée en majorité par des pêcheurs ghanéens sédentaires et saisonniers. Autrefois lucrative, cette activité connaît aujourd’hui une baisse de rendement à cause du rejet dans la mer des eaux usées résiduaires de lavage des phosphates non traités qui amplifie le dépeuplement en produits halieutiques de la mer et le système lagunaire qui traverse la Préfecture.

Etant donné l’extrême pauvreté qui caractérise les terres de la Commune, il n’existe pas d’agriculture à Aného. Une partie de la population s’adonne donc au maraîchage dans la zone périurbaine.

Quelle est la principale faiblesse du territoire ? Que manque-t-il pour vous sur le territoire ?

Parmi les faiblesses de la commune des Lacs 1, le chômage des jeunes est particulièrement perceptible. Le taux élevé du chômage constitue l’un des freins au développement de la Commune, due à un manque d’emplois malgré sa forte jeunesse. L’implantation de nouvelles entreprises ou la décentralisation de certaines sociétés sont à pourvoir et une zone franche est plus que nécessaire à la Commune.

Selon vous, quels sont les secteurs prioritaires à développer ?

De par sa position géographique, la ville frontalière d’Aného dispose d’un atout naturel pour développer le commerce. Elle constitue un véritable carrefour commercial et de transit de diverses marchandises. Ce secteur devrait être renforcé. La présence de la mer et du système lagunaire qui traverse la ville d’Aného constituent des atouts importants pour la pêche et le maraîchage qui doivent être plus valorisés. Le tourisme et l’artisanat sont également des secteurs à ne pas négliger.

Quelles sont les actions priorisées dans le plan communal de développement ?

Le développement des projets économiques et sociaux, l’inclusion de la promotion du genre, l’accès facile aux services sociaux de base (santé, éducation, eau, électricité etc…) constituent les actions phares préconisées dans le plan de développement communal en cours d’élaboration.

Pouvez-vous nous parler de la politique communale liée au genre ?

La Commune des Lacs1 réserve une place de choix à la question du genre. La politique communale liée au genre se résume comme suit :

• autonomisation économique des femmes fondée sur l’équité entre les sexes.
• renforcement de l’environnement juridique et socio- culturel favorable à l’égalité entre les hommes et les femmes.
• renforcement de la représentation et du rôle des femmes dans la gouvernance publique.
• la promotion de l’excellence chez la jeune fille.

La population est-elle impliquée dans la planification du développement communal ?

La population est impliquée dans la planification du développement Communal. Elle est toujours réfléchie avec l’accord et les idées des couches cibles de la commune dans les divers focus de groupe notamment : les comités de développement des quartiers, les Chefs du quartiers (CDQ), les syndicats, les associations des femmes etc.

Comment jugez-vous la situation de votre commune en matière de santé ?

En matière de santé, nous sommes classés acceptable. Mais il est plus que nécessaire que nos centres de santé notamment le Centre Hospitalier Adjido, soient améliorés et équipés.  Certaines zones ou villages de notre commune sont dépourvus de centre de santé, rendant l’accès difficile dans les grands centres aux populations les plus vulnérables.

Comment imaginez-vous votre commune dans les années à venir

Aného dans le futur pourrait être, avec la valorisation de ses atouts, une ville verte avec les solaires éclairant les rues pavées ou bitumées et avec un adressage. Dans les années à venir, Aného pourrait aussi fournir un accès à l’eau potable à ses populations qui consommeront et valoriseront les produits locaux.

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Crédit photo : lenouveaureporter.com